S’il y a un hockeyeur qui ne sera pas accusé de méconnaître le talent québécois, c’est bien Julien BriseBois.
Du choix du bras droit (Mathieu Darche) aux entraîneurs du club ferme (Benoît Groulx, puis Joël Bouchard) en passant par les joueurs dudit club ferme, le Québec a toujours été bien représenté au sein de l’organisation du Lightning de Tampa Bay.
Ce ne sera toutefois pas le cas au sein d’Équipe Canada au Tournoi des 4 Nations, où BriseBois occupe le rôle d’adjoint au directeur général. C’est le seul membre connu du personnel à venir d’ici. Parmi les joueurs, le fleurdelisé n’est représenté que par Samuel Montembeault.
«Quand on a choisi nos joueurs, il n’y avait pas de drapeau provincial à côté des noms», a assuré BriseBois, en visioconférence avec trois journalistes québécois, lundi.
Connaissant sa propension à recruter ici, et sachant qu’il est un leader parmi plusieurs, il n’est évidemment pas question de lui faire supporter l’odieux de l’effacement du Québec.
Mais la Source s’est tarie. Jonathan Huberdeau, Pierre-Luc Dubois et Alexis Lafrenière sont les attaquants québécois les plus productifs cette saison dans la LNH; avec 21 points chacun, ils en partagent 33e rang des attaquants canadiens. Sachant qu’aucun d’entre eux n’est connu pour son jeu défensif, leur sélection devenait difficile à défendre.
À la ligne bleue, Mike Matheson et Samuel Girard, 16 points chacun, arrivent à 15e rang des arrières canadiens. Matheson se classe cependant 5ee se classe pour la durée d’utilisation moyenne, mais il le fait sur une unité défensive médiocre qui manque de profondeur. Ici aussi, la réponse était évidente.
« Il y a un demi-siècle, le hockey était un sport canadien, rappelle BriseBois. Aux États-Unis, à une autre époque, c’était un sport régional : Minnesota et Nord-Est. Désormais, nous voyons des joueurs sélectionnés presque partout, sauf à Hawaï. Il y a de plus en plus de concurrence. »
La réalité décrite par BriseBois n’est pas près de s’améliorer. Parmi les 51 recrues ayant disputé au moins 10 matchs cette saison, on retrouve 4 québécoises : Zachary Bolduc, Zachary L’Heureux, Mavrik Bourque et Maveric Lamoureux. Pour le moment, aucun des quatre ne devrait être une future star.
BriseBois maintient néanmoins un discours optimiste. On ne sait pas s’il a des réserves sur le développement aux niveaux mineurs, ce qui nous amène à la réalité d’aujourd’hui ; si tel est le cas, il a préféré ne pas en parler lors de cette conférence.
«Il y a beaucoup de bons Québécois dans la Ligue nationale et il y en aura encore», a-t-il assuré. Certains ont peut-être poursuivi leur développement d’ici les Jeux de 2026. Voudrions-nous qu’il y en ait davantage ? Oui. Je dirais simplement qu’il y a de plus en plus de concurrence.
« À Tampa, nous avons repêché et acquis plusieurs Québécois. Nous avons de bons joueurs de hockey au Québec, nous en avons embauché plusieurs. Il y a beaucoup de talent. À nous de connaître ce talent, de l’identifier et de l’intégrer dans notre organisation lorsque cela est possible. »
L’occasion manquée de Suzuki
Nick Suzuki aurait pu se joindre à Montembeault à titre de deuxième représentant du CH au sein d’Équipe Canada. BriseBois assure également que le chien de Suzuki n’est pas mort, en raison de possibles blessures. « Compte tenu de son parcours, de son talent, il est certain que Nick fera partie des joueurs considérés.
« Nick est un excellent joueur, a ajouté BriseBois. Il a atteint la finale de la Coupe Stanley, il est le centre numéro un dans un marché comme Montréal. »
Cela dit, Suzuki a-t-il gâché ses chances en sautant le Championnat du Monde au printemps dernier ?
« Ceux qui ont participé ont eu la chance de se faire connaître auprès du groupe de dirigeants. Jon Cooper [entraîneur-chef du Canada] était là pour espionner les joueurs, s’est rappelé BriseBois. Ne pas y aller ne comptait contre aucun joueur, mais ceux qui étaient là ont eu la chance de se montrer. Sam Montembeault l’a fait [en 2023] et il a très bien joué, cela a probablement ouvert les yeux de plusieurs personnes. »
Champions
Un fait qui ressort lors de l’analyse des quatre équipes est la présence d’anciens champions de la Coupe Stanley avec le Canada.
Il y a en effet 16 Canadiens (sur 23) à l’avoir remporté. C’est le double du contingent finlandais, aidé par la récente conquête des Panthers (Niko Mikkola, Aleksander Barkov, Anton Lundell et Eetu Luostarinen). Les Suédois et les Américains ne comptent que trois vainqueurs chacun du grand trophée.
Il y a une certaine tautologie derrière les statistiques canadiennes. Pour constituer une équipe gagnante, il faut les meilleurs joueurs, et ces meilleurs joueurs connaissent inévitablement le succès dans la LNH, a essentiellement déclaré BriseBois. Mais il y a plus. « Ces gars-là ont prouvé qu’ils peuvent s’élever lorsque les enjeux sont à leur plus haut niveau. »
Le manager ne cache pas bien son enthousiasme. On rappelle que la visioconférence a été organisée par la LNH, dans le but, évidemment, de faire connaître le tournoi, 48 jours avant le début des hostilités. Pourtant, l’évocation des souvenirs d’enfance de BriseBois rappelle que Sidney Crosby, Connor McDavid et Nathan MacKinnon dans la même équipe, pour la première fois, pourraient créer des moments dont on reparlera dans 40 ans.
«J’ai l’impression que les gens ne savent pas à quel point ce sera un gros tournoi», insiste BriseBois. Tout peut arriver. Je me souviens de la Coupe Canada 1987 quand j’avais 10 ans… C’était Wayne Gretzky et Mario Lemieux. Pour les enfants d’aujourd’hui, ce seront McDavid, Crosby, MacKinnon, Brayden Point et Cale Makar. »
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