Les incertitudes, aux niveaux national et international, ont conduit la Banque de France à abaisser sa prévision de croissance française pour 2025 (AFP / Christophe ARCHAMBAULT)
Les incertitudes, aux niveaux national et international, ont conduit la Banque de France à abaisser lundi sa prévision de croissance française pour 2025, tandis que son gouverneur mettait en garde contre les « discordes politiques » dans le pays.
La banque centrale prévoit désormais une croissance du PIB de 0,9% en 2025, contre 1,2% auparavant.
La prévision 2026 est également revue à la baisse de 0,2 point par rapport aux projections de septembre, à 1,3%, qui est également sa prévision pour 2027. Elle table toujours sur une croissance de 1,1% cette année.
Dans un entretien au Figaro, le gouverneur François Villeroy de Galhau relativise la baisse des prévisions pour l’année prochaine, observant que la banque a également revu à la baisse ses prévisions pour l’ensemble de la zone euro.
Mais il reste très préoccupé par la question des finances publiques, « qui doivent transcender les divers intérêts partisans ou personnels ».
« Si notre pays restait dans le déni budgétaire en raison de discordes politiques, il risquerait un effondrement économique et européen progressif », prévient-il.
La Banque de France prévoit un déficit public compris entre 5 et 5,5% du PIB l’année prochaine, alors que le budget que le gouvernement Barnier n’a pas pu faire adopter en raison de la censure l’estimait à 5% du PIB. , après 6,1% cette année.
Gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau à Francfort, Allemagne, le 22 novembre 2024 (AFP / Kirill KUDRYAVTSEV)
A 5% ou un peu plus en 2025, “la France serait encore dans la zone de crédibilité”, selon le gouverneur. Mais “environ 6% (ce) serait dans la zone fragile, avec sanction européenne et risque de perte de confiance des investisseurs”, prévient-il.
Les restrictions budgétaires signifient souvent une croissance moindre. Mais dans le cas présent, un déficit public qui resterait très élevé « n’améliorerait pas les prévisions de croissance, car moins de consolidation budgétaire générerait plus d’incertitude », affirme le gouverneur.
– Hausse « modérée » du chômage –
Ce serait en fait moins de confiance, donc moins d’investissements des entreprises ou de consommation des ménages. Le gouverneur rappelle que 86% d’entre eux s’inquiètent du niveau de la dette publique.
Pour le budget 2025 que présentera le gouvernement Bayrou, M. Villeroy de Galhau continue de prôner des économies de dépenses, mais juge que des hausses d’impôts “ciblées”, ne touchant “ni les PME ni l’ensemble de la classe moyenne”, pourraient aussi être nécessaires pour “amorcer la reprise”. ».
Le scénario de référence de la Banque de France pour les années à venir est celui d’une « fin de l’inflation sans récession », même si la reprise est reportée à 2026 et 2027.
Elle table sur une inflation (exprimée dans un indice harmonisé permettant des comparaisons européennes) de 2,4% en moyenne annuelle cette année, puis 1,6% en 2025, 1,7% en 2026 et 1,9% en 2027.
Pour M. Villeroy de Galhau, la victoire contre l’inflation “est proche et presque assurée”.
Il estime qu’avec des salaires qui par ailleurs croissent en moyenne plus vite que les prix, “la consommation devrait reprendre”, à condition, là encore, “que le taux d’épargne n’augmente pas par manque de confiance”. Il rappelle que la désinflation permet à la Banque centrale européenne de baisser ses taux d’intérêt. Cela permet à chacun, notamment aux particuliers, d’emprunter moins cher.
La Banque de France prévoit néanmoins “une phase transitoire de ralentissement” du marché du travail (AFP / Christophe ARCHAMBAULT)
La Banque de France prévoit néanmoins « une phase transitoire de ralentissement » du marché du travail.
Le taux de chômage, descendu à 7,4% cette année, pourrait se situer “entre 7,5% et 8% en 2025-2026”, explique le gouverneur, qualifiant néanmoins cette hausse de “modérée”.
Mais la Banque de France note que ses projections de décembre sont sujettes à des incertitudes, plutôt à la baisse. Ils ont en effet été arrêtés le 27 novembre, avant la censure du gouvernement Barnier intervenue une semaine plus tard.
Enfin, la Banque s’interroge sur l’effet, sans doute baissier mais d’une ampleur « difficile » à quantifier, qu’aurait l’augmentation des tensions commerciales avec le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier.
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