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Analyses d’eau et de sédiments | Northvolt nie que des contaminants s’échappent du site

(Montréal) Des substances toxiques, venues d’une autre époque, se déverseraient dans la rivière Richelieu à partir du site Northvolt en Montérégie, selon des organismes qui ont présenté leurs résultats lundi matin à Montréal. Ces conclusions sont cependant catégoriquement rejetées par l’entreprise, qui affirme prendre toutes les précautions pour éviter la contamination des eaux de ruissellement.


Publié à 10h14

Mis à jour à 17h29

Stéphane Blais

La Presse Canadienne

Le Comité d’action citoyenne-Projet Northvolt (CAC), la Société pour vaincre la pollution (SVP) et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) ont fait analyser des échantillons d’eau et de sédiments provenant prétendument du site Northvolt. par un laboratoire certifié.

Les échantillons analysés « suggèrent que les travaux de construction à l’usine Northvolt » ont favorisé le rejet dans la rivière Richelieu de divers contaminants provenant de l’ancien site industriel, dont des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des substances toxiques et cancérigènes.

Northvolt nie les résultats

Northvolt rejette les conclusions des organisations environnementales.

«Leur échantillonnage a été fait hors site», a expliqué Valérie Hébert, responsable environnement de Northvolt, en entrevue à La Presse Canadienne.

Il pourrait donc y avoir eu, selon elle, une contamination « par des terres agricoles » à proximité ou « par des eaux de ruissellement le long des rails du CN », ou encore « cela pourrait être influencé par les eaux de ruissellement de la route, à proximité, dans laquelle il pourrait y avoir un contaminant ». .»

M.moi Hébert a évoqué une possible contamination des échantillons par la route, car le Chemin du Richelieu, qui longe le fleuve, sépare le site Northvolt et les endroits où certains échantillons ont été prélevés par les citoyens.

« Depuis le début des travaux, Northvolt a analysé 27 échantillons d’eau s’écoulant de son site à la recherche de HAP. Aucun de ces échantillons ne dépasse le critère de rejet dans la rivière Richelieu déterminé par le MELLCFP pour l’anthracène», a soutenu le responsable de l’environnement de Northvolt.

“Nous avons prélevé des échantillons à la sortie de notre site et eux ont prélevé des échantillons à l’extérieur du site”, a-t-elle ajouté.

Valérie Hébert a également expliqué que les eaux de ruissellement du site en construction sont dirigées vers un bassin de rétention dont la taille est suffisante pour capter la totalité des eaux de ruissellement et ainsi éviter les crues soudaines.

Un site saturé d’eau lors de fortes pluies

Avant que Northvolt ne réagisse, l’écotoxicologue de la Society to Overcome Pollution Daniel Green a expliqué qu’il avait observé le ruissellement du chantier de construction de Northvolt à partir de photos satellites et de photos prises par des drones.

Il a précisé que des photos aériennes prises après de fortes pluies de juin et août 2024 montrent « que le site est saturé d’eau, gorgé d’eau » et qu’on « voit des traces d’eau de ruissellement se dirigeant vers la rivière Richelieu » provenant de l’usine en construction.

Il a expliqué que des échantillons d’eau et de sédiments, provenant du ruissellement, ont été prélevés en septembre 2024 par le groupe de citoyens riverains de la rivière Richelieu.

« Il y a des rejets du site, c’est visible, on a échantillonné les rejets » et « il y a des rejets du site qui contaminent l’environnement. C’est ce que démontrent nos données », a déclaré Daniel Green lors d’une conférence de presse lundi matin.

Le biologiste et directeur général de SNAP Québec, Alain Branchaud, a ajouté que «Northvolt fait des efforts pour prévenir le rejet de contaminants». Mais « en fait-elle assez ? » La réponse est non.

L’anthracène et le chevalier cuivré

L’un des endroits où les échantillons de sédiments ont été collectés par les citoyens se trouve à la sortie d’un « tuyau d’évacuation » qui coule à quelques mètres de la rivière Richelieu, juste à l’extérieur du terrain de Northvolt, a expliqué le coprésident UDC Daniel Green.

À cet endroit, des concentrations de 2 mg/kg d’anthracène (un type de HAP) ont été observées, soit 8,2 fois supérieures au critère du CEP pour la protection de la vie aquatique.

Le CEP de l’anthracène pour la vie aquatique est de 0,24 selon un document conjoint des deux ministères de l’Environnement.

Le critère CEP correspond à la concentration au-delà de laquelle « des effets néfastes sont fréquemment observés » pour les espèces aquatiques.

«Nous nous interrogeons sur la pertinence de comparer les résultats d’analyse des solides retrouvés dans une canalisation avec les critères applicables aux sédiments», a rétorqué Valérie Hébert, ajoutant que «si on utilise plutôt les critères applicables aux sols, une concentration de 2 mg/kg de l’anthracène ne dépasse pas le seuil de contamination.

Chevalier de cuivre

La rivière Richelieu est la « première victime de cette contamination industrielle », selon SNAP Québec.

«Nous sommes particulièrement préoccupés par l’émergence d’une nouvelle menace à la survie et au rétablissement du chevalier cuivré», a déclaré Alain Branchaud de SNAP Québec.

Ce poisson n’existe nulle part ailleurs dans le monde sauf au Québec, dans la zone située entre le lac Saint-Louis et le lac Saint-Pierre et particulièrement dans l’estuaire de la rivière Richelieu.

Les trois organismes réclament « la prise en charge des analyses toxicologiques par les deux ministères de l’Environnement » ainsi que « la mise en place d’un système de confinement et de traitement des eaux pour éviter la contamination de la rivière Richelieu ».

Méthodologie et approche citoyenne

L’écotoxicologue Daniel Green a expliqué avoir appliqué le protocole d’échantillonnage des sédiments et des eaux de surface du ministère de l’Environnement du Québec et organisé des formations pour les citoyens « pour leur montrer comment échantillonner ».

Les citoyens ont utilisé des « flacons scellés, fournis par le laboratoire » qui ont analysé les échantillons.

« Ce qui est intéressant dans le recours aux citoyens, c’est qu’ils connaissent le quartier, ils passent par Northvolt tous les jours » et « si nous avons identifié des fuites, c’est parce que les citoyens nous ont dit « ça coule là-bas ! », a expliqué M. Green.

Les contaminants, dit-il, sont sur le site depuis l’époque où il appartenait à la société CIL, mais c’est le travail de Northvolt, dit-il, qui permet aux contaminants de s’échapper du site et d’atteindre la rivière, notamment parce que de nombreux des arbres ont été abattus.

«C’est une initiative citoyenne, ce sont des fonds citoyens qui ont permis de faire le prélèvement», mais «ce n’est pas à nous de faire ça», mais au gouvernement, a de son côté dénoncé Arianne Labonté, membre du comité citoyen.

Un passé qui refait surface

Le terrain sur lequel Northvolt compte s’implanter en Montérégie est depuis longtemps un site industriel.

Tout au long du 20e siècle, les terres appartenaient à des sociétés de production d’explosifs.

La municipalité de McMasterville a également été nommée en l’honneur de William McMaster, premier président de la Canadian Explosives Company en 1910.

Dans les années 2000, et jusqu’en 2015, le site était utilisé par des entreprises de fabrication de produits chimiques et de peintures.

Durant cette même période, il a également fait l’objet de travaux de décontamination et de végétalisation.

 
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