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une exposition montée par un aveugle aux Pâquis

Insolite à Genève

Sept artistes choisis « à l’aveugle » exposent aux Pâquis

Le commissaire malvoyant Roine Kouyo a sélectionné une vingtaine d’œuvres pour orner les murs de l’Hôtel N’vY, rue de Richemont. « Blind Collection » est visible jusqu’au 20 décembre.

Publié aujourd’hui à 16h59

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Bref:
  • Roine Kouyo, commissaire aveugle, organise une exposition à Genève.
  • Originaire du Cameroun, il a quitté son pays en raison de discriminations.
  • Il a obtenu l’asile en Suisse et a travaillé comme guide pour le MAH.
  • L’exposition « Blind collection » offre une perspective unique sur l’inclusion artistique.

L’histoire de Roine Kouyo est digne d’un roman. Le jeune commissaire de l’exposition qui se tient actuellement à l’Hôtel N’vy aux Pâquis est aveugle. Son handicap ne l’a pas empêché de choisir les œuvres des sept artistes présentés dans le cadre de «Collection aveugle».

Né au Cameroun en 1995, il a perdu la vue à l’âge de 4 ans à cause d’un glaucome non détecté. Malgré cela, il poursuit un parcours académique remarquable et obtient un diplôme universitaire en communication.

Passionné par le monde artistique, Roine crée une compagnie, la Compagnie managériale des arts. Au bout de trois ans, il a été contraint de vendre son entreprise. “Quelqu’un avait révélé mon homosexualité sur les réseaux sociaux et je me suis retrouvé mis au ban de la société”, raconte-t-il. Au Cameroun, c’est interdit par la loi et mes associés ne se sentaient plus en sécurité avec moi.

Après avoir été braqué à plusieurs reprises, il décide de quitter le Cameroun en 2018 pour venir en Europe. Il obtient un visa pour la Suisse, pays qu’il ne connaît pas. Dans sa tête, ce n’est qu’une destination de transit et son objectif est d’aller à Paris. Son avocat camerounais lui a conseillé de demander l’asile en , ce qui l’a surpris : « Je n’étais pas un fugitif, je ne connaissais personne qui avait demandé l’asile, mais j’imaginais qu’on ne pouvait le faire qu’en venant d’un pays en guerre. et pas pour son orientation sexuelle.

Anges gardiens

Sa demande doit néanmoins être faite en Suisse, premier pays à lui avoir accordé un visa. Roine prend le bus de Paris à Genève, puis le tram, se trompe de destination et arrive à Chancy. Perdu dans la ville, avec sa valise, son sac à dos et sa canne blanche, il est repéré par un homme à sa fenêtre, qui sort dans la rue pour lui venir en aide. C’est un samedi et les installations de réception sont fermées.

Le jeune homme a été transporté à l’hôpital cantonal, où l’infirmière en chef l’a remis à la police, qui lui a trouvé un hébergement d’urgence à Emmaüs pour le week-end. Lundi, ce dernier l’emmène à l’Office cantonal de la population et des migrations pour s’inscrire.

Roine est alors envoyé à Vallorbe, au Centre Fédéral. Les chambres de 6 à 8 personnes ne sont pas adaptées à son handicap et il n’y reste que deux semaines, grâce à un psychologue qui facilite son transfert à Genève. Au refuge de Saconnex, il est orienté vers l’association Asile LGBTIQ+. L’ergothérapeute qui le suit à l’Association pour le bien des aveugles et malvoyants (ABA) lui obtient un emploi de guide au Musée d’art et d’histoire (MAH). Il propose des visites guidées pour les personnes handicapées.

Médiation aveugle

«On m’envoie en médiation pour parler d’œuvres d’art que je ne vois même pas», s’amuse Roine. J’ai présenté les sculptures du Suisse Henri Presset au Musée Rath.» Il trouve refuge derrière ces œuvres qui lui permettent de parler de la souffrance des autres. « Au MAH, je suis tombé follement amoureux de Ferdinand Hodler. C’était le coup de foudre.

En janvier 2020, il obtient l’asile, reprend des études et suit un CAS en administration culturelle à la Haute École de musique, puis une autre formation sur le marché de l’art à l’Ifage. Il y rencontre la galeriste Barbara Polla, celle qui l’aide à monter « Blind Collection » aux Pâquis.

C’est également en 2020 qu’il découvre l’association cofondée par Thibault Tranquart »Faire confiance pour réussir» dont l’objectif est d’intégrer les personnes handicapées dans le monde du travail. Une partie des bénéfices de la vente des œuvres exposées lui sera reversée.

« Une vente aux enchères aura également lieu à Paris au printemps pour donner de la visibilité à notre message d’inclusion », explique Marc Aubert de Trust To Achieve. Grâce aux fonds récoltés, nous pourrons poursuivre notre action.

Tous les jours jusqu’au 20 décembre à l’hôtel N’vY, au déjeuner et au dîner, Roine Kouyo sert de guide aux visiteurs, sur inscription.

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Judith Monfrini est journaliste à la section locale. De formation juridique, elle a obtenu son diplôme du Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM) en 2015. Elle a travaillé plus de dix ans pour le groupe Médiaone. (Radio Lac, One fm)Plus d’informations

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