(BFM Bourse) – Le phénomène du “rallye de Noël”, qui met en avant une forte hausse des indices sur les dernières semaines de l’année, pourrait sauver les performances des marchés en retard. Mais attention à ne pas le prendre pour acquis.
C’est la traditionnelle question qui brûle les lèvres des investisseurs en ce dernier mois de l’année : les marchés connaîtront-ils leur rallye de fin d’année ? L’euphorie est visible à Wall Street qui a établi des records cette année. Mais aussi plus près de chez nous. En Allemagne, le DAX 40, l’indice le plus important de la Bourse de Francfort, gagne 21,8% sur l’ensemble de l’année 2024, ce qui lui a permis de franchir le seuil des 20.000 points pour la première fois de son histoire début décembre.
En France, ce rallye de fin d’année serait le bienvenu. Depuis le début de l’année, le CAC 40 est dans le rouge (-1,62%), ce qui n’est le cas d’aucune autre grande bourse européenne. Pour donner une idée, le Stoxx Europe 600, indice paneuropéen, a augmenté de 8,5% sur la même période (performance au 12 décembre, clôture).
Une contre-performance qui s’explique à la fois par le contexte politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, et par la contre-performance des groupes de luxe, poids lourds du CAC 40, plombés par le ralentissement économique de la Chine.
Mais pour Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM, les espoirs d’un rallye de fin d’année pour le CAC 40 sont faibles. À moins qu’il y ait un miracle de Noël. « Nous pensons que ça va être compliqué. Les épargnants ont bien compris que s’ils recherchent du rendement, il vaut mieux détenir des actifs américains que des actifs français. On assiste à des sorties de la France vers les Etats-Unis. Malheureusement pour la Bourse parisienne, elle devrait augmenter», estime le spécialiste.
Qu’est-ce que le Rallye du Père Noël ?
Le CAC 40 risque donc de voir passer le traîneau du Père Noël devant lui sur le bord de la route. Et pourtant, le mois de décembre est statistiquement l’un des meilleurs de l’année sur les Bourses. Ça s’appelle le Rallye de Noël (en anglais Rallye de Noël).
Depuis les années 1970, la prééminence du mois de décembre a été popularisée par le « trader’s almanach » (Stock Trader’s Almanac, une des premières publications axées sur la mise en évidence des différents cycles saisonniers de la bourse). L’almanach, créé par Yale Hirsch et édité aujourd’hui par son fils Jeffrey, a mis en lumière ce « Rallye du Père Noël », couvrant plus spécifiquement la période des cinq dernières séances de l’année et des deux premières de la nouvelle année).
Il n’y a pas de cause unique à cet essor des marchés, note le courtier Degiro. Cette ambiance festive sur les Bourses serait liée à l’esprit de fêtes qui “alimente l’optimisme” des opérateurs à cette période de l’année. Avec leurs bonus de fin d’année en poche, les investisseurs seraient aussi plus enclins à agir sur les marchés financiers. “Pendant cette période, les investisseurs institutionnels sont en vacances, ce qui donne plus d’influence aux particuliers, qui ont tendance à être plus optimistes”, ajoute Degiro.
“Les gérants de fonds, qui représentent une part significative des actionnaires, rééquilibrent leurs portefeuilles avant la fin de l’année” (“window dressing”) pour tenter d’afficher le plus possible de lignes de valeur ajoutée parmi leurs principales positions”, a relevé David Brett. , ancien trader puis journaliste financier, aujourd’hui éditorialiste chez Schroders.
Un rallye favorable aux valeurs américaines
Dans un court billet publié en début de semaine, Deutsche Bank a rappelé que la performance moyenne au quatrième trimestre de l’indice paneuropéen Stoxx Europe 600 est historiquement (de 1987 à 2023) de 3%, contre une moyenne de seulement 1% pour l’indice paneuropéen Stoxx Europe 600. les autres. quarts.
Aux Etats-Unis, “la saisonnalité ainsi que le positionnement restent favorables aux valeurs américaines et plaident en faveur d’un rallye de fin d’année”, note, de son côté, Christopher Dembik.
Le spécialiste rappelle que le rendement médian du S&P 500 sur les deux derniers mois de l’année est de 5,22% en moyenne depuis 1928. En année électorale, comme cette année, il est même légèrement supérieur, à 6,25%. en moyenne.
Surtout, la bonne tenue boursière enregistrée par les marchés américains depuis janvier n’est pas un frein à la poursuite de la hausse, estime Christopher Dembik. « Statistiquement, depuis 1928, après une hausse de 25 % du S&P 500, la performance est en moyenne de 8,66 % l’année suivante. La performance peut même approcher les 10% si l’indice gagne plus de 30%. Nous « n’en sommes pas loin avec une hausse depuis janvier de 26,50 % », affirme-t-il.
Toutefois, les performances passées « ne sont pas révélatrices des performances présentes, et les superstitions boursières ne sont réelles que jusqu’à ce qu’elles soient réfutées », prévient David Brett.
A noter qu’une autre croyance boursière, un peu moins connue, prendra le relais du rallye de fin d’année. Il s’agit de l’effet janvier qui fait que les petites capitalisations surperforment les poids lourds du titre durant le premier mois de l’année. Un phénomène qui s’explique notamment par le « vitrine » des dirigeants et l’optimisation fiscale des particuliers.
Sabrina Sadgui – ©2024 BFM Bourse
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