Au terme d’une offensive de 11 jours, une coalition de groupes rebelles dominée par le HTS s’est emparée de Damas le 8 décembre, mettant ainsi fin à un demi-siècle de règne de la famille Assad.
Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont convergé vers les centres des principales villes, à Damas, la capitale, Homs et Alep au nord, et Soueida au sud.
Beaucoup ont brandi le drapeau trois étoiles adopté par les nouvelles autorités dans une ambiance festive qui n’est pas sans rappeler les grandes manifestations du début de la guerre en 2011, avant que la répression sanglante ne dégénère en un conflit dévastateur.
“Le père et le fils d’Assad nous ont opprimés, mais nous avons libéré notre pays de l’injustice”, s’enthousiasme un policier de 47 ans à Alep, tandis qu’une sono diffuse des slogans et des chansons.
“Notre joie est indescriptible”, s’exclame Haitham Houdeifa, 54 ans, du fief druze de Soueida.
“Unis, uni, uni, le peuple syrien est uni”, scandaient les fidèles de la célèbre mosquée des Omeyyades de Damas, où s’est rendu le Premier ministre chargé de la transition jusqu’au 1er mars, Mohammad al-Bashir.
Mais la jubilation est aussi teintée de sérieux.
Des dizaines de photos de personnes disparues aux mains des anciens services de sécurité sont accrochées aux murs de la mosquée, témoignant de la recherche douloureuse de leurs proches menée par de nombreux Syriens après des décennies de répression féroce.
Le pays, multi-ethnique et multi-religieux, est confronté à de nombreux défis, face auxquels les nouvelles autorités tentent de rassurer, et la communauté internationale se mobilise.
Les dirigeants des pays du G7 se réuniront vendredi par vidéoconférence pour discuter de la Syrie, où Béchir a promis d’instaurer un « Etat de droit ». Et samedi en Jordanie, les ministres et diplomates de haut rang américains, européens, arabes et turcs discuteront du même sujet.
Lors d’une tournée régionale axée sur la Syrie, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a réitéré en Irak et en Turquie que les États-Unis s’efforceront d’empêcher toute résurgence du groupe djihadiste État islamique (EI) après le transfert du pouvoir en Syrie.
En Jordanie, il a appelé à « une transition inclusive » vers un gouvernement « responsable et représentatif ».
L’Union européenne souhaite entrer « prochainement » en contact avec les autorités syriennes, sur un plan « opérationnel », selon un haut responsable européen.
HTS, dont le chef Jolani porte désormais son vrai nom, Ahmad al-Chareh, a capturé une grande partie du pays au cours de l’offensive. Il affirme avoir rompu avec le jihadisme, mais reste classé comme « terroriste » par plusieurs capitales occidentales, dont Washington.
Dans le nord-est de la Syrie, les États-Unis maintiennent environ 900 soldats et soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, qui ont vaincu l’EI dans la guerre en Syrie.
La Turquie voisine soutient les forces rebelles qui luttent contre les FDS, qu’elle considère comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), son ennemi juré.
Les FDS se sont félicitées de la chute d’Assad et de l’administration autonome kurde établie dans les régions sous son contrôle et ont adopté le nouveau drapeau syrien.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné vendredi à l’armée de “se préparer à rester” tout l’hiver dans la zone tampon avec la Syrie, située en bordure du plateau du Golan occupé par Israël depuis 1967. Les troupes israéliennes y sont entrées après la chute de M. . Assad.
Israël a mené ces derniers jours des centaines de frappes en Syrie contre des sites militaires stratégiques pour empêcher que des équipements de l’armée syrienne ne tombent entre de « mauvaises mains », selon Blinken.
Après sa nomination mardi, Mohammad al-Bashir a appelé les Syriens en exil à rentrer, s’engageant à « garantir les droits de tous ».
Environ six millions de Syriens, soit un quart de la population, ont fui le pays au cours de 13 années de guerre civile, qui a fait plus d’un demi-million de morts.
A Alep, où la communauté chrétienne est tombée à environ 30 000 personnes depuis 2011, le père Bahjat dit comprendre les inquiétudes face au nouveau pouvoir. “Mais sur le terrain nous n’avons pas subi de discrimination”, assure-t-il.
L’UE a annoncé vendredi le lancement d’un pont aérien humanitaire vers la Syrie, via la Turquie, après que le Programme alimentaire mondial a lancé un appel urgent de 250 millions de dollars pour fournir une « aide alimentaire » en Syrie.
L’ONU a recensé plus d’un million de nouveaux déplacés depuis le lancement de l’offensive rebelle.
Le Haut Commissariat pour les réfugiés en Syrie a déclaré que les nouvelles autorités syriennes avaient envoyé un « signal constructif » à l’agence en lui demandant de rester en Syrie.
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