La designer, peintre, animatrice de télévision, femme d’affaires et designer québécoise Madeleine Arbour est décédée à l’âge de 101 ans. Pionnière du design de présentation au Québec, elle fut l’une des dernières survivantes des signataires du manifeste. Refus global.
Grande dame, grande femme, libre et engagée, Madeleine Arbour laissera une marque indélébile dans l’histoire du Québec et particulièrement celle du design.
Née le 3 mars 1923 à Granby, elle tombe très jeune amoureuse des arts. Tapisserie, danse, dessin. Avec un certain talent. À 15 ans, elle a dû user d’astuce pour accéder à une exposition d’Ozias Leduc qui l’a époustouflée.
Lacking neither courage nor conviction, on August 9, 1948, she joined Paul-Émile Borduas, Jean Paul Riopelle, Marcel Barbeau, Fernand Leduc, Françoise Sullivan, Jean-Paul Mousseau, Marcelle Ferron, Thérèse Renaud, Louise Renaud , Bruno Cormier, Maurice Perron, Claude Gauvreau, Françoise Riopelle, Muriel Guilbault and Pierre Gauvreau to launch the manifesto Refus globalun coup de tonnerre politique, social et culturel dans le Québec rétrograde de l’époque.
«Pendant des années, la société s’est moquée de nous parce que nous avions signé ce manifeste», a déclaré Madeleine Arbour dans La presse en 1998. Maintenant, nous sommes désignés en disant : voici les signataires du Refus global ! Comme si nous avions de petites ailes et étions privilégiés. Quand j’ai dit à ma mère que j’allais signer le Refus globalelle a réuni toute la famille dans le salon. Elle dit : « Regardez ce que va faire Madeleine ! Alors j’ai dit : « Soit je signe, soit je sors par la fenêtre du troisième étage. » »
Madeleine Arbour avait déjà, à 25 ans, la liberté de ton d’une femme déterminée. “Depuis toute petite, je sais que pour gagner sa liberté, il faut payer cher, il faut accepter sa différence”, a-t-elle déclaré à Anne Richer, dans La presseen 1992. Une différence qui l’a amené à boycotter, en 2002, les funérailles de son ami et complice Jean Paul Riopelle, mécontent qu’elles se soient déroulées dans une église.
Ayant prôné la laïcité, Madeleine Arbour aimait dire que lorsque Riopelle lui rendait visite dans son loft-atelier de la rue Saint-Paul, à Montréal, elle faisait « de grosses croix sur les tables » pour le taquiner !
La conception
Madeleine Arbour a commencé à exprimer son attirance pour l’art en tant qu’étalagiste chez Birks en 1939. Elle avait 16 ans et concevait des vitrines comme s’il s’agissait d’œuvres d’art. Passionnée de beauté, d’harmonie des couleurs et de beaux arrangements, elle détestait les objets sans âme. Jeune mariée (avec Pierre Gauvreau), elle préférait manger sur une planche à repasser plutôt que d’acheter une table ordinaire !
S’étant rapidement forgée une réputation dans le design, elle ouvre en 1965 son bureau de décoration d’intérieur, Madeleine Arbour et Associés. Elle a développé ses talents chez Seagram et Archambault. Elle décore la cafétéria du pavillon canadien à Expo 67 et la Maison du Québec à New York en 1970. Plus tard, de 1987 à 1994, elle aménage et décore les trains de VIA Rail en incorporant des œuvres d’art notamment de Riopelle, Michael Snow et Barbeau. .
On lui doit également la rénovation esthétique des salons des gares de Montréal, Toronto et Ottawa, de l’intérieur des avions d’Air Canada (de 1986 à 1990) et des salles publiques de la résidence du gouverneur général du Canada à la Citadelle de Québec. . Pour ce lieu officiel, elle avait créé Rivière de lumièreun luminaire de 30 m de long ! Elle a également conçu des décors et des vêtements pour le Théâtre du Rideau Vert et la compagnie Jean-Duceppe.
Une carrière à la télévision
Madeleine Arbour a également connu une belle carrière sur le petit écran, dès les premières années de la télévision, notamment de 1959 à 1965, en La boîte surpriseune émission qui apprenait aux enfants à bricoler. En 1963, elle crée deux marionnettes pour la télévision, Monsieur IXE et Monsieur Saitout. Dans les années 70, elle participe à la série jeunesse Patofville et anime une chronique sur le design d’intérieur dans l’émission Les femmes d’aujourd’hui.
Elle avait adoré ces expériences télévisées. « Je me souviens de la nervosité qui m’avait saisi avant chacune de ces apparitions ! dit-elle quotidiennement Le Soleilen 2000. Mais je me souviens surtout de la découverte extraordinaire qu’a été pour moi l’appareil photo. Lors de la construction de la maison de Fanfreluche par exemple, ce qui m’a fasciné, c’était d’utiliser l’appareil photo pour créer de la magie. Avec l’appareil photo, j’avais l’impression d’expérimenter un nouvel accessoire DIY ! »
Éducation
Tout en élevant seule ses enfants, à la suite de son divorce, elle fait également sa marque comme professeure à l’Institut des arts appliqués de Montréal, puis au Cégep du Vieux Montréal, où elle crée le programme Esthétique de la présentation (maintenant Design de présentation).
Elle a enseigné aux étudiants comment créer des stands d’exposition et des présentations de produits. Une première au Québec qui a ouvert de nombreuses opportunités dans le domaine des arts appliqués. « J’ai toujours commencé mes cours en disant aux élèves : « Partez si vous trouvez ça ennuyeux ! » », avait-elle déclaré en 2018, lors d’une cérémonie au Cégep du Vieux Montréal qui lui rendait hommage en nommant une de ses salles à son nom et en lui remettant un diplôme. pour l’honneur. Ce qui a fait dire à Mmoi Arbour : « Je suis d’autant plus ravie que je n’ai jamais eu de diplôme ! »
Louise Tellier, professeur de design d’intérieur qui a travaillé pendant quatre ans dans l’atelier de Mmoi Arbour, avait témoigné, à cette occasion, du rôle qu’elle avait joué dans sa carrière. « C’est là que j’ai appris les bases de mon métier. Mmoi Arbour a créé des installations raffinées, sans superflu, pour ne conserver que l’essentiel d’où naissent la grâce et la beauté. Elle a toujours su créer de la magie, rendre l’ordinaire extraordinaire. » « Le design répond au besoin de calme et de confort », souligne Madeleine Arbour. Il dure longtemps tout en résistant à la mode. »
S’étant toujours impliquée dans des causes, Madeleine Arbour accepte en 1988 de présider le Conseil des arts de la Communauté urbaine de Montréal. Elle a été la première femme à occuper ce poste. Elle fut surprise d’être sollicitée. “Mais”, dit-elle alors à La pressepeut-être avons-nous enfin compris que dans tout ce que je faisais, tant dans La boîte surprisequ’à Les femmes d’aujourd’hui, La jeunesse oblige ou Autrement ditJ’ai toujours essayé de faire découvrir au public, enfants comme femmes, les arts, le design, la débrouillardise et l’autonomie. »
Dans quelques dates
- 1923 : Naissance à Granby
- 1948 : Signature de Refus global
- 1984 : Mention spéciale du Conseil national du design pour sa contribution à la pratique et au développement du design au Canada.
- 1987 : Devient membre de l’Ordre du Canada.
- 1998 : Reçoit le prix Condorcet pour sa défense de la laïcité
- 1999 : Devient Chevalier de l’Ordre National du Québec
- 2000-2001 : Exposition au Musée national des beaux-arts du Québec
- 2002 : Reçoit le prix de design Sam-Lapointe
- 2012 : Obtient un doctorat pour l’honneur et l’UQAM
- 2018 : Obtient un doctorat pour l’honneur at Cégep du Vieux Montréal
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