Trois anciens dirigeants de la Caisse récemment accusés de corruption ont également joué un rôle clé dans une filiale qui a payé 1 milliard pour une autoroute à péage en Inde, soit près de deux fois plus que ce que proposaient ses rivaux, apprend-on. La presse.
Cette acquisition de l’Autoroute périphérique de l’Est (EPE), annoncée à l’automne 2022, est passée inaperçue à Montréal. La Caisse de dépôt et placement du Québec a toutefois parlé de «la plus grosse transaction routière» de l’année dans le cadre du programme de privatisation des actifs du gouvernement en Inde.
Prix d’acquisition : 1,03 milliard de dollars canadiens. Le deuxième enchérisseur, Cube Highways, n’a proposé que 575 millions, selon deux sources proches du dossier, mais qui ne sont pas autorisées à divulguer ces informations confidentielles. La Caisse a donc offert 78 % de plus, rapporte également le quotidien Les - économiques, en août 2022.
Le gestionnaire du régime de retraite du Québec a commencé à investir dans les autoroutes du pays le plus peuplé du monde par l’intermédiaire de l’Indian Highway Concessions Trust. Cette fiducie est contrôlée à 75 % par une filiale de la Caisse, Maple Highways. C’est elle qui contrôle l’EPE depuis son rachat en 2022.
Au cœur de cette structure se trouvent Cyril Cabanes, Saurabh Agarwal et Deepak Malhotra. Ces trois anciens dirigeants de la Caisse ont été accusés de corruption à New York le 24 octobre. Ils auraient participé à un système de pots-de-vin afin d’obtenir des contrats pour Azure Power Global, une entreprise indienne de parcs solaires dans laquelle le pécule des Québécois a englouti 600 millions.
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Le plus haut gradé des trois, Cyril Cabanes a occupé le poste de vice-président, infrastructures, de la Caisse Asie-Pacifique jusqu’en octobre 2023. Il a également été administrateur de Maple Highways.
Les deux autres anciens employés de la Caisse accusés à New York, Agarwal et Malhotra, occupaient également des postes administratifs dans l’organigramme de la compagnie routière en Inde.
À la suite du scandale de corruption Azure, La presse voulait savoir si le Fonds avait détecté des irrégularités dans leurs travaux sur les autoroutes indiennes. L’institution était avare de détails.
«Bien que nous ne commentions pas les enquêtes internes que nous menons, nous pouvons vous assurer que nous effectuons les vérifications nécessaires», a indiqué son directeur des communications, Jean-Benoît Houde.
Cette réponse est jugée timide par Michel Séguin, spécialiste en gestion de l’éthique d’entreprise à l’Université du Québec à Montréal.
« Ce qu’ils vous disent, c’est de les croire de bonne foi », a-t-il déclaré. Nous disons « Faites-nous confiance, nous avons les meilleures mesures ». Mais c’est à eux d’être convaincants. C’est à eux qu’incombe la charge de la preuve. »
Goussets grands ouverts
Inauguré en 2018, l’EPE, qui s’étend sur 135 kilomètres et large de six voies, permet aux camions de contourner la capitale New Delhi.
Au total, six soumissionnaires ont répondu à l’appel d’offres pour racheter l’infrastructure en 2022. L’offre la plus basse s’est élevée à 232 millions, soit près de cinq fois moins que ce que le Fonds a déboursé pour mettre la main dessus, selon nos sources.
Comment l’investisseur institutionnel en est-il arrivé à payer un tel prix ?
L’acquisition a été réalisée dans le cadre d’un processus concurrentiel mené par la Federal Highway Authority of India, une agence gouvernementale indépendante, à laquelle ont participé plusieurs opérateurs.
Jean-Benoît Houde, director of communications for the Caisse de dépôt et placement du Québec
Il ajoute que l’Autorité avait fixé un « prix de réserve » à 54 milliards de roupies, soit moins de 900 millions de dollars. Il s’agissait de l’objectif minimum du gouvernement, communiqué seulement une fois l’appel d’offres terminé.
«Maple Highways offrait 16% de plus, alors que l’écart moyen était de 33% pour les enchères précédentes», souligne Jean-Benoît Houde.
Malgré les rappels de La pressela Caisse n’a pas expliqué pourquoi sa filiale était la seule à offrir plus que ce « prix de réserve », tous ses concurrents ayant offert beaucoup moins.
Questions sans réponse
Ancien enquêteur anticorruption à la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Patrice Poitevin estime que le prix très élevé qu’a payé la filiale de la Caisse pour l’autoroute « pose question ».
« Quelle a été la stratégie d’investissement ? Comment l’Inde a-t-elle évalué le prix de réserve ? », demande-t-il.
Mais il estime surtout que le Fonds est responsable de la manière dont il atténue les risques, dans un pays comme l’Inde, où la corruption est « systémique ».
Pour lui, l’implication des trois anciens dirigeants accusés de corruption chez Maple Highways devrait déclencher des « signaux d’alarme ».
C’est également l’avis de Jennifer Quaid, experte en droit pénal des sociétés à l’Université d’Ottawa.
“Je ne sais pas ce qui s’est passé sur le terrain, mais il y a certainement certains éléments qui suggèrent qu’il y a lieu de mener une enquête plus approfondie”, a-t-elle déclaré.
Le professeur estime que le moment est peut-être venu pour le Fonds de « revoir ses procédures » d’investissement en Inde. “Je ne pense pas qu’ils puissent rester sans réponse après ce qui vient de se passer.” Mais bon, c’est si vous voulez bien gérer votre réputation à l’international et auprès du public… »
Nouveau créneau
L’incursion de la Caisse dans le secteur routier en Inde est récente.
En janvier 2021, sa filiale Maple Highways a participé à une transaction de 360 millions pour acquérir une participation dans un tronçon de 67 kilomètres dans l’État d’Odisha, à l’est du pays. Et tout indique que l’offensive du Fonds sur les routes du pays n’est pas terminée.
Avec ses partenaires, l’institution québécoise finalise les négociations pour acquérir cinq autres projets routiers d’Ashoka Concessions, l’un des principaux promoteurs du secteur, selon les quotidiens indiens. Les - économiques et Menthe.
Il s’agirait d’une transaction d’un montant d’au moins 750 millions, selon les informations qui circulent dans ces deux quotidiens.
Apprendre encore plus
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- 9 milliards
- Montant déployé par le Fonds en Inde au 31 décembre 2023
Source: Caisse de dépôt et placement du Québec
- 452 milliards
- Actif net de l’institution québécoise après six mois cette année
Source: Caisse de dépôt et placement du Québec
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