Lancée mercredi, l’offensive des jihadistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dominés par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, et de leurs alliés, les rebelles syriens, constitue un coup dur pour le pouvoir. Ces violences sont les premières de cette ampleur depuis plusieurs années en Syrie, où les hostilités avaient globalement cessé entre les belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales aux intérêts divergents dans cette guerre dévastatrice débutée en 2011.
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Publié le 30 novembre 2024 à 18h21
Déplacement demain du chef de la diplomatie iranienne
Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi se rendra dimanche en Syrie, a annoncé samedi son ministère, après la prise par les jihadistes et factions rebelles alliées d’une grande partie de la ville stratégique d’Alep. De son côté, la France a appelé “toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et à protéger les populations civiles” à Alep, dans le nord de la Syrie, largement contrôlée par les jihadistes et les rebelles après un éclair offensif.
Avec le soutien militaire crucial de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais, le régime d’Assad a repris le contrôle d’une grande partie du pays en 2015 et en 2016 de la ville entière d’Alep. Mais de vastes régions échappent encore à son contrôle : HTS et ses alliés contrôlent des pans entiers de la province d’Idlib (nord-ouest) et des territoires de la province voisine d’Alep, ainsi que des secteurs de Hama et de Lattaquié. Et de vastes zones du nord-est du pays sont aux mains des forces kurdes syriennes. En entrant vendredi dans Alep, « le HTS et les factions alliées ont pris la majeure partie de la ville, les bâtiments gouvernementaux et les prisons », précise l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
311 personnes tuées depuis mercredi
Sur place, jihadistes et rebelles ont célébré leur entrée à Alep, certains posant devant la citadelle historique, d’autres installant leur drapeau devant un commissariat arborant un grand portrait de M. Assad. L’armée syrienne a confirmé la présence de combattants anti-régime dans « de grandes parties » d’Alep et déplore « des dizaines » de morts et de blessés dans l’offensive jihadiste. Selon un dernier bilan de l’observatoire britannique, 311 personnes ont été tuées depuis mercredi – 183 combattants du HTS et des factions rebelles, 100 soldats syriens et membres des forces progouvernementales ainsi que 28 civils.
Les médias d’État ont fait état de quatre civils tués dans un bombardement contre une résidence étudiante à Alep, ville de quelque deux millions d’habitants et cœur historique du pays d’avant-guerre. “La plupart des civils restent chez eux et les institutions publiques et privées sont presque entièrement fermées”, a annoncé la radio progouvernementale Sham FM. De son côté, le directeur de l’ONG, Rami Abdel Rahmane, a déclaré que jihadistes et rebelles, dont certains soutenus par la Turquie, avaient rapidement pris de larges secteurs d’Alep sans rencontrer de résistance significative. « Il n’y a pas eu de combats et les forces du régime, ainsi que le gouverneur d’Alep et les commandants de la police et de la sécurité, se sont retirés du centre-ville. »
« Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable »
L’offensive a également permis aux jihadistes et rebelles de conquérir au moins 50 localités dont la ville clé de Saraqeb, au sud d’Alep, à l’intersection de deux autoroutes reliant Damas à Alep et Lattaquié. “Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable qui a surpris tout le monde”, a déclaré Dareen Khalifa, experte à l’International Crisis Group. Le chef du gouvernement autoproclamé HTS à Idlib, Mohammad al-Bashir, a déclaré jeudi que l’offensive avait été lancée après que « le régime ait massé ses forces sur les lignes de front et bombardé des zones civiles ».
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