La famine menace Gaza, où les tentes de fortune ne tiennent plus. L’aide humanitaire arrive à peine, bloquée par d’interminables formalités administratives de la part d’Israël. Tout cela, devant le monde, dénoncent les ONG, Oxfam qualifiant cela de « nettoyage ethnique ».
Ce que vous devez savoir
Oxfam dénonce le « nettoyage ethnique » d’Israël à Gaza, devant une communauté internationale indifférente, voire « complice ».
Les camions sont bloqués par Israël, les pertes de médicaments et de nourriture se multiplient et la famine menace Gaza, ce qu’Israël nie.
Washington a donné à Israël jusqu’au 12 novembre pour que l’aide humanitaire arrive. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer.
“Les conditions de survie s’amenuisent pour les 65 000 à 75 000 personnes encore là” dans le nord de la bande de Gaza, a constaté cette semaine l’UNRWA, l’agence des Nations Unies dédiée aux Palestiniens.
Dans une lettre du 13 octobre, les États-Unis ont donné 30 jours à Israël pour garantir qu’au moins 350 camions de marchandises entrent chaque jour dans la bande de Gaza. Rien n’a changé.
Gaza, coupée du monde
Lors d’un entretien téléphonique depuis Jérusalem, Claire Nicolet, chef de mission de Médecins sans frontières en Palestine, explique qu’« il nous faudrait 500 camions par jour. En octobre et novembre, pour l’ensemble de l’aide humanitaire, nous en sommes à 39 camions par jour.
Elle ne cache pas sa frustration.
À peine 76 kilomètres séparent Jérusalem de la ville de Gaza, selon M.moi Nicolette.
A Jérusalem, les étals du marché sont pleins, la vie bat son plein. A Gaza, coupée du monde, les estomacs sont vides.
“Logistiquement, cela devrait être très simple”, explique M.moi Nicolette.
Il ne s’agit pas de ces missions « où il faut parfois une semaine ou deux pour y arriver » par la route.
Non, Gaza est presque au coin de la rue. Les camions qui s’entassent en Egypte regorgent de nourriture et de médicaments. Tout est là, mais la plupart des produits de première nécessité – dont plusieurs médicaments qui doivent rester froids – sont perdus, à cause des formulaires à remplir et des interminables contrôles israéliens, explique M.moi Nicolette.
Les ONG doivent demander autorisation après autorisation. Les palettes des camions sont inspectées, les camions refoulés.
L’envoi de scalpels – indispensables aux interventions chirurgicales – ou de lits d’hôpitaux est extrêmement compliqué. « Pour tout ce qui est en métal, il faut faire des demandes supplémentaires et les autorisations mettent parfois deux ou trois mois à arriver. »
Il en va de même pour les pompes à eau ou leurs pièces de rechange, poursuit M.moi Nicolette.
Pas de répit
Israël craint qu’une quantité de marchandises puisse être utilisée à des fins militaires, “c’est en tout cas l’excuse officielle”, note Claire Nicolet. Est-ce vrai ? On peut imaginer toutes sortes de choses, mais ce qui est sûr, c’est que la réalité est extrêmement compliquée.»
Le froid et les pluies sont arrivés, les gens « ont désormais les pieds dans l’eau. Nous avons reçu de nos équipes des photos de tentes détruites.
Et ces attaques ne donnent aucun répit au peuple palestinien. « Au moment où je vous parle, un hôpital est entouré de combats actifs », observe M.moi Nicolette.
Oxfam dresse le même portrait. Depuis 50 jours, presque toutes les aides sont bloquées, selon cette ONG.
« Nettoyage ethnique »
« Notre personnel à Gaza tente désespérément d’atteindre les civils affamés depuis près de deux mois, mais il a été bloqué par l’armée israélienne. Nous savons que de nombreux enfants sont piégés et mourront de faim », a déclaré Amitabh Behar, directeur exécutif d’Oxfam International.
Il dénonce sans détour un « nettoyage ethnique du nord du gouvernorat de Gaza par Israël », qui « agit en toute impunité ».
“La communauté internationale reste impuissante et, dans certains cas, totalement complice”, estime Amitabh Behar, estimant qu’Israël “utilise la faim comme arme de guerre contre des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants”. […] ».
Inévitablement, face à tant de personnes affamées, a déclaré Léa Pelletier-Marcotte, analyste politique à Oxfam, dans une interview, les pillages de camions se multiplient, compliquant encore davantage la petite distribution de nourriture.
Les habitants de Gaza, notamment ceux du Nord, « sont coupés du monde. Jusqu’à 70 000 personnes sont prises au piège.
« Il y a eu des ordres d’évacuer la zone nord, on a dit aux gens que s’ils ne partaient pas, ils deviendraient des cibles civiles. [Les forces israéliennes] leur a dit que s’ils se dirigeaient vers la ville de Gaza, ils y trouveraient de la nourriture. Mais il n’y en a pas. Nos collaborateurs prennent un repas par jour, composé de riz ou de pain. »
« Famine imminente »
Le 9 novembre, l’agence de presse Reuters a rapporté que, selon le Comité indépendant d’examen de la famine (FRC), il existe « une forte probabilité d’une famine imminente dans certaines régions ».
Le FRC a alors déclaré qu’« une action immédiate, dans les jours à venir et non dans les semaines à venir, est requise de la part de tous les acteurs qui participent directement au conflit, ou qui ont une influence sur sa conduite, pour éviter et atténuer cette situation catastrophique. » .»
Dans une lettre datée du 13 octobre, les États-Unis ont donné à Israël jusqu’au 12 novembre pour améliorer la situation humanitaire à Gaza, faute de quoi leur aide militaire, selon eux, serait réduite.
Israël a rejeté d’emblée les conclusions du FRC. Vie quotidienne Temps d’Israël a rapporté une déclaration de l’armée du 9 novembre, selon laquelle « les chercheurs continuent malheureusement de s’appuyer sur des données partielles et biaisées ainsi que sur des sources superficielles ayant des intérêts directs dans ces questions ».
Quand y a-t-il la famine ? Selon les Nations Unies, cela se produit lorsqu’il y a un manque extrême de nourriture, une malnutrition aiguë chez les enfants et lorsque certains seuils de mortalité sont atteints.
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