News Day FR

Le Canada manque-t-il de leadership dans la lutte contre la pollution plastique ?

En marge des négociations à Busan, en Corée du Sud, sur un accord limitant la pollution plastique, des observateurs canadiens appellent le gouvernement fédéral et les provinces à en faire davantage.

A trois jours de la fin de la cinquième session de négociations pour conclure un premier accord mondial contraignant – les dernières négociations prévues au terme d’un processus entamé il y a plus de deux ans – les progrès vers la conclusion d’un accord sont minimes.

Les questions cruciales de la réduction de la production de plastique, de la désignation d’une liste de produits nocifs pour la santé et du financement des mesures résultant d’un éventuel accord continuent de diviser les délégués.

Un bloc mené entre autres par la Russie, l’Inde et l’Arabie saoudite ralentit les discussions et s’oppose à une réduction ferme de la production mondiale.

Des groupes environnementaux ont également dénoncé mercredi la présence de près de 300 lobbyistes de l’industrie pétrolière à Busan.

Le Canada a été critiqué par les groupes environnementaux pour son manque de leadership lors des précédentes négociations à Ottawa en avril dernier.

Karen Wirsig, du groupe Défense environnementalecraint que la recherche d’un consensus à tout prix n’aboutisse qu’à un accord édulcoré sans véritables mesures contraignantes.

Karen Wirsig du groupe Défense Environnementale

Photo : Le groupe Défense Environnementale

Le Canada, comme d’autres, est venu ici en disant que le plus important était de parvenir à un accord. Ce n’est pas faux, sauf que nous ne voulons pas n’importe quel accord.

Une citation de Karen Wirsig du groupe Défense Environnementale

Si nous ne parvenons pas à un accord capable de résoudre les trois problèmes majeurs qui divisent les délégués, avec des mesures clés obligatoires, l’accord n’aura pas l’effet que nous souhaitons, c’est-à-dire celui d’un véritable contrôle et d’un arrêt de la pollution plastique.affirme Karen Wirsig.

Médecin de famille à Richmond, en Colombie-Britannique, la Dre Sharon Dodd est également observatrice pendant le processus de Busan. Elle représente l’Association canadienne des médecins pour l’environnement.

Selon elle, le Canada manque d’actions concrètes pour réduire la pollution plastique.

Pour le moment, le Canada ne fait pas grand-chose, mais il est bien intentionné, notamment dans ses discussions sur le traité mondial. Toutefois, sans traité, il n’existe aucun engagement contraignant à accomplir le travail nécessaire. Tout reste donc volontaire pour le momentfait valoir le Dr Sharon Dodd.

>

Ouvrir en mode plein écran

La Dre Sharon Dodd, médecin de famille à Richmond, en Colombie-Britannique, est également observatrice à Busan pour l’Association canadienne des médecins pour l’environnement.

Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc

À Busan, une grande partie des discussions sur la nécessité de réduire la pollution plastique et sa production se concentrent sur les impacts sur la santé humaine.

Le Dr Dodd se réjouit de voir que cet aspect gagne plus de place et qu’il va aussi au-delà des cancers souvent cités comme étant provoqués par la consommation de plastique.

Des recherches récentes montrent un lien entre les microplastiques et des maladies graves comme les troubles endocriniens, l’autisme, les troubles du déficit de l’attention, l’infertilité et même les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Je vois ces maladies tous les jours. Mais le lien entre les plastiques et ces problèmes reste inconnudit le Dr Sharon Dodd.

Nous devons faire preuve de prévention en interdisant les emballages plastiques pour les aliments pour bébés par exemple et en limitant la production de plastique.

Une citation de Dre Sharon Dodd, représentante de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement

Les initiatives du gouvernement fédéral canadien peinent à trouver du terrain face à l’opposition de certaines provinces et de l’industrie pétrolière.

L’arrêt attendu de la Cour d’appel fédérale sur la réglementation interdisant l’utilisation de produits en plastique à usage unique pourrait être décisif pour l’avenir de la réglementation dans le pays.

Le 16 novembre 2023, la Cour fédérale a déclaré rétroactivement invalide et illégal le décret ajoutant les articles en plastique à usage unique à la liste des produits interdits en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement.

Le règlement demeure en vigueur jusqu’à la décision de la Cour d’appel fédérale.

Karen Wirsig préférerait que les provinces n’attendent pas et fassent davantage de leur part.

Les provinces n’en font pas assez pour contrôler la production et la surproduction de déchets, notamment de déchets plastiques. Ces produits, presque toujours conçus pour être jetés après une utilisation très limitée, illustrent bien le problème. Les provinces et territoires doivent intensifier leurs efforts, notamment en matière de réutilisation et de réduction des déchets, pour mieux gérer cette situation.explique Karen Wirsig.

>

Ouvrir en mode plein écran

CJ Smith-White, conseiller de la Première Nation Aamjiwnaang de la Petrochemical Valley près de Sarnia, en Ontario, a visité Busan.

Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc

À des milliers de kilomètres de sa Première Nation Aamjiwnaang, située dans la vallée pétrochimique près de Sarnia, en Ontario, le conseiller CJ Smith-White reçoit chaque jour des alertes concernant des niveaux anormaux d’émissions toxiques.

Il est venu à Busan pour partager les effets dévastateurs de la production de plastique et de la pollution sur sa communauté.

Les membres de cette Première Nation attribuent la pollution aux activités de l’entreprise INEOS Styrolution, qui fabrique des produits chimiques utilisés dans le plastique et le caoutchouc.

Nous avons nos propres normes pour les émissions de benzène. Et lorsque ces seuils sont atteints, cela nous oblige à fermer tous nos bâtiments importants. Cela signifie que notre bureau du conseil de bande ferme, notre centre de santé ferme, notre garderie ferme, notre école ferme. Tout cela doit être relocalisé à nos frais et pendant notre temps libre, ce qui a un fort impact sur notre communauté.il maintient.

En avril dernier, au milieu des précédentes négociations duLUI à Ottawa qui visait à conclure un accord obligeant à réduire la pollution plastique, un déversement de benzène avait également été signalé près de la petite communauté d’Aamjiwnaang.

La Première Nation a dû déclarer l’état d’urgence environnementale en raison de cet incident, et cet état d’urgence est toujours en vigueur aujourd’hui.

Comme de nombreux observateurs et groupes environnementaux présents aux négociations de Busan, CJ Smith-White réclame des objectifs de réduction de la production mondiale de plastique, y compris au Canada.

Il faut absolument se concentrer sur la production, car tant qu’elle perdure, il y aura des microplastiques et des rejets liés à son transport et à sa fabrication.dit-il.

Les négociations se poursuivent et les organisateurs ont imploré les délégués mercredi soir d’accélérer le rythme.

Lisez et écoutez également :

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :