Plus récemment, on a vu le président des démocrates-chrétiens, Sammy Mahdi, participer à The Masked Singer habillé en drag queen. Conner Rousseau, président de Vooruit, a révélé qu’il était le lapin proxénète de la même émission. La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) a été suivie sur une île grecque dans l’émission de téléréalité « Viva la Festa ». Vincent Van Quickenborne (Open VLD), lorsqu’il était encore ministre de la Justice, a accepté d’être immergé plusieurs jours dans une prison. Sans oublier « Het Conclaaf » qui enfermait présidents de partis et ministres ensemble dans un château. Cette production de VTM quelques semaines avant le scrutin de juin a eu un impact non négligeable sur la popularité des candidats.
Réticences francophones
De l’autre côté de la frontière linguistique, les exemples sont bien moins nombreux. Le député Denis Ducarme (MR) a participé à l’émission « Les Traîtres ». Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a fait une apparition écourtée dans l’émission flamande « Forces spéciales ». Lorsqu’il était Premier ministre, Elio Di Rupo (PS), avait droit à une intervention dans Top Chef, mais l’extrait a finalement été retiré suite aux protestations de Didier Reynders (MR). Il y a plusieurs années, le président Paul Magnette (PS) et Melchior Wathelet (cdH) ont participé à des quiz en Flandre.
Pourquoi le monde politique francophone ne s’engage-t-il pas davantage dans ce type de promotion ? D’abord parce que l’espace médiatique francophone ne le permet pas.
“Il y a un contraste entre l’offre, même en matière d’infodivertissement politique, du côté flamand, et ce que nous pouvons proposer du côté francophone”explique Nicolas Baygert, docteur en sciences de l’information, «On le voit même dans l’offre de débats télévisés. Les émissions du dimanche ont presque toutes disparu. Ce fut une sorte de messe politique cathodique pendant des décennies. Pour les politiques, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent pour engranger ce fameux capital de sympathie et éventuellement se montrer sous un autre jour.»
Absence de personnes
Dans un sens plus large, ce phénomène est également facilité par la pipolisation qui existe dans le nord du pays. “C’est un mélange des genres tout à fait accepté, qui est pratiqué par les élus de tous partis, puisqu’il n’y a pas de cordon sanitaire médiatique côté flamand. Et cela permet à ces personnages de toucher un public plus large qui n’évite pas forcément les débats politiques. »poursuit le professeur qui donne notamment des cours sur ce scénario à l’IHECS. « En Flandre, les hommes politiques sont traités comme des Bekende Vlamingen (« flamands connus »). Ce phénomène de spectaculaireisation du politique est tout à fait admis. Du côté francophone, il n’y a pas la même conception de la personnalité publique.
“Star Ac de la politique”, “Pyjama Party”: when Quotidien indulges in certain Belgian political shows
Avant les élections de juin, RTL et RTBF ont tenté de mélanger politique et divertissement. La première avec une « pyjama party » et la seconde avec des défis. “Là, on est davantage dans la logique de l’infantilisation. Il s’agit avant tout de détruire l’aura solennelle des politiques pour les mettre dans des situations presque humiliantes. Je ne sais pas toujours ce que cela apporte, mais l’idée est d’humaniser les politiques en les montrant dans des contextes plus informels.»
La Flandre présente également des politiciens dans des émissions de pur divertissement qui profanent l’individu politique. La différence est qu’il propose «toute une gamme de dispositifs médiatiques qui permettent à chaque politique de trouver sa voie ». Cela va des émissions-débats extrêmement sérieuses et rigoureuses aux émissions sans aucun objectif politique.
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