Le Premier ministre Michel Barnier s’est exprimé ce mardi 26 novembre pour évoquer “le moment grave” que vit la France face au vote difficile du budget 2025 et aux menaces de motions de censure qui pèsent sur le gouvernement.
“C’est du temps perdu et nous n’avons pas de temps à perdre.” Michel Barnier était l’invité du JT de 20 heures de TF1 ce mardi 26 novembre. Le Premier ministre s’est longuement exprimé sur le budget 2025. Voici ce qu’il faut retenir de cette interview.
Un budget imparfait
Largement critiqué par l’opposition, le budget 2025 du gouvernement est au cœur des débats au Parlement et doit entrer en commission mixte ce mercredi.
Néanmoins, malgré les critiques, Michel Barnier a tenu à le souligner : « Notre budget n’est pas parfait, je le sais. Il faut le modifier, l’améliorer. J’ai dit que le budget pouvait être amélioré. Je l’ai fait avec le gouvernement en 15 jours. Jamais un Premier ministre n’a eu aussi peu de temps pour le faire. Ce n’était pas parfait, nous l’améliorons.
La version originale prévoyait 40 milliards d’économies, une copie revue à la baisse en raison de nombreux amendements mais aussi de revirements du gouvernement. « Nous ne donnons pas à droite et à gauche, nous entendons les collectivités locales, les entreprises, les partis politiques et les associations. J’essaie d’apporter des réponses calmes, sereines et objectives. Mais nous ferons des efforts», a-t-il rappelé.
Parmi les zones économiques, « le mode de vie de l’Etat », que Michel Barnier souhaite « plus sobre, plus simple ». « Je pense que je demande aux anciens ministres et anciens premiers ministres de faire un effort. “Ce n’est pas seulement symbolique”, a-t-il ajouté.
Un recours très probable au 49.3
Cependant, la Commission mixte (CPM) qui réunira sept députés et sept sénateurs pour arriver à une copie commune risque d’être complexe entre une Assemblée farouchement opposée au projet et un Sénat qui a majoritairement soutenu le gouvernement. Le spectre de l’article 49.3 plane donc sur ce budget 2025.
« Vous avez observé, parce que je respecte le Parlement et tous ceux qui sont là et qui ont une part de légitimité populaire, que j’ai souhaité qu’ils débattent jusqu’au bout. Je n’ai pas fait le 49.3 tout de suite pour couper court à la discussion”, a d’abord raconté le Premier ministre.
« Toutefois, le vote à l’Assemblée nationale suite au CPM se fera « probablement avec un 49,3 », a déclaré Michel Barnier, ajoutant « certainement avec un 49,3 car il n’y a pas de majorité à l’Assemblée nationale et c’est comme ça que je serai obligé ». proposer à l’Assemblée nationale d’adopter le budget.
Un risque de censure gouvernementale
S’il utilise le 49.3, Michel Barnier tiendra son gouvernement pour responsable d’avoir permis l’adoption du budget. Un risque que le Premier ministre semble prêt à prendre.
« Ce qui m’intéresse, c’est que les députés et sénateurs fassent leur travail et que les Français voient enfin un budget. Parce que s’il n’y a pas de budget, c’est extrêmement grave”, a-t-il déclaré sur TF1.
“Je sais depuis le premier jour, depuis le 5 septembre, qu’il pourrait y avoir une censure et que s’il y a une alliance dans les votes, improbable mais possible, entre l’extrême gauche et le Rassemblement national, je tombe”, a-t-il ajouté très calmement. .
Toutefois, Michel Barnier a estimé que cette solution n’était pas bonne pour la France puisque si le gouvernement tombe, « il n’y a plus de budget, il faudra reprendre une discussion, il y aura des mesures d’urgence. Il y aura probablement une tempête assez grave sur les marchés financiers, où nous empruntons déjà très haut », à des taux qui « sont actuellement presque au niveau de la Grèce », a-t-il prévenu.
Au-delà de cette crise, le Premier ministre a évoqué des projets importants qui seraient purement et simplement stoppés par la censure gouvernementale. Il a notamment pris le cas des agriculteurs qui font entendre leur colère depuis plusieurs mois.
« Je suis en train de tenir les engagements pris et d’en ajouter d’autres pour faire face. Nous faisons ce que les agriculteurs demandent depuis des mois et des années et tout cela cesserait et ce n’est qu’un exemple.
Le scrutin proportionnel à l’étude
Faire tomber le gouvernement est une perte de temps et nous n’avons pas de temps à perdre. Au-delà du budget, il y a tellement de projets et de sujets sur lesquels je souhaite agir avec un gouvernement dont je suis fier.
Sur la sécurité quotidienne des Français, le contrôle de l’immigration, sur le travail qui doit payer plus que les allocations, sur la démocratie et sur le projet que souhaitent de nombreux partis en matière de représentation proportionnelle », a énuméré Michel Barnier.
C’est un changement électoral que réclament notamment Marine Le Pen et le Rassemblement national, le passage à un scrutin proportionnel pour l’élection des députés. Un mode de vote qui aurait permis au RN de disposer d’un plus grand nombre d’élus.
Pour la « proportionnalité, je vais demander au professeur de sciences politiques, Pascal Perrineau, de faire un travail sur le scrutin proportionnel pour peut-être élire les députés d’une autre manière. Il le rendra au printemps et nous serons prêts à débattre» à ce sujet, a-t-il expliqué.
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