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Comment la pop star Bambie Thug s’est impliquée dans le vote Eurovision de Bâle-Ville

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Représentants de l’UDF lors du dépôt des signatures. La pop star irlandaise Bambie Thug apparaît sur tous les supports publicitaires.

Clé de voûte / Georgios Kefalas

L’organisation du Concours Eurovision de la chanson revient enfin à Bâle. Malgré la lenteur liée à l’exercice de la démocratie directe, le sprint a été intense pour décrocher ce vote.

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24 novembre 2024 – 16h29

À peine deux heures après la prestation du chanteur suisse Nemo ce printemps à l’Eurovision et la proclamation des votes du public et du jury, il était évident pour les téléspectateurs de toute l’Europe que la Suisse allait devoir organiser cet événement en 2025. Ce qui n’a fait que plaire aux fans de l’Eurovision en Suisse.

Mais dans ce pays où le peuple peut s’exprimer lors de différentes élections par an, six mois auront été nécessaires pour avaliser cette organisation. La population de Bâle-Ville a finalement accepté à une large majorité un crédit de 35 millions de francs pour que l’Eurovision ait lieu dans ses murs.

Si un non était sorti des urnes, cette somme n’aurait pas pu être payée par le canton. Et la SSR, maison mère de swissinfo.ch, aurait dû retirer l’organisation de Bâle, selon le quotidien Basler Zeitung.

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La Suisse vainqueur de la 68e édition de l’Eurovision

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12 mai 2024

Nemo amène le concours de l’Eurovision en Suisse avec sa victoire samedi soir à Malmö, en Suède. Il s’agit de la troisième victoire de la Suisse dans l’histoire du concours musical, après celles de l’Argovienne Lys Assia en 1956 et de la Québécoise Céline Dion en 1988. La Suisse a obtenu un total de 591 points,…

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Dans une forme d’escalade, l’Union européenne de radiodiffusion (UER) aurait pu intervenir en retirant même à la Suisse l’attribution de cet événement. Contrairement à Zurich, Berne ou Genève, les trois autres villes candidates à l’Eurovision, Bâle a la particularité d’être à la fois une ville et un canton. Confier cet événement à la ville de Berne aurait été plus risqué si un référendum avait été organisé. Car si les villes bernoises votent à gauche, les campagnes, avec une large majorité de voix, sont plus conservatrices.

Fin novembre, lorsque l’UER se réunira, Bâle saura si l’organisation lui reviendra définitivement. A titre de comparaison, Malmö devait connaître son sort en juillet 2023 pour l’édition 2024. Cela montre à quel point les rouages ​​de la démocratie directe peuvent ralentir.

Tout s’est passé très vite

Le 11 septembre, Joël Thüring, président de la Commission des finances du canton de Bâle-Ville et membre de l’Union démocratique du centre (UDC/droite conservatrice) s’est pourtant enthousiasmé depuis la tribune du parlement en s’exclamant «Bâle 12 points, la joie règne ! après le vote des législatives pour débloquer cette somme. Seules quatre voix se sont opposées. Les partis étaient unanimes. Ensuite, le référendum a été déposé.

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Le référendum de l’UDF force le vote sur les crédits ESC à Bâle

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26 oct. 2024

Le texte a recueilli 4 203 signatures, alors qu’il en aurait fallu 2 000 pour aboutir. Les signatures doivent encore être authentifiées par la Chancellerie d’État.

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Dans les starters, des membres de l’Union fédérale démocratique (UDF), un parti chrétien-conservateur, sont ensuite venus de toute la Suisse jusqu’à Bâle pour recueillir suffisamment de signatures à temps, 2000 étant nécessaires pour réussir. un référendum. Six semaines plus tard, le 28 octobre, l’UDF remettait à la Chancellerie son texte comportant 4 200 paraphes. Puis, le 4 novembre, soit à peine une semaine plus tard, les électeurs bâlois ont reçu le matériel de vote, y compris le message des autorités et les arguments référendaires sur cinq pages. Comment cela a-t-il pu arriver si vite ?

«Le 26 octobre, les bulletins de vote et le message ont été imprimés en deux versions, l’une avec et l’autre sans référendum», a déclaré à swissinfo.ch Marco Greiner, porte-parole de l’exécutif bâlois. Le 24 novembre, les Bâlois devaient également voter sur d’autres points.

Question d’image

Malgré des délais très courts, les deux parties impliquées dans cette bataille ont su faire valoir leurs arguments. Pour les autorités, qui veulent faire de cet événement “une célébration de la tolérance pour l’ensemble de la population”, l’Eurovision est “une grande valeur ajoutée dont Bâle bénéficiera à l’international en termes d’image”.

A l’inverse, leurs opposants parlent d’un « gaspillage d’argent » et d’une « perte d’image » pour la ville rhénane. « Nous ne voulons pas servir de tribune à une manifestation qui n’a pas suffisamment réprimé les excès anti-juifs », a brandi l’UDF, à propos des incidents qui ont visé la chanteuse israélienne Eden Golan ce printemps à Malmö.

« Contributions occultes et sataniques »

En fin de compte, pour cette frange, se rejoue la lutte entre le bien et le mal, mêlée au sentiment d’avoir été autrefois victime d’un « double standard » à l’Eurovision. Pour rappel : un groupe de l’Armée du Salut, un groupe chrétien évangélique, n’avait pas pu concourir sous ce nom et porter les couleurs de la Suisse il y a une bonne dizaine d’années.

“Les contributions occultes et sataniques sont tolérées et célébrées” à l’Eurovision, se sont indignés pendant la campagne les participants au référendum, criant à l’injustice. Pointant également du doigt le diable irlandais non binaire Bambie Thug, dont la « contribution » à Malmö faisait référence à Harry Potter. En chantant “Avada Kedavra, I talk to destroy”, Bambie Thug s’est grandement inspiré de la malédiction mortelle bien connue dans la série, et non d’un mouvement religieux.

Mais il est possible que la présence de son sourire dans les spots et affiches des transports publics bâlois ait effrayé les référendums plus que les 35 millions de francs prévus pour l’Eurovision. D’autant plus que les finances de Bâle-Ville sont en bonne santé avec des bénéfices qui se chiffrent en centaines de millions de francs par an.

Influence nationale et politique locale

Même si c’est la section Bâle-Ville de l’UDF qui a finalement reçu les feuilles de signature pour le référendum, celui-ci est finalement devenu une affaire nationale. Les membres du parti suisse UDF ont fait campagne, avec en tête son président Samuel Kullmann, bien qu’il ne soit pas originaire de Bâle, mais de l’Oberland bernois. L’UDF a expliqué en toute transparence que ce vote à Bâle avait été provoqué par des membres d’autres sections que Bâle-Ville.

Professeur à l’Université de Berne et directeur de la plateforme en ligne Année politique suisse, Marc Bühlmann ignore combien de fois des référendums sont lancés à l’instigation de personnes extérieures à leur région. “Je pense que ce n’est pas si rare”, a-t-il déclaré.

Les thèmes nationaux sont votés au niveau local. Et des objets à large résonance comme le salaire minimum ou la transparence du financement des partis sont «testés» dans les cantons selon une orchestration entre base partisane et sections cantonales, rappelle-t-il.

Pour ce professeur de sciences politiques, ces différentes configurations « ne posent aucun problème en termes de démocratie ». A Bâle, les signatures de ce référendum proviennent des citoyens locaux, affirme-t-il. «C’est donc la population du canton de Bâle-Ville qui a déclenché ce vote. C’est à cet étalon qu’il faut s’appuyer pour savoir si un objet doit ou non être soumis au peuple. Dans la théorie de la démocratie, on peut considérer cette évolution de manière positive ou critiquer le fait qu’une force extérieure soit à l’origine d’un vote.

On peut aussi aller plus loin. « Dans une perspective plus participative de cette même théorie, il ne peut y avoir suffisamment de votes et de débats sur un thème. Ce qui reviendrait à dire qu’il faut saluer le fait que des acteurs extérieurs au canton s’en inquiètent.»

Relu et vérifié par Giannis Mavris / traduit de l’allemand par Alain Meyer / kro

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