L’abbé Pierre disparaîtra des rues de Terrebonne. Après « analyse » du dossier, la Ville a décidé de renommer « officiellement » le nom de la rue associée au célèbre religieux français, accusé après sa mort d’avoir abusé de plusieurs femmes.
« Sensible aux témoignages de violences sexuelles visant l’abbé Pierre », le comité exécutif va mandater le comité de toponymie pour « désattribuer le nom du lieu afin que la rue de l’Abbé-Pierre à Terrebonne soit renommée », explique la Ville par courriel.
Cette décision québécoise rejoint des dizaines d’autres en France depuis les récentes révélations concernant le prêtre catholique, fondateur du mouvement Emmaüs et décédé en 2007.
Le 17 juillet, le Mouvement Emmaüs a rendu publiques des allégations d’agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel commis par l’abbé Pierre entre la fin des années 1970 et 2005. Les victimes étaient des salariés, des bénévoles ou des jeunes femmes de son entourage personnel. Depuis, une vingtaine d’autres femmes ont accusé le prêtre de violences sexuelles qui auraient été commises entre les années 1950 et 2000, notamment sur des mineurs.
La France, qui avait longtemps glorifié le religieux au béret et à la cape noire, en raison de ses actions en faveur des plus défavorisés, est tombée de haut.
Dans la foulée, des dizaines de communes ont annoncé vouloir renommer les noms de rues, plaques, parcs, places, écoles et autres lieux de mémoire relatifs à l’abbé Pierre, lieux qui étaient au nombre de 150 avant que le scandale n’éclate.
Cette semaine encore, la Ville de Perpignan a voté à l’unanimité pour donner à une avenue le nom de l’Abbé Pierre. Le toponyme du curé a également disparu des villes de Lyon, Nîmes, Grande-Synthe, Saint-Étienne, Besançon, Talant, Nantes et d’autres communes plus petites. Une statue du pasteur a également été démolie à Norges-la-Ville, tandis que la Fondation Abbé-Pierre a été l’une des premières à annoncer qu’elle allait changer de nom.
Plus de débaptêmes au Québec ?
Au Québec, où le prêtre est venu à quelques reprises, et où il est également soupçonné d’inconduites sexuelles, selon des révélations survenues en septembre dans les médias français, on trouve aussi une poignée de références à l’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès. . La Ville de Terrebonne est la première à suivre le mouvement des « débaptêmes » initié en France.
Y en aura-t-il d’autres ?
Au Québec, où se trouve une rue Abbé-Pierre (à Cap-Rouge), la réflexion de la Ville est « toujours en cours ». Selon un porte-parole, le cas du prêtre « fait partie de ceux considérés dans le cadre de cette réflexion », mais il est souligné que « le travail est beaucoup plus large que ce seul cas ». La Ville précise qu’elle communiquera les résultats de cet exercice en temps utile.
On peut aussi se demander si l’abbé Pierre sera radié de l’Ordre national du Québec, qui l’avait nommé « grand officier » en 1995.
Interrogé à ce sujet, le Conseil de l’Ordre nous a indiqué qu’aucune décision n’a été prise en ce sens. Nous disons cependant « suivre l’évolution de la situation » et nous disons être « conscients de la gravité des accusations, même si l’abbé Pierre n’a pas fait l’objet d’une décision judiciaire de son vivant ».
Selon le Conseil, les procédures de révocation d’un titre commencent par « un jugement de culpabilité ou une preuve indéniable démontrant un comportement inacceptable et incompatible » de la part d’une personne. C’est sur cette base que l’acteur Gérard Depardieu a été radié de l’Ordre du Québec en 2023, suite à la diffusion d’une vidéo témoignant de son comportement « offensant ».
Related News :