Les pays les plus pauvres et vulnérables au changement climatique ont déchaîné samedi leur colère contre la présidence azerbaïdjanaise de la conférence de l’ONU à Bakou, estimant qu’ils n’avaient pas été entendus sur leurs besoins financiers et promettant de continuer à se battre dans la durée. .
Après plus de 24 heures de retard, la séance de clôture de la COP29 a finalement débuté samedi soir, avec un appel du président de la conférence, Mukhtar Babaev, aux pays pour qu’ils surmontent leurs « divisions ».
Cette séance pourrait durer une partie de la nuit et comporter des suspensions.
L’origine de la colère est le projet final de texte sur le financement climatique, présenté samedi à huis clos par les organisateurs de la COP29 aux pays. Des délégués des 45 pays les plus pauvres de la planète, principalement africains, et d’une quarantaine de petits Etats insulaires ont claqué la porte à une rencontre avec la présidence.
Cela a eu pour effet d’être réinvité directement en début de soirée au deuxième étage du stade de Bakou dans les bureaux de la présidence du sommet, pour de nouvelles consultations, auxquelles participe l’Union européenne.
Les Etats insulaires « restent engagés dans ce processus, nous sommes ici dans un esprit de foi dans le multilatéralisme », a déclaré le Samoan Cedric Schuster au nom des Etats insulaires du Pacifique, des Caraïbes, de l’Afrique…
Personne n’a renoncé à un accord.
« Après l’expérience difficile de Bakou, nous devons parvenir à un résultat minimum acceptable face à l’urgence », a déclaré la ministre brésilienne de l’Environnement, Marina Silva, qui accueillera la prochaine COP dans un an.
Mais la confusion règne, le texte financier n’ayant toujours pas été publié.
“Je suis triste, fatigué, démoralisé, j’ai faim, je manque de sommeil, mais je garde une once d’optimisme car cela ne peut pas devenir un autre Copenhague, nous avons besoin d’un accord”, déclare Juan Carlos Monterrey Gomez, le négociateur panaméen devenu une figure de ce COP avec son chapeau. La COP danoise de 2009 s’est soldée par un fiasco.
Délégués, observateurs et journalistes se préparent à une nuit blanche, au milieu du bruit des ouvriers démontant les installations et des valises à roulettes des délégations.
– Projet d’accord –
Dans le projet d’accord final, les pays occidentaux (Europe, États-Unis, Canada, Australie, Japon, Nouvelle-Zélande) s’engageraient à accroître leur engagement de financement en faveur des pays en développement. Mais moins que les demandes des pays en développement qui en demandent au moins le double.
Les pays les plus pauvres n’ont pas encore obtenu ce qu’ils réclamaient, à savoir que 30 % du financement climatique leur soit destiné.
Le projet d’accord tente de concilier les exigences des pays développés, notamment l’UE, et celles des pays en développement, qui ont besoin de plus d’argent pour s’adapter à un climat plus destructeur, chauffé par tout le pétrole et le charbon brûlés depuis plus d’un siècle par le ancien.
Les pays occidentaux appellent depuis des mois à élargir la liste onusienne, datant de 1992, des États responsables de ce financement climatique, estimant que la Chine, Singapour et les pays du Golfe se sont depuis enrichis.
Mais ces pays semblent avoir obtenu ce qu’ils voulaient : le dernier texte stipule clairement que leurs contributions financières resteront « volontaires ».
– Bataille avec les Saoudiens –
L’Arabie saoudite et ses alliés sont pointés du doigt pour avoir ralenti n’importe quel point de l’accord final de la COP29 qui cible les combustibles fossiles. Les Européens tentent de négocier une révision annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre.
« Il y a eu un effort extraordinaire de la part des Saoudiens pour que nous n’obtenions rien », s’étonne un négociateur européen.
“Nous ne laisserons pas les plus vulnérables, notamment les petits Etats insulaires, se laisser escroquer par les quelques nouveaux pays riches en énergies fossiles qui ont malheureusement le soutien à ce stade de la présidence” de l’Azerbaïdjan, a dénoncé le ministre allemand des Affaires étrangères. Annalena Baerbock, sans nommer de pays.
– L’austérité occidentale –
Plus de 350 ONG ont appelé samedi matin les pays en développement à quitter la table des négociations, affirmant qu’il valait mieux ne pas avoir d’accord plutôt qu’un mauvais accord.
Une stratégie qui contredit le message d’urgence véhiculé par de nombreux pays en développement. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui a d’autres priorités en tête pour la COP30 à Belem l’année prochaine, a insisté pour « ne pas reporter » la tâche de Bakou à 2025.
Mais les Européens subissent une pression budgétaire et politique.
Le projet final fixe séparément l’objectif de collecter 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour les pays en développement.
Ce total inclurait la contribution de 300 milliards des pays développés et d’autres sources de financement (multilatérales, privées, impôts, autres pays du Sud, etc.)
– Organisation azerbaïdjanaise –
Les négociateurs et les ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n’avaient jamais organisé un événement aussi mondial.
La COP s’est déroulée dans une ambiance pesante. Le président Ilham Aliyev a attaqué la France, alliée de son ennemi l’Arménie. Les deux pays ont convoqué leurs ambassadeurs respectifs.
Deux parlementaires américains affirment avoir été harcelés à Bakou. Plusieurs militants écologistes azerbaïdjanais sont arrêtés.
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