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Les optométristes contesteront l’ordre qui les oblige à rester dans le système public

(Montréal) À la veille du retrait prévu par une majorité d’optométristes de la Régie de l’assurance santé du Québec (RAMQ), Québec décide de publier un arrêté ministériel qui obligera les optométristes à demeurer au sein du régime public.


Publié à 17h13

Mis à jour à 17h27

Katrine Desautels

La Presse Canadienne

L’Association des optométristes du Québec (AOQ) entend contester les actions du gouvernement. Dans un communiqué, son président, Dr Guillaume Fortin a déploré « vivement » l’attitude du gouvernement.

Rappelons que l’AOQ a annoncé il y a un mois que 85 % de ses membres comptaient se retirer de la RAMQ en raison de « l’impasse » dans les négociations entourant les compensations qui leur sont versées par Québec.

Si les optométristes s’étaient désaffiliés de la RAMQ vendredi, cela aurait assuré que les patients couverts par le régime public paieraient pour obtenir les services. Ces patients représentent 55 % de la clientèle des optométristes, une proportion croissante, selon l’AOQ.

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PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE ARCHIVES

Ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé

Mercredi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a justifié sa décision en évoquant les négociations qui visent le renouvellement de l’entente qui a expiré en 2020. « Ce qu’on veut, c’est se donner le temps de terminer les négociations. C’est toujours un peu la même chose. Je regarde toujours le point de vue du patient, des Québécois. À l’heure actuelle, je ne voudrais pas que les gens ne puissent pas se permettre les services optométriques dont ils ont besoin », a-t-il déclaré.

Rémunération

« Nos coûts de fonctionnement ont augmenté trois fois plus vite que les tarifs de rémunération à l’acte convenus par le gouvernement, de sorte que notre rémunération par visite d’un patient de la RAMQ est aujourd’hui de seulement 3,50 $ », explique D.r Fortin.

«Nous demandons un traitement raisonnable et équitable, pour continuer de jouer notre rôle partout au Québec et contribuer au désengorgement du système, notamment avec la gestion de quelque 180 000 urgences oculaires chaque année», a fait valoir D dans un communiqué.r Fort. On y indique que la rémunération des optométristes payée par la RAMQ représente 0,16 % du budget de la santé du Québec, soit environ 11 $ par Québécois et par année.

Selon la Loi sur l’assurance maladie, le ministre peut — s’il estime que la qualité des services médicaux offerts serait affectée par une augmentation du nombre de professionnels non adhérents exerçant le même type d’activité — suspendre par arrêté la possibilité de professionnels soumis à l’application d’une convention de non-participation.

Cet arrêté ministériel, qui entrera en vigueur jeudi, est valable pour une durée de six mois. Le ministre peut prolonger ce délai, mais la suspension ne peut excéder deux ans. Le ministre de la Santé peut toutefois prolonger à nouveau le délai, sans dépasser la période de deux ans pour chaque période de prolongation.

«Le ministre est d’avis que l’augmentation du nombre d’optométristes non participants affecterait la suffisance des services médicaux offerts aux assurés», peut-on lire dans l’arrêté publié mercredi.

L’opposition au Québec déplore que le gouvernement Legault doive recourir à un décret ministériel pour forcer les optométristes à demeurer dans le système public. «Évidemment, le gouvernement est incapable de s’entendre avec eux, alors il utilise la méthode forte depuis six mois», a commenté le député péquiste Joël Arseneau. Cela protège les services, on en convient, mais à un moment donné, il faut aussi que le gouvernement puisse s’entendre avec les acteurs du secteur de la santé. »

Son collègue libéral, André Fortin, était du même avis. « Aujourd’hui, on se retrouve avec, disons… une mesure nécessaire pour préserver les services à la population, mais qui aurait pu être évitée si le gouvernement avait négocié de bonne foi avec les optométristes. »

Le contenu sur la santé de la Presse Canadienne est financé grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable des choix éditoriaux.

 
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