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« La pente est raide » à deux jours de la fin

A deux jours de la fin de la conférence des Nations unies sur le climat, les Européens refusent toujours de révéler combien ils seront prêts à mettre sur la table pour aider les pays en développement, malgré la pression croissante de ces derniers.

“Maintenant, la partie la plus difficile commence”, a reconnu mercredi le coordinateur azerbaïdjanais des négociations, Yaltchin Rafiev.

Il reste encore de nombreux obstacles avant la conclusion de la conférence des Nations Unies de vendredi soir à Bakou.

“La pente est raide”, a admis le négociateur de l’Union européenne Wopke Hoesktra, les traits tirés. “Mais nous ne ménagerons aucun effort.”

Un nouveau projet d’accord plus compact sur le financement climatique devra être publié « à minuit », heure locale (20h00 GMT), a promis Rafiev, mais les délais de la COP n’engagent que ceux qui y croient.

En tout cas, ce ne sera pas encore le texte “définitif”, a prévenu la présidence du sommet, laissant présager d’intenses négociations nocturnes.

Un négociateur expérimenté attend le texte final vendredi soir, à la onzième heure.

L’absence de progrès sur le plan financier – mais aussi sur la question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre – alimente de plus en plus la frustration de tous ceux qui vivent dans les couloirs surchauffés du stade de Bakou.

“Aucun progrès n’a été réalisé sur la plupart des questions clés, et nous disposons désormais de textes plus longs et plus complexes qui rendront les décisions encore plus difficiles”, a déploré mercredi le représentant français Kevin Magron.

“Inimaginable”

Quel montant les pays développés devront-ils fournir chaque année dans le cadre du nouvel objectif financier ? Leur engagement actuel est de 100 milliards par an.

“Nous avons entendu trois propositions (…) de 900 milliards, 600 milliards et 440 milliards”, a déclaré l’Australien Chris Bowen, résumant ainsi les consultations menées ces derniers jours avec les différents pays par lui et l’Egyptienne Yasmine Fouad.

Les deux derniers chiffres sont d’anciennes revendications de l’Inde et du Groupe arabe, décrypte un observateur.

“Tous les pays en développement s’accordent sur le fait que nous avons besoin d’au moins 600 milliards par an de fonds publics” en provenance des pays riches, résume Iskander Erzini Vernoit, de l’institut marocain IMAL, à Bakou.

“On entend dans les couloirs des chiffres de 200 milliards proposés” par les pays riches : “c’est inimaginable, nous ne pouvons pas l’accepter”, a critiqué le négociateur en chef bolivien Diego Pacheco, donnant la parole en plénière au nom des pays en développement.

Ces différents montants ne représentent qu’une partie du total de 1 300 milliards de dollars requis chaque année par les pays en développement pour installer des panneaux solaires, fermer des centrales électriques au charbon ou encore construire des barrages pour faire face à la montée des eaux.

“Inquiétant”

Les pays développés, et l’Union européenne en particulier, attendent le dernier moment pour montrer leurs cartes.

Les Européens, attendus après l’élection de Donald Trump, multiplient les meetings. Et ils démontrent leur coopération avec la Chine : l’Allemande Jennifer Morgan a marché mardi soir dans les couloirs des délégations en compagnie de l’envoyé chinois pour le climat, Liu Zhenmin.

Les Vingt-Sept ne sont cependant pas forcément d’accord entre eux, selon certaines sources.

“Ce qui est inquiétant, c’est qu’à l’heure actuelle, personne ne donne de chiffre sur la table”, déplore auprès de l’AFP Susana Muhamad, la ministre colombienne de l’Environnement. « Il n’y a rien à négocier », dit-il avec impatience.

“Je ne vois pas l’intérêt de discuter publiquement de ces choses avant d’avoir établi les bases”, rétorque Wopke Hoekstra.

Les pays riches veulent également savoir comment leur argent public sera combiné avec d’autres sources de financement (fonds privés, nouvelles taxes mondiales, etc.). Ils veulent également s’assurer que l’argent aille réellement aux plus vulnérables.

L’Europe et les États-Unis, obligés de contribuer par la Convention des Nations Unies sur le climat en raison de leur responsabilité de pollueurs historiques, insistent également pour que la Chine, la Corée du Sud, Singapour et les pays du Golfe mettent en œuvre la mesure de manière plus précise et transparente. Mais ces pays refusent toute forme d’obligation.

Di Julien MIVIELLE, AFP

 
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