« Nous avons cherché et nous n’avons pas trouvé ; Faute de candidats, deux personnes ont donc été élues contre leur gré à l’exécutif, lors des élections municipales de 2024, le mois dernier», soupire René Jacquier, président du conseil communal de Collonges, petite commune du Bas-Valais. A Genève, “l’élection du maire de Collex-Bossy (1.683 habitants) pourrait être tacite au printemps prochain”, prévient l’adjoint au maire, Skander Chahlaoui. Alors qu’au bout du lac, les listes pour les conseils communaux seront closes le 2 décembre, le constat est général chez les élus romands: on ne se presse pas aux portes pour prendre position au Parlement ou dans les mairies. .
Non seulement les petites et moyennes communes, notamment, tirent régulièrement la langue pour trouver des candidats, « mais les gens restent moins longtemps qu’avant, ils s’épuisent », explique le magistrat collésien. Siéger pendant trois ou quatre législatures est terminé ; C’est plutôt un ou deux maintenant. Raison principale ? Avec des dossiers de plus en plus nombreux, variés et complexes, ainsi qu’une multiplication des séances, la charge de travail a « largement doublé » en une quinzaine d’années, selon les politiques interrogés.
Il est donc de plus en plus difficile pour les miliciens de jongler entre mandat électif, profession, famille et loisirs ; notamment pour les membres exécutifs. Travailleur social, Skander Chahlaoui a réduit son taux d’emploi depuis qu’il est devenu magistrat municipal en 2020 « et je devrai le baisser encore, si je suis réélu ». A Meyrin (GE-27 000 habitants), le conseiller administratif Laurent Tremblet n’avait pas le choix. Lorsqu’il a lancé une attaque contre la mairie il y a quatre ans (l’équivalent de 75 %), « mon employeur m’a félicité pour mon engagement… et m’a dit que si j’étais élu, je devais quitter l’entreprise ».
« Nous sommes nombreux à abandonner notre métier », insiste le Meyrinois. Ce qui pose aussi la question de notre reconversion.» Skander Chahlaoui poursuit : « Les compétences acquises dans le cadre de nos mandats ne sont pas valorisées. » Qu’est-ce qui rendrait les bénévoles potentiels encore plus hésitants ? Sans aucun doute.
Si René Jacquier a accepté de revenir, c’est peut-être aussi parce qu’il est à la retraite. Le président du Conseil municipal de Collongien enfonce le clou. « La charge de travail augmente certainement. Mais le manque de candidats s’explique aussi par un manque d’intérêt pour les affaires publiques.»
A cela s’ajoute une pression psychologique croissante, conclut la présidente de l’Association des communes genevoises, Karine Bruchez : « Sur les réseaux sociaux, on détruit des élus pour tout et pour rien, c’est insupportable ! Le respect de la fonction est tombé, nous sommes devenus des cibles.
Valoriser le travail des élus
L’opinion générale est que l’augmentation de la rémunération des élus ne semble pas être décisive pour générer des vocations. En revanche, favoriser le travail des membres exécutifs serait essentiel, afin de retrouver un emploi une fois leur mandat terminé. Pour quelques centaines de francs, l’association Swiss Leaders, qui collabore avec l’organisation faîtière des communes suisses, propose une certification aux magistrats qui le souhaitent. Cette dernière met en avant les compétences acquises à la tête d’une mairie (gestion du personnel, gestion de projet, technique de négociation, etc.).
Plusieurs élus, notamment ceux des petites communes, prônent également des fusions de communes, afin de rationaliser les ressources – humaines, notamment. A Genève, les conseillers administratifs dénoncent également la « charge administrative » de leurs tâches vis-à-vis du Canton. Ils prônent donc une simplification de certaines procédures et réclament plus d’autonomie communale.
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