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ENTRETIEN. « Ne plus pouvoir guérir une infection à cause de la résistance aux antibiotiques n’est pas de la science-fiction ! »

l’essentiel
La résistance aux antibiotiques pourrait causer la mort de 10 millions de personnes dans le monde en 2050, devant les cancers et les maladies cardiovasculaires. Pour sensibiliser à cette problématique, une journée grand public est prévue le mercredi 20 novembre à Toulouse.

Pour la deuxième année consécutive, l’alliance des cliniques indépendantes d’Occitanie Clinavenir organise une journée de sensibilisation au bon usage des antibiotiques. Les Drs Camille Fourcade et Lydie Porte, médecins infectiologues, soulèvent la question.

La résistance aux antibiotiques pourrait causer la mort de 10 millions de personnes dans le monde en 2050, quelle est cette menace sanitaire ?

Lorsque des bactéries deviennent résistantes aux traitements antibiotiques, on parle de résistance aux antibiotiques. Bien sûr, le recours aux antibiotiques est parfois nécessaire mais plus on les utilise en quantité ou de manière incorrecte (fortes doses, longue durée par exemple), plus on augmente le risque de résistance aux antibiotiques et donc le risque de ne plus pouvoir soigner. infections. . Si nous ne faisons rien, en 2050, la résistance aux antibiotiques pourrait devenir la première cause de décès dans le monde, devant le cancer et les maladies cardiovasculaires.

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Six semaines de cure à 880 € par jour

Aujourd’hui, êtes-vous confronté à des cas de résistance aux antibiotiques ?

Dans le cadre de notre pratique hospitalière, cela peut nous arriver trois à quatre fois par an. La résistance à certains staphylocoques a diminué mais on voit de plus en plus de bactéries multirésistantes ou très résistantes, notamment chez les personnes ayant voyagé dans des zones où ces bactéries sont présentes (Inde, Asie du Sud-Est, Grèce, Maghreb) ou ayant pris beaucoup d’antibiotiques. Lorsqu’un patient est infecté par l’une de ces bactéries, les traitements mis en œuvre sont très coûteux. Par exemple, nous avons le cas d’une personne qui a déclenché une infection postopératoire par une bactérie très résistante : elle devra être traitée pendant six semaines à raison de 880 € par jour. Si ce traitement ne fonctionne pas, il n’y aura pas de solution et si dans trois mois elle contracte une infection urinaire, on ne pourra pas non plus la soigner… Ce n’est pas de la science-fiction !

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Comment traiter le problème ?

N’oubliez pas que les antibiotiques ne sont pas toujours nécessaires ! La France fait partie du top 5 des plus gros consommateurs d’Europe. Il faut donc éduquer les médecins qui prescrivent et les patients qui, bien souvent, sont mécontents s’ils ne reçoivent pas de traitement. Mais on a du mal à faire passer le message, les idées fausses sont tenaces, trop de gens pensent que la grippe ou la rhinopharyngite peuvent se soigner avec des antibiotiques alors qu’il s’agit d’infections virales sur lesquelles les antibiotiques n’ont aucune efficacité. Même chose pour l’amygdalite qui n’est bactérienne que dans 10 % des cas. La moitié des prescriptions sont inutiles ou inappropriées.

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« L’antibiotique, un anxiolytique pour le médecin et le patient »

La recherche avance-t-elle pour trouver des alternatives aux antibiotiques ?

Pour l’instant non, il n’existe pas d’équivalent en dehors de la phagothérapie (traitement par phages) pour certaines infections ostéoarticulaires. Il faut donc vraiment lutter contre l’usage abusif des antibiotiques devenus anxiolytiques pour les patients qui pensent qu’ils vont tout résoudre et pour les médecins qui les prescrivent « au cas où ». Mais on sait aussi que les médecins généralistes, prescripteurs de 80 % des antibiotiques en médecine de ville, ne peuvent pas toujours appliquer les bonnes pratiques, à savoir réévaluer l’état du patient 48 heures ou 72 heures après la prise d’un antibiotique. ce qui permettrait de délivrer la bonne famille d’antibiotiques dans un délai ciblé.

Ateliers et quiz mercredi 20 novembre

La journée de sensibilisation à la résistance aux antibiotiques a lieu ce mercredi 20 novembre de 10h à 17h30 sur l’esplanade François Mitterrand (sortie du métro Jean-Jaurès). Organisée par des infectiologues du groupement de cliniques indépendantes Clinavenir, elle est également soutenue par plusieurs partenaires dont la Mairie de Toulouse, la CPAM, le Centre d’Appui à la Prévention des Infections Associées aux Soins d’Occitanie, le Centre Régional d’Antibiothérapie, l’Innovie et Unilabs. laboratoires, Tisséo.

Plusieurs activités sont prévues avec des médecins, infirmiers, biologistes : un quiz interactif pour faire le point sur vos connaissances, un atelier sur l’hygiène des mains et les gestes barrières, un stand d’information sur la vaccination et une performance de street art.

 
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