trois voix qui parlent d’une « famille détruite »

Leur père, Dominique Pelicot, est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands pervers de ce siècle. Le soutien à leur mère afflue du monde entier. Ils ont tout perdu. Lundi 18 novembre, David, le fils aîné, Caroline, la cadette, et Florian, le cadet, ont témoigné devant le tribunal correctionnel du Vaucluse. Trois voix. Trois abîmes de détresse. Trois solitudes surtout.

Tout chez David Pelicot, 50 ans, évoque son père. Le corps massif, le cou large, le contour des cheveux et même l’inflexion des sourcils. Le 2 novembre 2020, après sa sœur et avant son jeune frère, il reçoit un appel de sa mère, lui annonçant que son père l’avait livrée à des dizaines d’inconnus pour la violer. Les trois enfants ont pris le même train le lendemain matin pour rejoindre le commissariat de Carpentras (Vaucluse) où les attendait leur mère. Ensemble, ils vidèrent la maison de Mazan de tout ce qui leur rappelait leur père. Gisèle Pelicot revient à Paris avec eux, “elle n’avait qu’une valise et son chien”, se souvient David. De retour chez lui, il s’effondre dans les bras de sa femme : « Mon père n’existe plus. »

De « cet homme », comme il l’appelle désormais, et dont il était si proche, David Pelicot a découvert lors de l’enquête qu’il avait dans son ordinateur une photo de sa femme, Céline, nue et enceinte de leurs jumeaux, prise à son insu à leur domicile. Il a également appris que « cet homme » avait proposé avec insistance à son petit-fils, alors âgé de 3 ans, de « jouer au docteur » (une plainte est en cours). « Mais comment as-tu pu faire une chose pareille ? S’il vous reste encore un peu d’humanité, dites-nous la vérité ! », lui crie-t-il. ” Rien ! Rien ! Je n’ai rien fait à mes enfants ni à mes petits-enfants ! »tonne Dominique Pélicot. Son fils se détourne. « Ce procès n’est pas seulement celui de Gisèle Pelicot. J’espère que tu ne m’en voudras pas, maman, d’avoir dit ça. C’est celui de toute une famille détruite. »

Florian lui succède à la barre. Même beau visage, même silhouette élancée que sa mère. « Vous avez dit qu’elle était une sainte. Mais vous êtes le diable lui-même, en fait ! Notre famille a complètement explosé. Comment fait-on ? Quelles sont les instructions d’utilisation ? », dit-il à l’homme dans la boîte. L’enquête a révélé que son père, cadet de la fratrie, avait également photographié sa femme, Aurore, nue dans la salle de bain, et réalisé un photomontage avec son pénis sur le corps de la jeune femme. Son couple n’a pas survécu aux révélations, Aurore s’est constituée partie civile de son côté.

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