Les « désaccords » entourant le départ d’Haroun Bouazzi sur la « construction de l’Autre » sont « derrière » Québec solidaire (QS), a affirmé dimanche Gabriel Nadeau-Dubois, après que des militants du parti ont adopté une motion affirmant et forte que l’Assemblée nationale et ses les membres ne sont pas racistes.
A l’issue d’un congrès où les propos de M. Bouazzi sur la “construction de l’Autre” ont occupé tous les esprits, les délégués ont soutenu dimanche après-midi une résolution condamnant “fermement” les menaces dont M. Bouazzi est la cible depuis cette semaine, mais affirmant sans équivoque « que Québec solidaire ne soutient pas et n’a jamais soutenu que l’Assemblée nationale et ses députés soient racistes ».
Les militants solidaires ont préféré cette motion, déposée par la direction du parti, à une seconde proposition que 13 associations locales et nationales avaient déposée la veille pour que le parti « exprime publiquement son soutien aux propos d’Haroun Bouazzi concernant la construction du Autre”.
Ces derniers jours, les deux porte-parole et plusieurs députés de QS avaient fustigé M. Bouazzi pour ses propos polémiques. Lors d’un discours prononcé au début du mois, l’élu de Maurice-Richard a laissé entendre que le discours politique dominant à l’Assemblée nationale favorisait l’intolérance et la discrimination.
«Ces désaccords sont derrière nous», a déclaré dimanche le porte-parole de la solidarité Gabriel Nadeau-Dubois après le vote. « La page est tournée. Le débat a été résolu par les membres. » Selon son nouveau collègue comme porte-parole, Ruba Ghazal, le parti en ressort « uni ».
« Construction de cet Autre »
Depuis que les propos de M. Bouazzi ont été rendus publics, plusieurs élus de l’Assemblée nationale ont demandé à Québec solidaire d’« agir » et envisagent même de l’exclure du caucus. Le député solidaire nie avoir jamais dit que les élus de l’Assemblée nationale étaient racistes.
Lors de son discours prononcé devant une organisation représentative de la communauté maghrébine, il a déclaré : « On voit malheureusement – et Dieu sait que je vois ça tous les jours à l’Assemblée nationale – la construction de cet Autre. De cet Autre, qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est indigène, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure. »
Les militants de Solidarité ont refusé dimanche que les débats sur les propos d’Haroun Bouazzi soient exposés au grand jour. En milieu d’après-midi, le Comité national de coordination de QS a soumis une proposition pour une séance à huis clos avec les médias dimanche après-midi, qui a été approuvée par les délégués présents. Selon l’équipe de communication du parti, cela a été fait « à la demande des membres ».
Les discussions autour des motions de soutien et d’opposition au discours du député Haroun Bouazzi sur le racisme se sont donc déroulées à huis clos. A l’issue des débats, le principal concerné a soutenu que la résolution adoptée par les députés « réaffirme l’unité du parti et du caucus ».
Le dossier Bouazzi secoue le congrès
Le congrès de la fin de semaine marquera un tournant pour Québec solidaire, qui a officiellement élu samedi le député Ruba Ghazal comme porte-parole. Plusieurs propositions visant à réformer les statuts et règlements du parti étaient également à l’ordre du jour.
Samedi soir, alors même que les discussions autour de M. Bouazzi se poursuivaient, M.moi Ghazal a plaidé pour que son parti se concentre davantage sur une posture nationaliste « ouverte », « positive » et « féministe », sans contribuer à la montée des tensions sur l’identité québécoise.
«Si vous en avez assez de l’escalade identitaire, je vous le dis, Québec solidaire est votre maison, vous êtes les bienvenus», a-t-elle déclaré lors d’un discours prononcé quelques instants après avoir obtenu l’appui de 91,4 % des délégués réunis en congrès spécial. .
Samedi après-midi, les délégués ont également adopté une résolution leur permettant d’adopter des politiques d’action positive dans le choix de leurs candidats électoraux. Selon des « critères de représentativité » fixés par les adhérents, la direction du parti aura donc le pouvoir d’interdire les candidats masculins dans certaines courses à l’investiture.
En adoptant cette posture, les militants mettent fin à plus d’un an et demi de réflexion sur la question de la parité à Québec solidaire.
Cela a commencé en 2023, lorsque, pour assurer une meilleure parité au sein du caucus des députés, le président du parti avait suggéré que la candidate à l’élection partielle de Jean-Talon, au Québec, soit une femme.
Cet appel à nommer la professeure de comptabilité Christine Gilbert n’a pas porté ses fruits, et c’est un homme, Olivier Bolduc, qui a représenté le parti lors de l’élection, après avoir refusé de céder sa place. M. Bolduc a finalement terminé troisième au scrutin supplémentaire.
Puis, en novembre 2023, lors d’un congrès à Gatineau, les solidaires ont décidé d’imposer la candidature des femmes à toutes les élections partielles qui se tiendraient d’ici la refonte des statuts — qui a eu lieu ce week-end. . Aucun vote n’a été demandé depuis.
Les délégués ont également approuvé ce week-end une série de changements dans leurs processus électoraux internes. Désormais, les courses au poste de porte-parole mèneront à l’élection d’un « chef au sens de la Loi électorale », ce qui permettra au parti de récolter des fonds et de développer son effectif.
Environ un an avant les élections générales, les membres de Québec solidaire éliront également leur candidat au poste de premier ministre au suffrage universel. La personne choisie deviendra par la même occasion le leader parlementaire du parti, au moins jusqu’au vote.
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