Établissements d’enseignement supérieur –
Un climat d’intimidation règne sur les campus
Les militants sont partout et font peur. Il existe un danger d’« extrémisme potentiel », note une lettre adressée à la direction de l’EPFL. L’UNIL a porté plainte pour déprédations et dénonciation. Les mesures de sécurité sont renforcées à Dorigny.
Publié aujourd’hui à 19h15
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- L’Université de Lausanne a déposé une plainte pénale pour dénonciations et graffitis pro-palestiniens.
- Les étudiants juifs et israéliens se sentent menacés par les activités anti-israéliennes.
- L’EPFL renforce ses mesures de sécurité après des incidents impliquant des manifestants pro-palestiniens.
Des graffitis rouge vif sont apparus sur le campus de Dorigny : « Génocide à Gaza, UNIL complice ». Cette semaine, l’Université de Lausanne a déposé plainte pour floutage. Depuis des mois, des groupes pro-palestiniens appellent au boycott d’Israël. L’UNIL n’étant pas intervenue, une liste circule, dénonçant des professeurs et assistants ayant des liens avec des universités israéliennes.
La semaine dernière, une lettre signée par 80 personnes a été remise à la direction de l’EPFL. Intitulé « Extrémisme potentiel et enseignement biaisé », le message de 30 pages explique pourquoi les étudiants et employés juifs et israéliens de l’école polytechnique sont de plus en plus déstabilisés.
Depuis l’automne dernier, un climat d’intimidation règne sur le campus. Autocollants et tracts en faveur de la libération de la Palestine fleurissent, les slogans remettant en cause l’existence d’Israël côtoient les apologies de la résistance armée.
La lettre dénonce la présence d’étudiants agressifs, de professeurs militants solidaires de ces actions et d’intervenants propageant une vision unilatérale du conflit au Moyen-Orient. Conclusion : « Les organisations dites pro-palestiniennes qui opèrent actuellement sur le campus de l’EPFL ne sont pas pro-palestiniennes, mais plutôt anti-israéliennes. »
À l’EPFL, un tract a circulé appelant à l’interruption d’un événement organisé par l’association étudiante juive Shalom, censée représenter « les fabricants d’armes et le régime génocidaire d’Israël ». Le système de sécurité a été renforcé pour l’occasion.
Le 9 octobre 2024, jour anniversaire de l’attentat terroriste contre Israël, environ 300 manifestants ont défilé entre l’UNIL et l’EPFL, accusant la Haute École de complicité de génocide. De la peinture rouge était répandue sur le sol, symbolisant « le sang sur les mains de l’institution ».
Une provocation, explique Jacques Ehrenfreund, professeur d’études juives à l’UNIL : “Les palmes sanglantes sont une allusion à un lynchage qui a eu lieu à Ramallah en 2000.” Un assassin palestinien a tendu ses mains ensanglantées par la fenêtre après avoir tué deux soldats israéliens. Depuis longtemps, Jacques Ehrenfreund observe avec inquiétude le climat qui règne à l’université. Il souhaiterait une réaction plus musclée.
Comment réagit la direction de l’EPFL ? Interrogée, Kathryn Hess Bellwald, vice-présidente adjointe aux affaires étudiantes, s’est dite sensible à la position des auteurs de la lettre. Cependant, comme la manifestation s’est déroulée sur le domaine public à l’extérieur des bâtiments, il a été décidé de l’observer sans intervenir. « La situation est très complexe, explique-t-elle.
Notre journaliste s’est entretenu avec une demi-douzaine de personnes, qui souhaitent rester anonymes. Ils craignent tous l’hostilité. Un enseignant de l’Université de Genève souligne que “depuis décembre 2023, ces militants sont partout”.
« La liberté d’expression est un principe fondamental […] mais il est limité par des lignes directrices claires. Nous rejetons toute forme d’incitation à la violence, à la discrimination, à l’islamophobie et à l’antisémitisme», précise l’Université de Genève.
Actuellement, le nom de Joseph Daher circule à Lausanne. Ce professeur suisse et syrien en visite à l’UNIL donne également des cours à l’EPFL. Il se présente comme un activiste. Le 9 octobre, il a affirmé que l’État d’Israël pratiquait l’apartheid.
Daher ne fait apparemment pas de distinction entre son rôle d’activiste et celui d’enseignant. Kathryn Hess Bellwald souligne que si un professeur « se comporte de manière militante, c’est délicat, mais cela relève de la liberté d’expression. De plus, Joseph Daher n’est que professeur invité chez nous. Il appartiendrait donc à l’Université de Lausanne de réagir.» Une conférence sur « l’histoire et l’idéologie du sionisme » est annoncée pour fin novembre à l’Université de Genève. Joseph Daher sera l’un des intervenants. Sollicitée, l’UNIL n’a pas réagi à nos sollicitations.
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Andreas Kunz est rédacteur en chef du SonntagsZeitung.Plus d’informations
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