«Si le gouvernement fédéral reste pendant des mois dans les affaires courantes, nous nous heurterons à un mur budgétaire»

Tant mieux ? L’Open VLD entrera alors dans l’opposition et en êtes-vous content ?

L’opposition n’est pas synonyme de drame. Le Vooruit était dans l’opposition en Flandre, les Engagés également du côté francophone. Et ils sont revenus en force. L’Open VLD a besoin de temps pour se reconstruire. Depuis juin, la balle n’est plus dans notre camp. Compte tenu de la situation budgétaire, nous avons même été consternés de constater que les discussions « Arizona » n’avançaient pas après cinq mois de discussions.

Une majorité « Arizona » au niveau fédéral ne ferait pas les affaires du PS

Un gouvernement de centre droit sans les socialistes et avec à son bord l’Open VLD (la coalition « Lagon », donc) vous aurait permis de mettre en œuvre votre programme.

C’est vrai, mais cette coalition exigerait que nous nous présentions rapidement à la table des négociations pour discuter des réformes des retraites, du marché du travail, etc. Ce n’est pas le cas. Il est surprenant de voir qu’aux États-Unis, on parle de réduire drastiquement les dépenses publiques, qui représentent 26% du PIB, alors qu’elles sont déjà bien inférieures à celles de la Belgique. Ayant vécu aux USA, je sais que nous n’avons pas les mêmes services publics ni la même sécurité sociale. Mais la Belgique est, en Europe, parmi les pays qui ont la plus forte proportion de dépenses publiques – 54% du PIB, c’est gigantesque ! – alors que la Finlande, la France et l’Italie s’en sortent moins bien que nous. Il va falloir réduire les dépenses publiques. J’espère que le futur gouvernement le fera. Mais j’entends dire qu’on parle d’augmenter les impôts, bien au contraire. C’est une solution simple et pas la bonne.

Mais est-il possible d’équilibrer le budget sans augmenter de nouveaux impôts ? Il faudra trouver 25 milliards d’euros auprès du législatif…

Et même 27,5 milliards, selon les derniers chiffres. Certains négociateurs estiment qu’il s’agit seulement de 16 milliards d’euros. Ils comptent sur les « effets de rétroaction » des politiques futures. Il faudra avoir un dialogue technique avec la Commission européenne sur ce sujet. Si c’est 16 milliards au lieu de 27,5, alors équilibrer les comptes sera un jeu d’enfant. Tant que les réformes sont mises en œuvre – ce qui ne sera pas difficile sans le PS, Ecolo et Groen dans la future coalition – cela est réellement réalisable. Chez Vivaldi, ce qui était compliqué, c’était de gouverner avec un PS qui ne voulait absolument rien faire en matière de retraites. Je suis beaucoup plus social que les socialistes, car je sais que si on ne remet pas de l’ordre dans la sécurité sociale et notamment dans les retraites, il n’y aura plus de sécurité sociale. On va droit dans le mur : sur les grands postes de la Sécurité sociale, d’ici 2029, les retraites augmenteront mécaniquement de près de 15 milliards d’euros, 8 milliards en santé, 3 milliards en maladie-invalidité… Si le gouvernement fédéral reste pendant mois, nous allons nous heurter à un mur budgétaire.

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Si une nouvelle équipe fédérale n’est pas rapidement mise en place, nous passerons l’année 2025 dans un système de « douzièmes provisoires ». Un régime qui repose sur le simple renouvellement du budget 2024, faute d’accord politique. Nous perdrons un an de réforme.

Passer aux douzièmes provisoires serait dramatique car cela signifierait que nous n’aurions pas de budget pour 2025. La Belgique sera comme un bateau à la dérive au vent. Chaque mois perdu est une tragédie. Notamment en matière fiscale où certaines règles ne peuvent s’appliquer que pour l’année suivante, car il faut travailler sur une année fiscale complète.

Eva De Bleeker soutenue sur les réseaux sociaux Les propos radicaux de Trump en matière de réduction des dépenses publiques, elle souhaiterait appliquer les mêmes recettes en Belgique. Mais est-ce possible ?

Je ne serai jamais fan du personnage ou de son style, mais toutes les idées de Donald Trump ne sont pas mauvaises. Heureusement. Ce qui est intéressant dans sa proposition, c’est qu’il veut réfléchir avec des personnalités qui ont de l’expérience dans le secteur privé pour faire bouger les choses au sein de l’Etat. Je ne sais pas ce que cela signifie aux États-Unis, mais Eva De Bleeker a raison d’appeler à plus d’efficacité en Belgique, compte tenu de notre niveau de dépenses publiques.

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