Dans l’embarras pendant 24 heures, le député Haroun Bouazzi, de Québec solidaire (QS), soutient que les propos qu’il a tenus sur des allégations de racisme à l’Assemblée nationale étaient « déformés ».
Dans une longue entrevue accordée vendredi à l’émission de Montréal Tout un matinsur ICI Première, le représentant de la circonscription Maurice-Richard au Parlement a réitéré qu’il n’avait pas Jamais
traité personne
de raciste
.
M. Bouazzi est sur la sellette depuis une tribune publiée jeudi dans le Journal de Montréal a attiré l’attention sur un discours prononcé par le principal concerné au début du mois lors d’un gala organisé par la Fondation Club Avenir, une OSBL travailler pour l’intégration des communautés maghrébines dans la société d’accueil
.
Dieu sait que je vois cela chaque jour à l’Assemblée nationale, la construction de cet autre, de cet autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est indigène, et de sa culture qui, par définition, serait dangereux ou inférieur
» a-t-il déclaré, suscitant les applaudissements du public.
De nombreux élus ont rapidement condamné ce discours jeudi. M. Bouazzi a même été repoussé par les porte-parole de QSGabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal, qui ont qualifié ses propos de maladroit
etexagéré
.
Dans le club mal cité
?
Le principal concerné persiste cependant et signe, lui qui avait déjà déclaré jeudi sur le réseau X qu’il n’avait pas n’a jamais dit que les élus à l’Assemblée nationale étaient racistes
.
Dans un entretien avec Patrick Masbourian – le seul qu’il a accepté de donner à ce sujet – Haroun Bouazzi a expliqué vouloir de pédagogie
et a déploré que ses paroles aient été mal interprétées.
Je comprends qu’il y a toutes sortes de gens qui sont gênés par le fait que je puisse enseigner la façon dont nous considérons les autres comme dangereux.
Adage très confortable
Avec ce qu’il a dit devant la Fondation Club Avenir, M. Bouazzi n’a pas voulu s’excuser pour ses propos, malgré les opportunités offertes par l’animateur en ce sens. Tout au plus se dit-il désolé que les gens se sentent interpellés
quand il [dit] qu’il y a des gens qui participent à la construction de l’autre
.
Le député a toutefois reconnu que certains sujets étaient plus difficile
que d’autres à s’adresser sur la place publique et a salué le courage
qu’il a fallu pour le faire.
Précisant qu’il n’avait lui-même jamais été victime de discrimination au Québec, M. Bouazzi a expliqué vendredi avoir voulu, dans son discours lu devant la Fondation Club Avenir, dénoncer la mécanismes du racisme
accusant la Coalition Avenir Québec (CAQ) et le Parti Québécois (PQ) de blâmer trop souvent les immigrants.
Le député a même insinué que le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon était un adepte de la théorie complotiste du grand remplacement, à laquelle Patrick Masbourian s’est immédiatement opposé, reprochant à son interlocuteur de faire extrapolations et fusions
.
L’entretien accordé par Haroun Bouazzi à « Tout un matin », vendredi
Photo : Radio-Canada / Marie-Ève Cloutier
Pour appuyer ses propos, M. Bouazzi a notamment rappelé que le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait, la semaine dernière, justifié la difficulté de mener à bien son Plan Santé par la présence, entre autres
de 600 000 [immigrants] temporaire
au Québec.
Il a également rappelé que le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, avait soutenu, il y a deux semaines, que les nouveaux arrivants
avait un impact
sur la demande
en matière de protection de la jeunesse.
S’il ne voulait pas qualifier ces déclarations de raciste
M. Bouazzi les a invoqués à plusieurs reprises vendredi pour illustrer son propos, comparant ces sorties à celles de Jean Boulet, qui, lors de la campagne électorale de 2022, avait soutenu que 80 % des immigrants avaient du mal à s’intégrer à la société québécoise.
Le ministre Lionel Carmant répondant à une question de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, le mercredi 30 octobre dernier, au Salon rouge.
Sans surprise, l’entretien de M. Bouazzi avec Tout un matin a déclenché vendredi une pléthore de réactions sur le réseau X, à commencer par celles des ministres concernés.
Christian Dubé, avant tout, a accusé à son tour le député solidaire de déformer les faits. M. Bouazzi cherche d’autres responsables des propos regrettables qu’il a lui-même tenus ; il doit se rétracter
a-t-il déclaré.
Le ministre Carmant a également protesté. Je n’accepterai jamais d’être accusé d’alimenter le racisme, a-t-il répondu. Je suis un fier Québécois d’origine haïtienne. Haroun Bouazzi dépasse les limites. Québec solidaire doit réagir immédiatement.
Le leader parlementaire du CAQSimon Jolin-Barrette, de son côté, a laissé entendre que M. Bouazzi devrait être exclu de son groupe à l’Assemblée nationale. Québec solidaire ne peut pas tolérer ce genre de propos au sein de son caucus
dit-il.
Même histoire PQ : Québec solidaire devra prendre une décision, [et] rapidement
a déclaré le député Pascal Bérubé, quelques minutes après la fin de l’entrevue, vendredi. C’est l’intégrité de l’Assemblée nationale qui est en jeu
il a plaidé.
Alec Castonguay discusses the “Bouazzi affair” with Chantal Hébert and Paul Journet at “L’agenda”.
Cette affaire intervient à l’occasion d’un congrès spécial sur les statuts de QS. Cela risque de faire de l’ombre au sacre de Ruba Ghazal, qui sera confirmée samedi dans son rôle de nouvelle porte-parole féminine du parti.
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