Québec solidaire (QS) rebute son député Haroun Bouazzi après la publication d’un extrait de son discours au gala de la Fondation Club Avenir, qui lui a valu des condamnations de la part de tous les autres partis.
Les deux co-porte-parole de QSGabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal, ont rappelé à l’ordre le député de Maurice-Richard, qui estime pour sa part avoir été incompris.
Dieu sait que je vois cela chaque jour à l’Assemblée nationale, la construction de cet autre, de cet autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est indigène, et de sa culture qui, par définition, serait dangereux ou inférieur
a déclaré le député de Maurice-Richard (Montréal), avant d’être applaudi par la foule.
Sur le réseau X, Mme Ghazal a indiqué qu’elle et M. Nadeau-Dubois avaient une bonne discussion
avec M. Bouazzi jeudi matin.
On lui a dit que ses propos étaient maladroits et exagérés
elle a écrit.
Aucun député de Québec Solidaire ne pense que les députés québécois sont racistes.
Ce mea-culpa n’est pas suffisant, de l’avis du chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon.
Le Parti québécois a souvent été visé par M. Bouazzi, qui l’a déjà accusé de racisme, a rappelé le leader souverainiste.
Il y en a des dizaines [de déclarations] et c’est loin d’être une anecdote
a déploré M. St-Pierre Plamondon.
Lorsque Québec solidaire a décidé d’en faire son candidat et député à l’Assemblée nationale, il savait très bien quelles étaient les opinions de M. Bouazzi sur le Québec, sur nos institutions et nos partis politiques, alors Québec solidaire a la responsabilité de corriger plus clairement la situation. que d’avoir une conversation avec Haroun Bouazzi
a déclaré M. St-Pierre Plamondon lors d’une mêlée de presse à Montréal, invitant les électeurs de Maurice-Richard à se souvenir des frasques de leur député lors des élections dans deux ans.
De son côté, l’ancien député solidaire Amir Khadir a pris position en faveur de M. Bouazzi dans un texte publié jeudi sur Facebook.
N’en déplaise à nos amis bien-pensants qui hurlent avec les loups contre Haroun, il a malheureusement raison : ce « double standard » est profondément enraciné dans un racisme qui ne dit pas son nom !
il a écrit.
Dans la foulée, M. Khadir a fustigé le premier ministre François Legault pour avoir bloqué une motion condamnant Israël.
François Legault et son gouvernement bloquent une motion visant à condamner le génocide perpétré par Israël avec la complicité du gouvernement Trudeau qui continue de lui vendre des armes. Pourquoi, demandez-vous ? Je vous le dis comme je le pense : pour notre Premier ministre, la vie des Palestiniens, les milliers d’enfants massacrés, ont peu de valeur. Si peu que ça ne vaut même pas une condamnation
il a insisté.
Incompris, estime Haroun Bouazzi
De son côté, M. Bouazzi ne s’est pas excusé : il affirme plutôt avoir été incompris.
Je n’ai jamais dit que les élus à l’Assemblée nationale étaient racistes, a-t-il assuré. Je regrette que mes collègues l’aient interprété de cette façon.
Il prétend plutôt avoir exprimé son inquiétude face aux discours quotidiens qui pointent du doigt les immigrants comme la Source d’une grande partie des problèmes au Québec
.
Pascal Bérubé (Archive photo)
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Vous savez très bien ce que vous avez dit en évoquant votre vie quotidienne à l’Assemblée
a répondu le député péquiste Pascal Bérubé.
Ces accusations sont graves. Votre refus aussi.
Des parlementaires d’autres partis politiques ont également condamné les déclarations de M. Bouazzi via le réseau X.
En tenant des propos aussi radicaux, le député Haroun Bouazzi sait très bien ce qu’il fait : il divise
a écrit le leader parlementaire du gouvernement et ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette. Un élu a plutôt la responsabilité de s’unir.
De son côté, la députée libérale Marwah Rizqy a rappelé dans un long message qu’elle était elle-même d’origine marocaine et qu’on ne lui avait jamais fait sentir dangereux
ou inférieur
à l’Assemblée nationale.
Les accusations de racisme contre l’Assemblée nationale et ses parlementaires sont très graves et nécessitent le plus grand sérieux. Ils doivent être étayés par des faits, sinon ils jettent un immense discrédit sur l’Institution des institutions. Des explications sont nécessaires.
Le Règlement de l’Assemblée nationale prévoit queun député qui a la parole ne peut pas tenir un langage grossier ou irrespectueux à l’égard de l’Assemblée
mais son champ d’application s’étend à l’enceinte du Parlement.
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La députée libérale Marwah Rizqy. (Photo d’archives)
Photo : Karine Dufour / Tout le monde en parle
Mme Rizqy a ajouté qu’elle avait hésité avant de parler, mais que il est important que chaque Québécois, peu importe son origine ethnique ou sa religion, sache qu’il est possible au Québec d’aspirer aux plus hautes fonctions
.
Son collègue, le député Monsef Derraji, a pour sa part écrit : L’essentiel est de se sentir chez soi. Si nous nous reconnaissons comme Québécois, c’est ainsi que nous serons perçus.
La comparaison qui a mis le feu aux poudres
Dans son discours, M. Bouazzi a également fait un parallèle entre deux controverses récentes pour illustrer son argumentation sur le profilage des minorités maghrébines et musulmanes.
Il a notamment fait référence à l’école publique de Bedford, à Montréal, où une enquête a déterminé qu’une clique d’enseignants d’origine nord-africaine se livrait au prosélytisme et avait instauré un climat toxique.
Il a dit qu’il avait entendu des commentaires sur des professeurs incompétents et tout le discours qui accompagne l’entrisme, l’invasion de cette culture et le danger qui l’entoure
.
Et à titre de comparaison, il a évoqué le scandale au centre de réadaptation de la Cité-des-Prairies à Montréal, où une dizaine d’éducateurs ont eu des relations sexuelles avec de jeunes criminels, dont plusieurs mineurs, selon une enquête interne.
Savez-vous de quelle culture ils sont issus ou quelle est leur religion ?
il a demandé au public.
Moi non plus, mais ce que je peux vous dire, c’est qu’ils ne sont ni maghrébins ni musulmans, car sinon, on serait sûr de savoir de quelle religion ou origine ils sont.
» a-t-il déclaré sous les applaudissements de la foule.
La Presse Canadienne a tenté d’obtenir une réaction de la Fondation Club Avenir, mais l’organisation n’a pas répondu à notre demande.
Cette fondation se décrit comme une organisation à but non lucratif qui œuvre pour l’intégration des communautés maghrébines dans la société d’accueil.
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