La CSN a commandé un sondage auprès des Québécois sur le système de santé. Pas de surprise, l’ambiance n’est ni à la réjouissance ni au grand optimisme. Depuis des décennies, la population vieillit, les besoins augmentent tandis que le système s’enracine. De ce fait, il n’est pas toujours facile d’en prendre soin.
Cette enquête a fourni des données fondamentales pour bien comprendre ce qui se passe. De nombreux Québécois disent se priver de soins de santé, en raison de l’attente et de la difficulté d’y accéder. L’année dernière, c’était le cas de 43% de la population !
Pourquoi ce numéro est-il si important ? Parce que ce n’est pas le fruit du hasard. Le Canada a choisi d’offrir des soins de santé gratuits. Il est interdit de facturer des services sur le réseau public, il n’est même pas légal de mettre en place un ticket modérateur en cas d’urgence. Peu de pays ont fait ce choix. Nous comprenons pourquoi lorsque nous voyons nos résultats.
Gratuit
La théorie économique est simple et claire : lorsqu’un bien ou un service est gratuit, la demande explose naturellement. Oubliez l’équilibre entre l’offre et la demande lorsque le prix est nul. Il faut donc trouver d’autres moyens de restreindre la demande. Dans la plupart des cas, cet obstacle attend.
Dans les pays communistes, le gouvernement fixait le prix du pain à un niveau qui le rendait accessible à tous. Joli principe d’égalité, mais en pratique il fallait attendre des heures pour avoir un morceau de pain et il n’en restait plus pour les derniers de la file…
C’est un peu ce qui se passe en matière de santé. La durée d’attente et la complexité d’accès aux services freinent la demande de services et permettent ainsi de maîtriser les coûts. Autrement dit, les 43 % qui se privent de service ne sont pas un accident, c’est intentionnel dans le système de santé canadien soi-disant gratuit et universel.
En fin de compte, tout doit avoir un prix. Dans le cas des soins de santé au Canada, les gouvernements précédents ont fait le choix que le prix ne pouvait pas être financier. Le prix deviendrait donc du temps. A attendre.
Ai-je le temps ?
On craignait que les personnes sans argent ne soient mal soignées. Nous avons décidé que l’argent ne serait plus un facteur. Le nouveau facteur pour obtenir des soins sera d’y consacrer du temps.
Ce que nous avons oublié, c’est que le fardeau était simplement transféré sur le dos de ceux qui n’avaient pas le temps. Les travailleurs indépendants, les propriétaires de petites entreprises, les agriculteurs, tous ceux qui ne peuvent pas perdre une journée entière à aller voir un médecin pendant cinq minutes.
Ces gens occupés deviennent des laissés-pour-compte. Malheureusement, il s’avère que ces gens sont aussi la vache à lait du gouvernement. C’est sur leurs épaules (surtout leurs impôts) que repose tout notre beau système social.
Sommes-nous surpris que certains d’entre eux se tournent vers le secteur privé ?
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