Les licenciements seront effectifs à la mi-décembre, apprend-on The Nouvelliste. Ces réductions s’inscriraient dans un plan global, qui voit aujourd’hui une centaine de fonctionnaires de l’ARC être licenciés à travers le Québec, et 600 au total à travers le pays.
Selon les informations que nous avons pu recueillir, une soixantaine de travailleurs licenciés travaillaient au service de collecte. Tous titulaires d’un statut temporaire, les salariés ne verront tout simplement pas leur contrat renouvelé. Certains étaient apparemment employés par l’Agence depuis plusieurs années.
Le salaire d’entrée pour la catégorie d’emploi ciblée est d’un peu plus de 65 000 $ par année.
Par effet domino, on apprend également que les chefs d’équipe se voient eux aussi rétrogradés à des postes subalternes, avec des réductions de salaire qui se chiffreraient en dizaines de milliers de dollars.
Bref, une masse salariale potentielle de plus de quatre millions de dollars s’évapore de l’économie locale. Le chiffre mérite toutefois quelques nuances, puisque certains des employés licenciés viennent peut-être de l’extérieur de la région et ne se présentaient pas quotidiennement à Shawinigan. Ce sont des données impossibles à vérifier au niveau syndical, nous dit-on, et The Nouvelliste était toujours en attente d’éclaircissements de la part de l’ARC au moment de la rédaction du présent rapport.
L’ARC explique
À l’Agence du revenu du Canada, on invoque « l’utilisation responsable des fonds publics », liée notamment à une réduction des besoins à la sortie de la pandémie, pour justifier les licenciements. Ce sont donc les contrats d’environ 600 salariés qui ne sont pas renouvelés, confirmons-nous, sans donner de précisions sur la répartition géographique des suppressions, effectives à partir du 13 décembre.
« Nous comprenons que la rupture prématurée de ces contrats puisse surprendre de nombreux salariés et managers. Il n’existe pas de moyen simple de communiquer cette nouvelle, et nous reconnaissons que cela peut provoquer du stress, surtout à l’approche de la fin de l’année », affirme-t-on dans une communication écrite.
“Dégoûtant!”
Dans l’édifice Shawinigan-Sud, la nouvelle a créé une onde de choc, malgré les signaux d’alarme lancés la semaine dernière par l’ARC, qui parlait de « décisions difficiles » à venir.
«Ça se passe deux semaines avant Noël… C’est dégueulasse, je n’ai pas d’autres mots», déclare Julien Nobert, président du Syndicat des travailleurs du fiscalité de Shawinigan.
Si l’annonce d’aujourd’hui ne le surprend qu’à moitié, lui qui avait haut et fort clamé son inquiétude en début de semaine, M. Nobert constate que les coupes se font en première ligne, ce qui pourrait être de mauvais augure pour la suite des choses.
«Nous sabrons dans la vache à lait [le recouvrement]Selon vous, que va-t-il arriver ensuite ? Je m’attends à plus de vagues au fil des semaines. Ce n’est que le début.
— Julien Nobert, président du Syndicat des travailleurs du fiscalité de Shawinigan
Julien Nobert dit avoir reçu des retours lui laissant penser « qu’un grand ménage est en train d’être fait au niveau de l’administration centrale ».
Cynique, celui qui s’inquiétait que le nouvel édifice fédéral de l’ARC à Shawinigan-Sud se voie amputer d’un étage lors de la construction se demande maintenant si les nouveaux bureaux ne seront pas finalement trop spacieux.
« De plus en plus, on se dit que ça va revenir, et peut-être que ça reviendra même après cinq jours par semaine », ironise Julien Nobert, évoquant un recul des dispositions de la convention collective sur le télétravail. «Cela aussi crée de l’inquiétude», déplore-t-il.
12 ou 60 licenciements ?
Invité à commenter, le bureau du député de Saint-Maurice–Champlain, François-Philippe Champagne, a indiqué détenir des informations selon lesquelles seulement 12 des 60 mises à pied toucheraient des gens de la région. Les 48 autres concerneraient le syndicat local, mais ne seraient pas liés aux installations de Shawinigan-Sud à proprement parler*.
Il n’a pas été possible de préciser davantage, d’autant que le syndicat continue de déplorer la perte de 60 postes, malgré l’ambiguïté.
Quoi qu’il en soit, dans une communication écrite, le cabinet du ministre Champagne affirme que « nous sommes toujours sensibles lorsqu’il est question de suppressions d’emplois dans la région ».
L’équipe de François-Philippe Champagne rappelle également que « ces dernières années, environ 300 postes ont été créés au Centre fiscal de Shawinigan, passant de 1 800 à près de 2 100 emplois. Le Centre fiscal demeure un employeur de choix pour des milliers de travailleurs de la Mauricie qui servent les Canadiens au quotidien.
Villemure déplore, Angers tempère
Le député de Trois-Rivières, René Villemure, voit dans les derniers développements une contradiction flagrante entre les annonces passées du gouvernement et la réalité des travailleurs sur le terrain.
«On a toujours un ministre libéral qui est là lors des annonces, puis on nous dit qu’il n’y aurait pas de perte d’emplois. Mais ici, nous avons des suppressions d’emplois, et ce n’est pas une nouvelle que les gens aiment relayer.»
— René Villemure, federal deputy for Trois-Rivières
M. Villemure, dont le parti politique prône un impôt unique sur les revenus, estime que la proposition du Bloc n’aurait pas entraîné les pertes d’emplois que l’on connaît aujourd’hui. « L’évaluation que nous avons faite était à somme nulle, voire un peu plus favorable », argumente-t-il.
Au bout du fil, le député de Trois-Rivières soutient que si le gouvernement veut faire preuve de rigueur budgétaire, plusieurs exemples récents de gaspillage de fonds publics devraient être mis de côté avant de procéder à des mises à pied unilatérales dans la fonction publique.
De son côté, le maire Michel Angers est attristé par les pertes d’emplois dans sa ville, en tant que maire, mais reconnaît en même temps, en tant que gestionnaire d’un organisme public, que des choix difficiles sont parfois nécessaires.
“Il n’y a jamais rien de drôle, il n’y a jamais rienamusant là-dedans, mais maintenant, quelles sont les raisons pour lesquelles ils coupent ? demande le maire de Shawinigan.
Si les licenciements résultent d’impératifs budgétaires, Michel Angers appelle à la transparence de la part des décideurs. “Si on coupe des services pour un complot financier, il faut être honnête et le dire”, insiste-t-il, “mais en tant que maire d’une ville, c’est toujours une perte.”
* Mise à jour : En soirée, le cabinet de la ministre du Revenu national, Marie-Claude Bibeau, nous a fait parvenir le décompte des suppressions d’emplois au Québec. Il apparaît que 58 employés mis à pied se rapportaient à Shawinigan, mais que seulement 10 d’entre eux étaient « physiquement localisés en Mauricie. Les autres habitent ailleurs, principalement à Montréal», précise-t-on.
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