Face à une forte augmentation des délais de délivrance des permis de bâtir à Montréal, la Ville exigera des 19 arrondissements qu’ils accordent les autorisations requises dans un délai de 120 jours à compter de janvier 2025.
C’est ce qu’a indiqué mercredi le directeur des programmes de subventions au Service de l’habitat de la Ville, Eric Gosset, lors d’une présentation au comité exécutif.
Son groupe affirme vouloir offrir « une meilleure prévisibilité » aux promoteurs et aux particuliers, en plus d’accélérer la livraison de logements en général. Jusqu’à présent, il n’existait aucune réglementation régissant l’octroi des permis, ce qui faisait que les délais variaient énormément d’un secteur à l’autre.
La nouvelle norme affectera les « projets résidentiels de plein droit », c’est-à-dire tous ceux qui ne nécessitent pas d’autorisation réglementaire ou de dérogation. Cela inclut tous les projets de construction avec ajout d’au moins un logement, mais pas les demandes de rénovation, qui représentent environ la moitié des permis de construire résidentiels.
En mai dernier, La presse a révélé que les délais d’obtention d’un nouveau permis de construire ont plus que doublé dans le centre-ville et dans les autres arrondissements depuis 2019.
Lire le dossier « Des retards interminables »
En moyenne, en 2023, l’arrondissement Ville-Marie mettait par exemple 18 mois pour autoriser de nouvelles constructions, comparativement à 7 mois avant la pandémie de COVID-19. L’attente était alors encore plus longue dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve : plus de 20 mois en moyenne l’an dernier.
« Ce n’est pas satisfaisant, c’est inacceptable. Je ne peux pas accepter en tant que maire de Ville-Marie ni en tant que maire de Montréal des retards comme ceux-là», avait alors réagi la mairesse Valérie Plante. «Ça ne va pas rester comme ça. Nous savons que nous sommes capables de faire mieux que cela », a-t-elle ajouté.
Déjà six quartiers
A ce jour, six quartiers de la métropole ont déjà mis en œuvre la mesure depuis le 1est en novembre dernier, sous la forme d’un “projet pilote”, a précisé M. Gosset. Il s’agit de Ville-Marie, Rosemont-La-Petite-Patrie, Le Plateau-Mont-Royal, Le Sud-Ouest, LaSalle et Verdun.
«Enfin, nous aurons des données fiables que nous pourrons utiliser, puis comparer entre elles, entre les quartiers», a réagi le président du comité exécutif, Luc Rabouin. « Ce sera un défi stimulant entre nous, une saine compétition entre les arrondissements pour respecter les délais », a-t-il ajouté.
Il soutient qu’avec l’arrivée du Plan d’Urbanisme et de Mobilité (PUM), à travers lequel la Ville veut livrer plus de 200 000 logements supplémentaires et atteindre 20% de logements « hors marché » d’ici 2050, « la norme des 120 jours sera postuler à un nombre beaucoup plus important de projets à partir du printemps prochain.
Par ailleurs, les données du Département de Planification Stratégique et de Performance Organisationnelle (SPSPO) rendues publiques mercredi révèlent qu’environ 24% des actifs de la Ville sont en mauvais ou très mauvais état. A l’inverse, près de 74 % des ouvrages sont dans un état jugé satisfaisant, bon ou très bon.
Au total, la valeur de remplacement – qui équivaut au montant que représenterait le remplacement des actifs en fin de vie – atteint environ 77 milliards à Montréal. Ce chiffre est de 14 milliards au Québec.
Le déficit de maintien des actifs, c’est-à-dire la somme des investissements nécessaires à court terme pour assurer la sécurité des ouvrages, est de l’ordre de 10,5 milliards. Ce montant inclut les projets de l’arrondissement et de la ville.
Avec Philippe Teisceira-Lessard, La presse
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