Les signes ne mentent pas : l’hiver sera particulièrement difficile pour les sans-abri, estime le Réseau de soutien aux personnes célibataires et sans-abri de Montréal (RAPSIM). L’organisation tire la sonnette d’alarme sur le manque de places d’hébergement.
Publié à 11h01
Mis à jour à 16h22
« À combien d’engelures, d’amputations et de décès allons-nous être confrontés cet hiver ? », s’inquiète Maryane Daigle, organisatrice communautaire au RAPSIM.
Même s’il est augmenté en prévision du froid, le nombre de places en refuge ne pourra pas répondre aux besoins accrus durant cette période critique, craint l’organisme communautaire. « Un grand nombre de personnes en situation d’itinérance seront contraintes de rester dans le froid ou dans des situations dangereuses, faute de lieux d’accueil », affirme M.moi Daigle.
M.moi Daigle a soutenu mardi que même le scénario le plus optimiste de 300 nouvelles places serait insuffisant. Le RAPSIM demande donc aux gouvernements d’agir « selon leur responsabilité en matière de population ». Interrogée sur les acteurs qui devraient en faire plus, Maryane Daigle a surtout souhaité que les niveaux « arrêtent de se renvoyer la balle ».
À la mi-octobre, La presse a révélé que le Bureau du coroner avait enregistré pas moins de 72 décès parmi la population itinérante du Québec en 2023, comparativement à seulement une vingtaine par année de 2019 à 2021.
Lire le dossier « Trois fois plus de décès de sans-abri au Québec »
« Crise humanitaire »
Le RAPSIM parle de « crise humanitaire ». L’organisation reconnaît que la situation est difficile pour tout le monde et qu’il n’y a pas de réponse facile. Mais « la communauté ne peut pas être seule sur le front », insiste-t-il.
Le RAPSIM n’a pas pu quantifier plus précisément ses demandes mardi. M.moi Daigle estime toutefois qu’un millier de personnes – « et peut-être même plus » – risquent de se retrouver à la rue cet hiver.
Pour atténuer immédiatement la crise, elle n’hésite pas à tourner son regard vers la période pandémique, lorsque des mesures d’urgence ont été mises en place. Mobiliser le personnel du CIUSSS et transformer temporairement les hôtels en refuges font partie des actions qui pourraient être posées.
Le RAPSIM est particulièrement inquiet de voir différents organismes évoluer dans l’autre sens. Il fait état d’une « hostilité » croissante envers les sans-abri. M.moi Daigle regrette aussi que les lieux dits « informels », comme les entrées des commerces et des stations de métro, leur ferment leurs portes.
Montréal veut de l’aide
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, approuve la sortie des organismes communautaires. «Je comprends leurs inquiétudes», a-t-elle réitéré mardi. Et c’est très important pour moi de dire aux gouvernements provincial et fédéral : « Trouvez une solution ». »
Son administration appelle les gouvernements à débloquer « immédiatement » les 100 millions de dollars d’un fonds de 250 millions de dollars annoncé par Ottawa en septembre 2024. « Nous attendons toujours les montants et les sites qui pourraient être ouverts à court terme », a insisté M.moi Plante.
De son côté, le cabinet du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a réitéré mardi sa volonté de conclure une entente avec le gouvernement fédéral. Toutefois, des détails restent à peaufiner, notamment en ce qui concerne la responsabilisation et les conditions qu’Ottawa souhaite imposer pour l’utilisation des sommes versées.
Pour « accélérer les choses », le ministre Carmant prévoit rencontrer cette semaine son homologue fédéral, Sean Fraser, a-t-on indiqué.
Valérie Plante a rappelé que la semaine dernière, un sans-abri est décédé dans l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Deux autres personnes ont également été retrouvées mortes récemment au centre-ville. “Nous ne pouvons pas accepter, dans une société riche comme la nôtre, que des gens meurent dans la rue”, a déclaré le maire.
Néanmoins, «les rues de Montréal ne peuvent pas devenir des logements ou un hôpital à ciel ouvert, et c’est la même chose pour le métro», a observé M.moi Usine. Elle faisait référence au rapport de La pressequi rapportait mardi que la Société de transport de Montréal (STM) avait fermé l’entrée du métro Atwater au square Cabot pour l’hiver, en raison de problèmes de consommation, de méfaits et d’incivilités.
Lire l’article « La STM ferme une entrée du métro Atwater pour l’hiver »
“Nous avons besoin de vraies solutions humaines et dignes”, a déclaré M.moi Plante, appelant à concentrer les efforts sur la lutte contre l’itinérance, mais aussi contre la toxicomanie et les problèmes de santé mentale.
Avec Isabelle Ducas, La Presse
Apprendre encore plus
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- 1964
- Nombre de places en hébergement pour personnes sans abri prévues pour 1est décembre 2024, y compris les centrales de chaleur dont l’ouverture est toujours attendue.
Source: CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
- 4690
- Nombre de personnes en situation d’itinérance visible à Montréal, selon le décompte effectué le soir du 11 octobre 2022 et dont les résultats ont été rendus publics en 2023.
Source : Ministère de la Santé et des Services sociaux
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