Un an et demi après que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré la fin de l’urgence sanitaire mondiale, que reste-t-il de cette époque ? Qu’a-t-on appris ou au contraire oublié trop vite ? Sommes-nous prêts à affronter une nouvelle pandémie ?
mouetteNous savons tous que la prochaine crise approche, mais personne n’y est vraiment préparé.
Il ne faut pas tout jeter, poursuit le Dr Christiaens. Le télétravail et les réunions à distance (par visioconférence) sont devenus habituels et se sont améliorés »bien-être au travail » – un élément important alors que la pénurie de soignants s’est aggravée. Des procédures d’urgence existent. Si une nouvelle pandémie éclatait, les soignants les récupéreraient.probablement” plus vite qu’en 2020. Le problème des urgences sanitaires »reste une priorité » lorsqu’il s’agit de rénover ou de construire un nouveau bâtiment hospitalier. Mais c’est tout, déplore-t-elle.
L’absentéisme dans les hôpitaux atteint un niveau record et aggrave la pénurie de soignants
Et les valeurs stratégiques ?
« Nous savons tous que la prochaine crise va survenir, mais personne n’y est vraiment préparé.regrette Geneviève Christiaens. Il n’y a pas eu une approche préventive et anticipative visant à relire les procédures, à vérifier si elles sont toujours à jour et à tirer les leçons de ce qui a bien ou mal fonctionné.
Un exemple : les stocks d’équipements de protection (masques, gants, blouses…) dans les hôpitaux. “Il y avait déjà eu un groupe de travail national en 2008-2009 où la question avait été abordéeelle se souvient. Alors le H1N1 arrivé, puis Sars-Cov-2 (le virus Covid, NDLR). Mais ni en 2008-2009 ni aujourd’hui, les hôpitaux n’ont disposé de stocks stratégiques.» Au CHU, la gestion des stocks s’est améliorée, dit-elle : «mais si on veut vraiment un stock stratégique qui va nous permettre de tenir un mois, c’est quelque chose de très compliqué à mettre en place car ce sont des volumes énormes et il faut gérer les dates de péremption.
Ceci dit, ce qui la chagrine le plus, c’est l’abandon des gestes barrières (port du masque et distanciation entre les personnes en cas de symptômes, hygiène des mains, aération des pièces…). “En tant que médecin hygiéniste, c’était un vrai plaisir de voir partout des solutions hydroalcooliques, des gens qui respectaient les gestes barrières. Mais nous avons perdu tous ces réflexes. On est revenu à ce qui existait avant, c’est-à-dire pas grand-chose. »
Un changement culturel
“Nous n’avons pas réussi à convaincre la population ni même le corps médical”reconnaît, désolé, le Dr Bertrand Draguez, président du Groupe de gestion des risques (RMG), un organisme indépendant chargé de conseiller les autorités en cas d’urgence sanitaire.
Lorsqu’il nous reçoit dans une salle de réunion du SPF Santé Publique, à Bruxelles, il porte un masque buccal et veille à laisser la porte ouverte pour assurer une bonne ventilation. Il vient d’être testé positif au Covid et ne veut pas nous contaminer. Mais il le reconnaît : «Tout le monde me regarde bizarrement parce que je porte un masque. Ce réflexe qu’on a matraqué pendant la pandémie, les gens ont du mal à le garder.
mouetteOn n’attrape pas la maladie parce qu’on sort sans son manteau. Il est capturé à l’intérieur, en présence d’autres personnes susceptibles d’avoir été infectées.
« Des mesures très restrictives ont été mises en place à une époque où il n’existait aucune preuve scientifique sur le Covid.il élabore. Ensuite, il y a eu un phénomène de banalisation. On s’est dit : “On peut vivre avec”. Alors oui, on peut vivre avec, mais c’est un virus qui tue quand même. La grippe, par exemple, provoque entre 800 et 1 000 décès chaque année. Les mesures apportées par le Covid, comme le port du masque, l’hygiène des mains, l’aération des pièces, ce sont des réflexes qu’il faut toujours avoir. On n’attrape pas la maladie parce qu’on sort sans son manteau. Nous l’attrapons à l’intérieur, en présence d’autres personnes susceptibles d’avoir été infectées.
“Il y a une lassitude avec le vaccin Covid”
« Nous savons que des gestes simples peuvent nous permettre d’éviter des décès. Les autorités devront répéter le message à chaque période automnale et hivernale. Rappelez-nous les bonnes pratiques. Pour convaincre la population, il faudra un changement culturel, un changement de comportement face à la maladie. Il faudra plusieurs générations pour y arriver.
Surveillance dans les eaux usées
Cela dit, beaucoup de choses se sont améliorées, principalement au niveau institutionnel, souligne-t-il. Des normes et des mesures sont prévues dans le cadre d’un plan interfédéral, la collaboration et la communication entre les niveaux de pouvoir (Régions, Communautés et fédéral) se sont nettement améliorées, le suivi des traces virales dans les eaux usées est efficace.
D’ailleurs, les experts estiment sur cette base que «Le Sars-Cov-2 est à un niveau modéré » pour le moment, selon les informations communiquées par l’institut de santé publique Sciensano. Et on n’a compté que 0,2 hospitalisation pour 100 000 habitants à cause du Covid durant la semaine du 21 octobre.
Bertrand Draguez constate également que les protocoles sont constamment adaptés, les stocks de matériel et de vaccins au niveau national, voire européen, font désormais l’objet d’une grande attention de la part des autorités, etc. À tel point qu’en cas de nouvelle pandémie, le président de le RMG veut croire que nous réagirions plus vite qu’en 2020. Mieux aussi ? “Tant que c’est plus rapide, oui, ce sera probablement mieux aussi.
Dans les Ehpad, on a tiré les leçons du Covid : « Il y a des choses qu’on ne nous demanderait plus de faire aujourd’hui »
Alerte pour un cas suspect de Marburg en provenance du Rwanda
Un cas contact de Marburg est arrivé en Belgique le 25 septembre en provenance du Rwanda, où sévit cette fièvre hémorragique à fort taux de mortalité. “En cas d’urgence comme celle-ci, nous avons des réunions de coordination au sein du Centre National de Criseexplique Bertrand Draguez, président du RMG. Il faut penser à tout : mobilité, information, Affaires étrangères, éducation – nous avons demandé l’arrêt des échanges étudiants avec le Rwanda car travailler aujourd’hui dans un hôpital de Kigali, c’est « dangereux ».
Concernant le patient, «il a fallu le retrouver, connaître son nom, ce qui n’est pas si simple (il existe des plateformes internationales d’échange d’informations, NDLR). Un infectiologue a été dépêché à son domicile avec les protections nécessaires. Et elle a été isolée pendant 21 jours, la période d’incubation. Rien de grave au final. La dame n’était pas malade. Mais “c’est grand pour une petite valise”smiles Mr. Draguez.
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