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Carouge, ce leader qui ne veut pas parler de promotion

L’Etoile Carouge qui brûle la politesse des nantis et autres figures puissantes du championnat, voilà la belle histoire de ce premier tiers de saison en Challenge League. Personne ne s’attendait à ce que le nouveau promu Genevois soit installé dans le fauteuil de leader après 13 jours. C’est pourtant le cas lorsque le club de Stelle s’en va défier le FC Thoune samedi (18 heures) pour un choc des plus inattendus au sommet.

Pour Olivier Doglia (44 ans), son président et ancien joueur, il est important de savourer le moment présent : « Pouvoir jouer un match au sommet après 14 journées, ça me fait plaisir. C’est toujours plus agréable de voir son club en haut du classement plutôt qu’en bas… »

A La Fontenette, la promotion n’a rien changé aux principes de jeu, toujours aussi généreux. Sous la main experte d’Adrian Ursea, Carouge continue de distiller sa belle musique et d’imposer son style immédiatement reconnaissable chaque fois qu’il le peut. Cependant, gagner par le style, souvent en séduisant, n’est en aucun cas le fruit du hasard. « Le but n’était pas de trahir notre ADN. Le plaisir de jouer est une notion importante. Le groupe vit très bien ensemble, les gars sont contents quand ils arrivent sur le terrain», se réjouit le dirigeant, conscient que l’euphorie ne durera peut-être pas éternellement. « Tout peut aller très vite, dans un sens ou dans l’autre », rappelle notre interlocuteur.

Au-delà de l’aspect purement sportif, il y a l’environnement d’un club qui poursuit son développement sans folie financière, avec ses propres moyens (NDLR : le budget de l’équipe première a été doublé cette saison à 2 millions de francs). « L’objectif est d’inscrire durablement le club en Challenge League, poursuit son président. Nous n’avons ni dettes ni retards dans le paiement des salaires. Stabilité, cohésion et identité cantonale renforcée, telles sont les conditions d’avancement de ce projet ambitieux. “Nous continuons de croître, nous sommes bien sur notre feuille de route.”

Et que se passerait-il si Carouge, comme SLO, défiant tous les pronostics pour célébrer deux ascensions successives en 2023, poursuivait son rêve, battant au passage tous les favoris pour signer une deuxième promotion d’affilée au printemps prochain ? « Quand on est premier, il faut penser à tous les scénarios… » Fait acquis : Olivier Doglia n’entend en aucun cas brider ses joueurs. « Pour eux, c’est le plein régime ! s’exclame-t-il. Ils doivent continuer à s’amuser. Ce sont eux qui font rayonner le nom de Carouge en Suisse, loin de Genève.»

Si le mot promotion n’est pas tabou, il n’accapare pas (encore ?) les dirigeants de Fontenette. « Nous ne nous enflammons pas. Les vraies questions se poseront à Noël si nous sommes encore sur le podium. Carouge n’a plus joué dans l’élite depuis la saison 1997-1998 où il n’avait effectué qu’un rapide aller-retour. “Si les choses sportives progressent, il y a toujours moyen de trouver des arrangements.”

L’un des obstacles à la promotion concerne les infrastructures. Propriété de la ville, le stade des bords de l’Arve, dont la capacité d’accueil n’excède pas 3 800 places, n’est pas homologué pour la Super Ligue. Des travaux sont certes déjà prévus pour l’été prochain concernant l’éclairage mais des travaux supplémentaires sont nécessaires pour obtenir, le cas échéant, une dérogation. L’option de déménager (trouver refuge au stade de Genève par exemple) semble très irréaliste.

Tout cela paraît encore bien loin pour une équipe solidement ancrée dans le présent. « Nous souhaitons continuer sur notre bon chemin », conclut Olivier Doglia. Dans l’état actuel des choses, c’est un joli chemin qui peut mener loin.

Adrian Ursea: “Nous sommes premiers mais cela ne nous dérange pas”

Adrian Ursea, qu’est-ce que ça fait de se retrouver dans la peau d’un leader, en tant qu’entraîneur ?

C’est certainement agréable, même si c’est épisodique. Les semaines de travail se passent mieux, surtout à cette période de la saison. Tout est plus léger, avec plus d’énergie. Il faut en profiter pour continuer à progresser. Mais nous ne nous prenons pas pour ce que nous ne sommes pas.

Comment aborder ce match au sommet face à Thoune ?

Comme n’importe quel autre match, sans rien changer. C’est motivant de jouer contre le candidat n°1 qui monte. Nous devons nous en tenir à ce que nous savons faire. À ma connaissance, il n’y a que trois points en jeu, n’est-ce pas ? A la fin du match, soit on aura appris en cas de défaite, soit on aura gagné. Dans les deux cas, nous aurons grandi grâce au FC Thoune.

Euh, entre vous, promotion… c’est un mot tabou ?

Du tout ! Mais pourquoi en parlerions-nous maintenant ? Déjà l’année dernière, en Promotion League, on n’en parlait pas à ce moment-là, c’est arrivé bien plus tard, bien après Noël. Là, nous sommes premiers mais nous ne nous en inquiétons pas. Le seul véritable objectif qui compte, c’est d’être meilleur, de renouer avec cette tradition du jeu carougeois.

 
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