Depuis qu’a éclaté l’affaire PrimeEnergy Cleantech (PEC), cette société qui émettait des obligations vertes n’arrive plus à rémunérer ses investisseurs, un homme est présenté comme le responsable de la débâcle : Laurin Fäh, l’actionnaire majoritaire. L’entreprise lui a prêté 19,5 millions et il n’a pas pu ou voulu rembourser. Privée de liquidités, PEC est au bord de la faillite. Khalid Belgmimi, son PDG, et Bertrand Piccard, jusqu’à récemment son ambassadeur, le pointent du doigt : il a volé le fonds, disent-ils en substance.
Après avoir déjà contesté cette version le 24 octobre, Laurin Fäh (qui indique ne pas avoir poursuivi ses accusateurs en justice) apporte de nouvelles précisions. « Contrairement à ce qu’affirment Bertrand Piccard et Khalid Belgmimi, l’argent ne circulait pas dans un seul sens. C’était des allers-retours. J’ai soutenu PEC, qui m’a également soutenu. À un moment donné, j’avais en fait prêté plus d’argent à l’entreprise que l’inverse.
Concernant le prêt de 19,5 millions, il calcule aujourd’hui qu’il a déjà remboursé 3,2 millions en espèces, et 3,18 millions en compensation (auxquels s’ajouteraient 3,47 millions en compensation anticipée). « Nous avons refacturé diverses prestations à la maison mère et à ses filiales. » A ce jour, calcule-t-il, « il reste environ 13 millions à restituer ».
« Le garant rembourse sur cinq ans »
En octobre, Khalid Belgmimi expliquait également que ce prêt avait été garanti, mais que le garant avait, à son tour, cessé de payer. Ici aussi, Laurin Fäh participe. «Cela rembourse sur cinq ans. Il en reste encore quatre. Il est déjà en avance : il a payé jusqu’en mars. Et hier (ndlr : jeudi), cette caution m’a indiqué oralement qu’elle ne retirerait pas sa caution.
« Il fallait suivre les règles bancaires »
L’actionnaire majoritaire persiste à penser que le problème actuel vient « entre autres » de la suite à l’action de la FINMA (l’autorité suisse de régulation des marchés), fin 2023. « En 2015, elle considérait que PEC n’était pas soumise à la loi sur les placements collectifs (ndlr : sans doute parce que le gendarme financier l’a assimilé à une société exerçant une activité commerciale ou industrielle, qui échappe à ce contrôle). La FINMA a alors estimé qu’il fallait respecter les règles bancaires.»
« Un très bon vendeur qui aurait dû s’entourer »
Toutefois, selon lui, le PEC fonctionnait de manière moins structurée. « Khalid Belgmimi pensait qu’il ne serait pas soumis à la FINMA et a travaillé avec des règles moins rigides. C’est un très bon vendeur, mais il aurait dû s’entourer de managers et de spécialistes, plutôt que de naviguer seul. « Trop optimiste », il n’aurait pas senti le vent tourner. « Le solaire avait un problème à la fois cyclique et structurel. L’action d’Edisun Power (ndlr : grand producteur européen d’énergie solaire) a par exemple perdu 70 % en douze mois. Khalid Belgmimi aurait dû vendre ses immeubles il y a déjà un an.»
“J’étais un peu hors jeu” à cause d’un cancer
Quant à Laurin Fäh lui-même, malade, il n’aurait pas pu intervenir. « Fin 2023, on m’a diagnostiqué un cancer des amygdales. J’ai passé trois mois à l’hôpital. J’étais un peu hors-jeu. Mon manager allemand aurait dû me remplacer, mais il n’a jamais trouvé l’harmonie avec Khalid Belgmimi et est parti. Tout cela m’a empêché de superviser la situation.
Il reste néanmoins convaincu, comme il y a deux semaines, que les investisseurs peuvent récupérer « au moins » 70 % de leur investissement. « Il y a le solaire, les filiales en Allemagne, au Portugal, en Hongrie. La direction et l’agent peuvent y parvenir s’ils vendent bien les actifs.
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