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Déportation souhaitée par Donald Trump

Le président élu s’est engagé à diriger « la plus grande opération d’expulsion de l’histoire américaine » dès son premier jour à la Maison Blanche. «Peut-être jusqu’à 20 millions» de personnes seront touchées, a-t-il déclaré. Faut-il s’inquiéter ?


Publié à 00h48

Mis à jour à 5h00

Qui sont ces millions de personnes ?

Ce sont des immigrés illégaux. Selon les dernières estimations du gouvernement américain, ce ne sont pas 20 millions, mais plutôt 11 millions de personnes qui vivent sans autorisation aux Etats-Unis, la grande majorité depuis plus de 10 ans.

«Le chiffre de 20 millions est une désinformation», explique Danièle Bélanger, professeure de géographie et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les dynamiques migratoires mondiales à l’Université Laval. « Les estimations les plus pointues montrent que, depuis 15 ans, la population des sans-statut est assez stable, à 11 millions. »

M. Trump a utilisé ce chiffre pour amplifier ses critiques à l’égard de l’administration Biden au cours de laquelle les entrées irrégulières, notamment à la frontière sud, ont explosé en 2023, pour dépasser les deux millions.

M. Trump peut-il mettre sa menace à exécution ?

En théorie, oui. Mais une initiative de l’ampleur de celle qu’il propose se heurterait à d’importants problèmes de logistique, de ressources et de diplomatie. De plus, des images ou des vidéos d’agents américains arrêtant des familles avec enfants, des personnes âgées ou des résidents de longue date sans antécédents criminels susciteraient un tollé.

«Il y a beaucoup de spectacle dans cette menace», analyse Danièle Bélanger. Les ressources que cela nécessitera, tant financières qu’humaines, et toutes les protestations que cela risque de susciter de la part des différentes parties prenantes seront énormes. »

Faut-il s’attendre à un nouvel afflux d’immigrants au Québec ?

Les risques sont faibles, selon les experts interrogés par La presse. Surtout à court terme. Donald Trump n’est toujours pas à la Maison Blanche. Nous ne savons pas s’il tiendra sa promesse, quand il le fera et de quelle manière. Il est encore tôt pour que sa menace provoque des mouvements massifs.

Entre-temps, la renégociation de l’Entente sur les tiers pays sûrs en mars 2023 a permis de fermer Roxham Road, principal point de passage des personnes en situation irrégulière pour rejoindre le Canada. La situation n’est donc plus ce qu’elle était lors du premier mandat de Donald Trump.

Entrer via Roxham Road n’est plus irrégulier, c’est illégal. Une personne qui tente sa chance risque d’être arrêtée et renvoyée aux États-Unis.

Des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) seront également déployés le long de la frontière canadienne. «Le gouvernement du Québec veillera à ce que le gouvernement fédéral protège nos frontières», a déclaré mercredi François Legault.

Que prévoit l’Entente sur les tiers pays sûrs ?

Aux termes de cet accord, les migrants doivent déposer leur demande d’asile dans le premier pays sûr dans lequel ils mettent les pieds, que ce soit les États-Unis ou le Canada. Mais il existe quelques exceptions, dont celle-ci : un immigrant clandestin qui traverse la frontière entre les points d’entrée sans être intercepté peut demander l’asile après 14 jours. «Mais ça veut dire que c’est 14 jours dans des conditions hyper précaires», souligne Adèle Garnier, professeure à l’Université Laval et membre de la Chaire sur les dynamiques migratoires mondiales.

Cela peut encourager la création de réseaux de contrebande. «C’est certain qu’il existe une industrie migratoire qui pourrait être stimulée pour permettre certaines entrées», observe Danièle Bélanger. Mais les gens ont des vies aux États-Unis. Ils ne vont pas tout abandonner du jour au lendemain. »

«Il faut que les réseaux de passeurs aient le temps de s’organiser», ajoute Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des réfugiés et des immigrants. «Cela se produit dans l’autre sens : l’immigration clandestine vers le Sud. Il y a de fortes chances que l’on assiste au même phénomène, mais on ne sait pas encore quelles mesures seront mises en place par la nouvelle administration. Quand? Est-ce que cela arrivera rapidement ? C’est difficile à deviner pour le moment. »

Quelles sont les autres mesures de Donald Trump en matière d’immigration ?

Le républicain a promis de « sécuriser la frontière » et de rétablir le « Muslim Ban », un décret très controversé qu’il avait promulgué en janvier 2017, lors de son premier mandat, et qui interdisait l’entrée aux États-Unis aux citoyens de sept pays à majorité musulmane.

Il n’exclut pas de relancer la politique de « tolérance zéro » envers les familles qui traversent illégalement la frontière entre les États-Unis et le Mexique : les enfants ont été placés sous la garde des États-Unis, tandis que les parents ont été accusés et expulsés.

M. Trump a également promis de mettre fin au droit de citoyenneté pour les enfants nés aux États-Unis de parents sans visa. Il a déclaré qu’il signerait un décret refusant d’accorder la citoyenneté américaine aux futurs enfants d’étrangers illégaux. Cette disposition est incluse dans 14e amendement à la Constitution américaine et serait probablement confronté à des contestations juridiques.

 
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