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La justice se penche sur le « traumatisme » marseillais des effondrements de la rue d’Aubagne : Actualités

Le procès des effondrements de la rue d’Aubagne a débuté jeudi après-midi à Marseille, dans une salle comble, signe du “traumatisme considérable” que ce drame de l’habitat indigne et de ses huit morts a infligé à la ville, selon les propos de le président du tribunal.

Si “les procès constituent des épreuves, ils apportent aussi de la réflexion (…) et visent à empêcher que ne se reproduisent, à l’avenir, des faits similaires”, a rappelé Pascal Gand, devant quelque 400 personnes, un record dans cette salle des “procès extraordinaires”. du tribunal judiciaire de Marseille.

Le magistrat s’est également dit conscient des « attentes » suscitées par l’affaire dans la deuxième ville de , l’une des plus pauvres et où les marchands de sommeil prospèrent grâce à la précarité.

En début d’après-midi, une manifestation quasi silencieuse a rassemblé plusieurs dizaines de personnes devant le tribunal. Des crieurs publics lisent des messages, recueillis auprès d’anonymes, comme celui d’Anouchka : “Après la peur, la stupeur, les larmes, il nous reste la colère”. Sur l’une des principales artères du centre, une banderole « soutien, justice et vérité » était déployée.

Dans la salle, outre le public, des dizaines de robes noires défendant les 16 prévenus ou représentant les 87 parties civiles dans ce procès qui doit durer jusqu’à la mi-décembre.

La famille d’Ouloume Saïd Hassani, cette mère de famille de 54 ans décédée alors qu’elle venait de déposer son plus jeune enfant à l’école, “attend un épilogue”, et “que toutes les errances qui ont eu lieu soient sanctionnées”, a déclaré à l’AFP leur avocat Me Philippe Vouland.

« Ils ont signalé à plusieurs reprises des bruits suspects, des craquements. Ils ont exigé, ils ont demandé » et aujourd’hui ils veulent que « tous ceux qui n’ont pas fait ce qu’ils étaient censés faire soient évidemment sanctionnés », a-t-il déclaré. il a ajouté.

Pourquoi les immeubles des 63 et 65 rue d’Aubagne, à quelques centaines de mètres du Vieux-Port, ont-ils pu s’effondrer sur eux-mêmes en quelques secondes ?

Sur le banc des accusés : plusieurs copropriétaires du 65, seul immeuble encore habité, leur syndic, resté sourd aux rapports des locataires, et un expert, qui a réalisé une expertise en à peine une heure, sans même prendre le temps de visiter. la cave, deux semaines avant le drame. Suite à cette visite, la quasi-totalité des locataires ont été autorisés à rentrer chez eux.

– Gérer l’émotion « au jour le jour » –

Mais aussi un élu, puis adjoint au maire, chargé de lutter contre les « logements dégradés et indignes », dont les services, totalement désorganisés, auraient géré les nombreux signalements « avec une légèreté qui pose question », selon les mots des juges d’instruction. qui qualifient le drame de « reflet dramatique et paroxystique d’une accumulation de dysfonctionnements ».

Cet ancien adjoint, Julien Ruas, « est combatif, très peiné comme tous les Marseillais, mais droit dans ses bottes. Et il entend démontrer qu’il est totalement innocent des faits qui lui sont reprochés», a déclaré son avocat, Me Erick Campana.

Dans un premier temps, seuls quatre prévenus ont été déférés devant le tribunal par les juges d’instruction. Les copropriétaires ont été directement convoqués devant le tribunal par des parties civiles, un point de droit contesté par certains avocats et qui a commencé à être discuté jeudi.

Mais pour Me Brice Grazzini, avocat d’une trentaine de parties civiles, “l’information judiciaire était totalement désintéressée des copropriétaires” et “avec les familles, il semblait totalement impossible qu’elles ne soient pas présentes à ce procès”, a-t-il déclaré à l’AFPTV. .

Cette tragédie avait profondément marqué la fin du règne de Jean-Claude Gaudin (LR), maire de la ville depuis 25 ans, qui avait mis sur le compte “la pluie” et la malchance. Depuis, un syndicat de gauche, Le Printemps marseillais, a été élu à la tête de la ville.

« Nous attendons ce procès avec plein d’espoir. Nous savons que ce ne sera pas facile, mais nous avons très confiance dans la justice », pour que « dans le futur il n’y ait plus jamais » une telle tragédie, a expliqué Maria Carpignano, la mère de Simona, décédée à 30 ans.

Il y aura aussi de l’émotion et “ça se gérera au jour le jour”, confie Linda Larbi, cousine de Chérif Zemar, une des autres victimes décédées.

D’autant que les proches des victimes et les associations le savent : ce procès ne marquera pas la fin du mal-logement à Marseille, où 100 000 personnes sont encore mal logées.

 
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