L’ESSENTIEL
- Les diagnostics de TDAH chez les enfants augmentent, atteignant 11,4 % aux États-Unis et jusqu’à 10,5 % chez les garçons en Suède.
- Cette augmentation s’explique par plusieurs facteurs : les professionnels sont mieux formés et moins réticents à diagnostiquer, le TDAH est moins stigmatisé, les attentes sociétales et académiques imposent des exigences accrues en termes de concentration et de régulation, etc.
- En France comme en Europe, le TDAH touche entre 3 et 5 % des enfants d’âge scolaire et 3 % des adultes.
Touchant entre 3 et 5 % de la population scolaire selon les estimations, le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) se caractérise par l’association de trois symptômes : le déficit de l’attention, l’hyperactivité motrice et l’impulsivité. Elle touche désormais de plus en plus d’enfants : la prévalence atteint désormais 11,4 % chez les enfants américains et, en Suède par exemple, le taux de diagnostic a bondi de 50 % depuis 2019, avec 10,5 % des garçons et 6 % des filles touchés en 2022.
Dans un article publié dans La conversationLe professeur Sven Bölte, du Karolinska Institutet en Suède, fait le point sur les principales raisons d’une telle augmentation, qui se croisent souvent.
Diagnostics multiples chez la même personne
Il y a quelques années encore, les médecins se limitaient au diagnostic le plus dominant pour un patient. Aujourd’hui, les praticiens posent des diagnostics multiples si cela permet de mieux comprendre les symptômes d’une personne, même dans les cas d’associations complexes comme le TDAH et l’autisme.
De même, la nouvelle génération de professionnels de la santé est mieux formée et consciente des signes du TDAH, ce qui permet des diagnostics plus précoces et dans des populations historiquement sous-diagnostiquées, comme les filles, les femmes et les adultes.
Moins de stigmatisation
Dans nos sociétés, le TDAH est désormais perçu de manière moins négative, permettant aux médecins de poser plus librement le diagnostic, et aux personnes concernées d’accepter cette étiquette sans crainte de stigmatisation. « Pour de plus en plus de personnes, le TDAH a moins de connotations négatives. Cela fait partie de l’identité des gens.souligne le professeur Bölte.
Le spécialiste ajoute : « Le TDAH n’est pas une maladie mais un ensemble défectueux de traits cognitifs. » Dans des sociétés de plus en plus exigeantes en termes de compétences cognitives (concentration, organisation, autorégulation, etc.), ceux qui peinent dans ces domaines ont donc plus de chances d’être diagnostiqués, en raison des difficultés qu’ils rencontrent à s’adapter.
Des attentes plus élevées en matière de santé et de performance
“Les attentes des gens à l’égard de leurs propres capacités et de celles des autres continuent d’augmenter.” Avec des standards de santé et de performance plus élevés que jamais, les individus et leur entourage sont poussés à remettre en question leur propre fonctionnement plus fréquemment et plus tôt, et donc à considérer le TDAH comme une explication.
Dernière raison majeure de l’augmentation des diagnostics : l’éducation. Les écoles deviennent de plus en plus numériques et privilégient l’apprentissage en groupe et les projets indépendants. Ces nouvelles méthodes, souvent non structurées, nécessitent davantage de motivation et de compétences cognitives de la part des étudiants, exposant ainsi les étudiants présentant des traits de TDAH à davantage de difficultés. Les écoles orientent alors davantage d’élèves vers les évaluations du TDAH, dont l’accès est de plus en plus facile.
Reste à savoir si tous ces ajustements contribueront à une meilleure inclusion ou s’ils conduiront à « surévaluation diagnostique », l’interrogateur Sven Bölte.
Related News :