Ce qui avait été prédit en Allemagne s’est donc réalisé : la coalition réunie autour du chancelier Olaf Scholz vient d’imploser après le limogeage du ministre libéral des Finances, conduisant le pays vers des élections anticipées. La coalition gouvernementale s’effritait depuis des mois, les trois partenaires affichant de plus en plus leurs divergences en public.
Élections tous les quatre ans, normalement
Au niveau fédéral, les élections législatives ont normalement lieu tous les quatre ans. Les prochaines élections des députés du Bundestag, le parlement allemand, sont prévues l’année prochaine, en septembre.
Mais lorsque le gouvernement perd sa majorité, des élections anticipées sont nécessaires pour restaurer la stabilité politique.
En Allemagne, les élections anticipées sont très rares. Ils sont réglementés par la Constitution qui n’autorise la dissolution du Bundestag que dans deux cas :
Ou si une majorité parlementaire absolue ne se dégage pas après les élections. Le président allemand, qui remplit avant tout une fonction symbolique, pourra alors décider de dissoudre le Parlement. Cela ne s’est jamais produit dans l’histoire de la République fédérale.
Dans le deuxième cas, le chancelier demande un vote de confiance au Bundestag. S’il ne l’obtient pas, c’est toujours le président qui peut dissoudre le Parlement sur proposition du chancelier.
Après la dissolution du Bundestag, de nouvelles élections doivent avoir lieu dans un délai de 60 jours.
Trois élections anticipées dans l’histoire
En réalité, le pays n’a connu que trois élections anticipées dans son histoire :
Avant la réunification en 1972, le chancelier ouest-allemand Willy Brandt avait demandé un vote de confiance tandis que sa politique de détente à l’égard de l’Union soviétique, de la RDA et d’autres pays de l’Est créait de fortes divergences internes, les députés claquant la porte de la majorité.
Cependant, ce vote de confiance est également contesté, car le chancelier tente de le perdre, ce qui n’est pas dans l’esprit de la Constitution, dans l’espoir de consolider son pouvoir après des élections anticipées.
Et c’est exactement ce qui va se passer. Willy Brandt est réélu, son parti SPD obtiendra son meilleur résultat avec 45,8% des voix et le taux de participation de 91% est à ce jour le plus élevé de l’histoire des élections au Bundestag.
L’erreur de calcul de Gerhard Schröder
En 1983, le chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl, arrivé au pouvoir l’année précédente après un vote de censure contre son prédécesseur Helmut Schmidt, a convoqué la deuxième élection législative anticipée.
Mais Helmut Kohl veut prendre les commandes par la grande porte. Il demande un vote de confiance qu’il perd volontairement et est confirmé dans ses fonctions par des élections législatives anticipées.
“J’ai ouvert la voie à de nouvelles élections pour stabiliser le gouvernement et obtenir une nette majorité au Bundestag” » a alors déclaré le chancelier.
L’arrivée d’Angela Merkel
Nous arrivons finalement en 2005. Le SPD de Gerhard Schröder perd une série d’élections régionales et la confiance des députés de la majorité s’effondre, principalement à cause des réformes controversées du chancelier en matière sociale et du marché du travail.
Une fois de plus, il perd délibérément un vote de confiance, ce qui conduit à des élections anticipées.
La différence est que Gerhard Schröder fait une erreur de calcul. Au lieu de prouver sa légitimité, il a perdu de peu les élections législatives face aux conservateurs, propulsant Angela Merkel au poste de chancelière, qu’elle ne quittera pas avant 16 ans.
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