L’Allemagne est entrée dans une période de grande incertitude. Le chancelier Olaf Scholz est défié jeudi par ses rivaux conservateurs qui souhaitent un vote de confiance au Parlement la semaine prochaine.
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07 novembre 2024 – 11h18
(Keystone-ATS) L’opposition veut accélérer la tenue d’élections anticipées après l’implosion la veille de la coalition gouvernementale.
La coalition entre les sociaux-démocrates (SPD) de la chancelière, les Verts et les libéraux du FDP a « échoué », a constaté le leader de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) Friedrich Merz et « il n’y a aucune raison de poser la question de la confiance dans janvier», comme le souhaite Olaf Scholz.
La fin du gouvernement arrive au pire moment pour l’Allemagne, aux prises avec une grave crise industrielle, et pour l’Europe, qui s’inquiète des répercussions sur son commerce et sa sécurité de l’élection du républicain Donald Trump à la présidence des ÉTATS-UNIS.
“Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’avoir un gouvernement sans majorité pendant plusieurs mois”, a insisté M. Merz.
Le séisme qui a provoqué l’effondrement de la coalition tripartite au pouvoir depuis fin 2021 à Berlin bouleverse l’agenda d’Olaf Scholz. Il se rendra toutefois dans la journée à Budapest pour rencontrer ses homologues européens et le président ukrainien Volodymyr Zelenski lors de rencontres organisées dans la capitale hongroise.
Écarts budgétaires
La coalition gouvernementale allemande hétérogène a été brisée après le limogeage mercredi soir du ministre des Finances et chef des libéraux Christian Lindner.
Ce dernier sera remplacé par l’un des proches conseillers d’Olaf Scholz, Jörg Kukies, un expert des questions économiques de 56 ans.
La plupart des libéraux ont quitté le gouvernement, à l’exception du ministre des Transports Volker Wissing qui a annoncé qu’il restait dans l’équipe au pouvoir et quittait son parti avec lequel il n’est pas d’accord.
Cause de la rupture : de profondes divergences entre les deux camps sur la politique budgétaire et économique à suivre, le premier étant favorable à la relance de l’économie nationale au point mort par les dépenses, tandis que les libéraux prônent des coupes sociales et une stricte discipline budgétaire.
“Nous avons besoin d’un gouvernement capable d’agir et qui ait la force de prendre les décisions nécessaires pour notre pays”, a soutenu la chancelière sociale-démocrate.
Olaf Scholz a jugé qu’il n’y avait plus « une confiance suffisante pour poursuivre la coopération ».
Il dirige désormais un gouvernement minoritaire et espère faire adopter quelques projets de loi jugés prioritaires, en recherchant une majorité au cas par cas.
Fin du jeu mi-janvier ?
Quant au budget 2025, dont la préparation est à l’origine de la crise actuelle, l’incertitude règne. A défaut d’adoption au Parlement, une version minimale et réduite pourrait être appliquée à partir de janvier.
Le chancelier a annoncé mercredi vouloir ouvrir la voie à des élections anticipées dans le pays en se soumettant à un vote de confiance à la mi-janvier, qu’il a toutes les chances de perdre.
Dans ce cas, le vote, initialement prévu en septembre, pourrait avoir lieu « au plus tard fin mars ».
Olaf Scholz et Christian Lindner ont exprimé leurs doléances au micro. Christian Lindner a “trop souvent trahi ma confiance”, a déploré Olaf Scholz, dénonçant un comportement “égoïste”.
L’ancien ministre des Finances a critiqué la chancelière pour avoir conduit le pays « dans une phase d’incertitude » avec un « éclatement calculé de cette coalition ».
Le divorce a été acté après une dernière journée de pourparlers organisée mercredi pour tenter de sauver l’exécutif dirigé par M. Scholz depuis fin 2021.
L’ombre de Trump
Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne. Mais l’équipe gouvernementale était minée depuis des mois par des dissensions sur l’économie et l’immigration, et par des querelles personnelles.
“Heureusement, c’est fini”, titrait jeudi le magazine Der Spiegel, résumant le sentiment général. «Une constellation composée du SPD, des Verts et du FDP n’a pas d’avenir au niveau fédéral. Pas après les probables nouvelles élections du printemps, mais pas non plus dans un avenir proche», estime-t-il.
Olaf Scholz espérait que l’élection de Donald Trump, partisan du protectionnisme et des affrontements diplomatiques, obligerait sa coalition à resserrer les rangs. Mais c’est le contraire qui s’est produit.
Si des élections avaient lieu demain, l’opposition conservatrice arriverait en tête avec plus de 30 % des voix selon les sondages, et Friedrich Merz serait le favori pour devenir chancelier.
Mais lui aussi aurait du mal à former une coalition majoritaire, l’AfD d’extrême droite guettant en deuxième position dans les enquêtes d’opinion.
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