Le président Trump a de nouveau remporté la présidence des États-Unis mardi. Au cours de la campagne, il a souvent affirmé son intention d’imposer des tarifs douaniers aux partenaires commerciaux de son pays, dont le Canada.
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Il a également déclaré son intention de réduire les impôts des entreprises américaines et d’augmenter la production pétrolière.
Plusieurs entreprises ici sont nerveuses. Un sondage réalisé la semaine dernière par les Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) démontre que près de 60 % des répondants craignent l’imposition de tarifs sur les produits et services canadiens à la suite de l’élection républicaine.
Plus de 75 % des exportations québécoises sont destinées aux États-Unis. Un retour au protectionnisme frapperait donc de plein fouet l’économie québécoise. « Quand nous regardons notre économie, nous constatons que nous sommes dépendants de l’économie américaine, qui a été très forte ces derniers temps. Donc, si nous voulons en profiter, nous devons nous assurer de maintenir nos acquis», affirme Simon Gaudreault, de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
Plusieurs dossiers seront suivis dans les prochains mois. En voici quatre.
Quatre dossiers économiques à surveiller avec l’arrivée de Donald Trump
Des prix partout !
Durant la campagne, Donald Trump a laissé entendre que s’il était élu, il imposerait des droits de douane allant de 10 à 20 % sur tous les produits en provenance de tous les pays.
Selon Angelo Katsoras, de la Banque Nationale, une mise en œuvre à grande échelle de ce plan tarifaire pourrait entraîner une réduction de près de 5 % des volumes d’exportations canadiennes vers les États-Unis d’ici le début de 2027. Pire encore si le Canada riposte, car cela entraînerait Cela augmentera également les coûts pour les producteurs nationaux et entraînera une baisse des volumes d’importation, souligne l’économiste.
Selon Desjardins, il faudrait un an pour que les véritables impacts de cette politique se concrétisent, car les entreprises américaines voudront s’approvisionner en produits canadiens avant que lesdits tarifs ne soient mis en place.
M. Katsoras souligne cependant que s’il devait mettre en œuvre un tel plan, Donald Trump serait probablement confronté à des contestations juridiques, à une opposition politique importante de la part des deux partis et au risque de représailles tarifaires de la part d’autres pays.
L’industrie des batteries
Trump, qui a qualifié la politique climatique du président Joe Biden de « nouvelle arnaque verte », a promis à plusieurs reprises de mettre fin aux généreuses subventions fédérales pour les véhicules électriques, y compris l’Inflation Reduction Act (IRA), qui a grandement aidé l’industrie des batteries aux États-Unis. Doit-on s’inquiéter pour l’industrie des batteries ici au Québec, qui est déjà en difficulté ?
« Il est trop tôt pour le dire. Mais plusieurs de ces usines sont en construction ou déjà ouvertes, et sont implantées dans des Etats républicains. Les sénateurs et les gouverneurs qui ont ouvert des usines de batteries pour véhicules électriques dans leurs États ne diront pas « on met tout à la casse » », explique Daniel Breton, PDG de Mobilité électrique Canada. « Ces gens sont très heureux qu’il y ait une renaissance industrielle aux États-Unis grâce au secteur des véhicules électriques. Et avec le fait que nous ayons quelqu’un comme Elon Musk qui a fortement soutenu Donald Trump, on est loin de dire que les carottes sont cuites pour l’électrification des transports », dit-il.
Prix de l’essence
Avec son slogan Percez, bébé percez !Donald Trump veut augmenter la production pétrolière aux Etats-Unis et promet de baisser les prix à la pompe pour les Américains. Les Québécois pourraient-ils aussi profiter d’une éventuelle baisse des prix des carburants grâce au nouveau président ?
«Je ne le pense pas, pour la simple raison que les États-Unis produisent déjà presque à leur capacité maximale. Ils ne peuvent pas produire beaucoup plus », déclare Dan McTeague, président de Canadiens pour une énergie abordable. « C’est plus de la rhétorique qu’autre chose », a-t-il déclaré. Il ajoute que Trump pourrait même faire grimper le prix du baril s’il met à exécution ses menaces contre l’Iran, un important producteur de pétrole.
Dan McTeague s’attend plutôt à ce que le prix de l’essence augmente d’ici l’entrée en fonction de Trump en janvier.
Sur le front énergétique, l’élection de Donald Trump pourrait encore être positive pour l’économie. « N’oublions pas que Donald Trump s’est positionné en faveur de l’oléoduc Keystone XL dans l’Ouest canadien », rappelle Simon Gaudreault de la FCEI. C’est un élément plus positif. Une relance du projet peut entraîner davantage d’investissements et davantage de croissance dans le pays, et pas seulement à l’ouest. Le Québec bénéficierait également de retombées», a-t-il déclaré.
Taxe professionnelle
Trump a également promis de réduire le taux d’imposition des sociétés, de 21 % à 15 %, pour les entreprises qui fabriquent leurs produits aux États-Unis. Au Canada, le taux d’imposition fédéral des sociétés est généralement de 26,5 % à 31 %. Cela pourrait donc encourager les entreprises à déplacer leurs investissements et leurs bénéfices au sud de la frontière.
« Cela pose la question de la compétitivité avec les Etats-Unis. Si cela se produit, notre gouvernement réagira-t-il à cela ? » demande Simon Gaudreault de la FCEI.
«La réélection de Donald Trump s’inscrit dans un contexte de montée du protectionnisme aux États-Unis, que nous avons observé lors de sa première présidence», ajoute Vincent Geloso, économiste principal à l’IEDM. «La meilleure façon de faire face à cette menace qui pèse sur nos producteurs est d’abaisser nos propres barrières protectionnistes – comme la gestion de l’offre –, ce qui aurait aussi le mérite d’aider nos consommateurs.»
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