Toutes les vies sont-elles égales ? La question se veut épineuse et la réponse dépend entièrement de la philosophie abordée. L’approche égalitaire dit que oui, tous sont égaux et qu’il est injuste que certains soient considérés comme plus importants que d’autres. Les utilitaires, quant à eux, n’ont aucun problème avec l’idée du tri car toutes choses n’ont pas la même valeur. La médecine moderne joue beaucoup avec ces questions éthiques.
Depuis les guerres napoléoniennes où les méthodes de combat sont devenues de plus en plus violentes, les médecins ont commencé à réfléchir à la question de la primauté. Dominique Larrey, entre autres, a été l’un des premiers à se rendre compte qu’il fallait par exemple procéder en priorité aux amputations car elles étaient plus faciles et moins dommageables à long terme que d’attendre avant de les réaliser. La Seconde Guerre mondiale a vu Winston Churchill inviter les médecins à donner la priorité à l’usage de la pénicilline sur les soldats les plus susceptibles de retourner au front. Par conséquent, l’antibiotique était plus utile pour ceux qui contractaient la gonorrhée que pour les personnes plus gravement blessées.
Depuis les premiers tests de dialyse jusqu’au covid-19, le monde médical a été confronté à des choix parfois déchirants quant aux patients à soigner. Ainsi, l’organisation Médecins sans Frontières se rend dans les régions du monde pour traiter des crises spécifiques au détriment d’autres besoins thérapeutiques. Cela fait partie de sa réalité.
Le problème n’est pas tant le tri selon des facteurs médicaux qui gomment les différences socio-économiques que les choix qui les accentuent. Par exemple, faire d’un médicament particulier un produit de « luxe » alors qu’il ne coûte pas très cher à produire. Ce tri (conscient ou non) du monde pharmaceutique et médical est bien plus problématique que celui des patients.
Durée : 19min21
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