La situation se dégrade très vite
Romain et son ami se dirigent alors vers la station service de la place Flagey pour attendre le chauffeur Uber qui les ramènera chez eux. Les deux jeunes les ont suivis, accompagnés d’autres complices. Ils les rattrapent et exigent des excuses pour l’échange verbal. “Nous ne les avons évidemment pas formulés.» Il n’y avait aucune raison de le faire.
A partir de là, la situation s’est très vite dégradée. Romain est touché au visage. Les deux jeunes homosexuels sont jetés à terre et battus. Le gang persiste à donner de nombreux coups de poing et de pied, jusqu’à ce qu’il perde connaissance.
“Il y a quelque chose de viscéral qui s’exprime dans les violences homophobes”
Dans leur malheur, les victimes ont eu de la chance. Des caméras de surveillance ont enregistré la scène. La police est souvent présente le samedi soir place Flagey. Deux des agresseurs ont été immédiatement arrêtés. “On ne sait pas comment cette histoire se serait terminée si elle s’était déroulée dans une rue moins fréquentée. Les conséquences auraient pu être bien plus graves.analyse Romain rétrospectivement.
« Une Source de détresse, de stress et d’anxiété pour la victime »
Deux des auteurs, poursuivis pour coups et blessures volontaires avec la circonstance aggravante de motif discriminatoire, ont dû s’expliquer devant le tribunal correctionnel de Bruxelles (rôle néerlandophone). Le 3 octobre, ils ont été condamnés à dix-huit mois d’emprisonnement et à 800 euros d’amende. La peine de prison est assortie d’un sursis probatoire de cinq ans pour le premier ; un simple sursis de cinq ans pour la moitié de la peine pour l’autre.
Un crime aux connotations homophobes et racistes jugé à Liège
Le tribunal a jugé les faits établis et a reconnu le caractère homophobe de l’agression. Unia (l’établissement public interfédéral indépendant qui lutte contre les discriminations), qui s’était constituée partie civile aux côtés des deux victimes, a obtenu un euro symbolique de dommages et intérêts.
Le jugement reconnaît expressément l’impact particulier de ce type de délit, souligne Unia. “Ce type d’agression provoque de la détresse, du stress et de l’anxiété chez la victime, qui est attaquée par haine de ce qu’elle est en tant que personne.
“Malheureusement, il faut être prudent à certains endroits”
Avant cette agression, Romain n’avait jamais eu de problèmes à cause de son homosexualité. Ni dans sa famille, ni lors de sa scolarité, ni dans sa vie de jeune adulte. « J’ai la chance d’évoluer dans un environnement privilégié où il n’y avait aucun souci à ce sujet. Cela reste un choc. Je pensais vivre dans une société et dans une ville où l’homophobie ne me concernait pas.
mouetteCela reste un choc. Je pensais vivre dans une société et dans une ville où l’homophobie ne me concernait pas.
Même si cette attaque fut très violente, elle resta heureusement, pour lui, un acte isolé. Le jeune enseignant contextualise sa situation. “Comme je suis célibataire, ce n’est pas tous les jours que je suis proche d’un garçon dans un espace public. Cet incident m’a fait réfléchir à la perspective d’être en couple pour deux hommes à Bruxelles et à la manière d’aborder la proximité. Je m’abstiendrais peut-être de gestes explicites pour éviter de me retrouver dans la même situation. Je pense que malheureusement, nous devons être prudents à certains endroits et à certains moments.»
Il ajoute : «Inconsciemment, avant même cette soirée, en tant qu’homosexuel, nous savons qu’embrasser dans le métro avec son copain, c’est s’exposer. Je vois rarement des couples homosexuels manifester dans les transports ou dans l’espace public. Je pense donc que je serai encore plus prudent.
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