Ce sont des chiffres inquiétants publiés par l’Université de Fribourg sur les comportements punitifs des parents. En effet, selon son enquête, réalisée à la demande de l’association suisse de Protection de l’enfance, 20% des enfants subissent régulièrement des violences psychologiques au sein de leur famille.
Si quelque 300 000 enfants sont punis par la fessée, environ 25 % sont menacés de coups par leurs parents. Et 30 % subissent des violences verbales. Ainsi, 18 % des parents menacent – parfois ou régulièrement – de laisser leur enfant seul, 13 % l’humilient, 12 % l’enferment dans leur chambre pendant des périodes prolongées ; enfin, près de 17 % lui ont carrément dit qu’ils ne l’aimaient plus et 12 % l’avaient menacé de le placer en institution.
Notons que les parents francophones utilisent plus souvent ce type de comportement envers leurs enfants. Ils sont également plus nombreux à signaler des menaces telles que retrait d’amour, insultes ou autres qu’en Suisse alémanique ou au Tessin, selon l’étude.
La violence psychologique est moins visible que la violence physique. “Mais elle aussi peut avoir, surtout lorsqu’elle survient régulièrement, des conséquences graves à long terme sur la vie de l’enfant”, souligne l’association. En clair, l’enfant risque de souffrir grandement de dépression et de troubles d’apprentissage ; il risque également d’avoir des comportements agressifs et violents et de présenter des problèmes émotionnels.
“Les enfants qui vivent ces situations sont exposés à une pression psychologique considérable et ressentent de la peur, de la torpeur et de l’impuissance”, souligne l’association. Car la réaction de leurs parents est pour eux une attaque personnelle qu’ils sont incapables de relier à la situation qu’ils vivent. « Ils se sentent rejetés, sans valeur et impuissants. »
Protection de l’enfance Suisse lance donc ce lundi une campagne de prévention contre les violences psychologiques. Elle propose notamment du matériel et des formations proches de la pratique afin d’aider les parents, souvent sous pression et débordés, à appliquer des méthodes éducatives non violentes.
Un projet bientôt soumis au Parlement
Pour Protection de l’enfance Suisse, ces formes de violence doivent être prises en compte de toute urgence aux niveaux sociétal et politique. A noter qu’au printemps 2025, le Parlement reprendra un projet du Conseil fédéral visant à ancrer l’éducation non-violente dans la loi. Dans ce texte, Berne reconnaît clairement que la violence dans l’éducation n’est pas tolérée, « qu’elle prenne la forme de châtiments corporels ou d’autres traitements dégradants pour l’enfant ».
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