Huit adultes, sept hommes et une femme, accusés d’avoir contribué à la campagne de haine ayant conduit à l’assassinat le 16 octobre 2020 du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, sont jugés depuis lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Le procès est prévu jusqu’au 20 décembre.
L’assassin, un jeune islamiste radical russe de 18 ans d’origine tchétchène, bénéficiaire du statut de demandeur d’asile en France, sera largement absent du procès : il a été tué par la police peu après avoir poignardé et décapité le professeur. à Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne.
Deux jeunes amis de l’agresseur doivent répondre de « complicité d’assassinat terroriste », un crime passible de la réclusion à perpétuité. Les six autres prévenus, dont trois sous contrôle judiciaire, comparaissent libres, sont jugés pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, délit passible de 30 ans de réclusion criminelle.
Ceux qui ont relayé de fausses affirmations
Parmi les accusés figurent un Marocain de 52 ans, le père de l’écolière de 13 ans qui avait faussement affirmé – elle était absente de la classe – que Samuel Paty avait demandé aux élèves musulmans de quitter sa classe avant de montrer des caricatures de Mahomet, et un militant islamiste franco-marocain de 65 ans.
Ces deux hommes, en détention provisoire depuis quatre ans, ont massivement relayé les mensonges de l’adolescent sur les réseaux sociaux dans le but, selon le parquet, de “désigner une cible”, “de susciter un sentiment de haine” et de “préparer ainsi plusieurs crimes”. . Ils sont tous deux accusés de participation à une association de malfaiteurs terroriste.
L’écolière de 13 ans et cinq autres anciens écoliers ont été condamnés l’automne dernier à des peines allant de 14 mois avec sursis à deux ans dont six mois avec sursis à l’issue d’un procès à huis clos devant le tribunal pour enfants. .
>> Pour en savoir plus, lisez : Le verdict est tombé pour 6 jeunes impliqués dans l’assassinat de Samuel Paty en France
Pour « la prise de conscience face au danger mortel »
Cette audience publique “doit non seulement aboutir à la condamnation sévère de ceux qui y ont participé, mais aussi sensibiliser notre société face au danger mortel”, espèrent les avocats de la famille du professeur assassiné.
L’audience présidée par Franck Zientara, un magistrat expérimenté qui a notamment dirigé le procès de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, l’assassinat d’un prêtre par deux islamistes radicaux près de Rouen en 2016, se déroule dans la salle des « grands procès » de le palais de justice de Paris, où ont eu lieu les attentats jihadistes du 13 novembre 2015 à Paris, ainsi que ceux du 14 juillet 2016 à Nice.
Le procès est aussi l’occasion d’évoquer la figure de Samuel Paty, un homme « seul, effrayé, dans une situation désespérée », selon les juges d’instruction. « Je suis menacé par les islamistes locaux », écrivait-il à ses collègues quatre jours après son cours sur la liberté d’expression. Toutefois, à aucun moment l’enseignant menacé n’a bénéficié d’une protection policière.
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