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L’élargissement des autoroutes ne résoudra pas les problèmes de congestion

L’invité

L’élargissement des autoroutes ne résoudra pas les problèmes de congestion

Vincent Kaufmann et seize autres personnes du monde académique signent cet article lié au vote sur les autoroutes.

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Vincent Kaufmann– Professeur à l’EPFL

Publié aujourd’hui à 06h41

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Le vote sur l’élargissement de six tronçons d’autoroute pour 5,8 milliards de francs (y compris la protection contre le bruit et le traitement des eaux usées) fait l’objet d’un débat très animé. Bien entendu, la congestion est un problème important pour de nombreuses personnes et des réponses politiques et de planification sont nécessaires pour faire face à la situation actuelle.

Mais l’élargissement des autoroutes permettrait-il réellement d’atteindre l’objectif souhaité, à savoir réduire les embouteillages ? La recherche nous dit non. En tant que professeurs et chercheurs dans le domaine des transports et de la mobilité actifs dans les universités suisses, nous souhaitons expliquer pourquoi dans les paragraphes suivants.

Il existe diverses raisons politiques pour ou contre le projet d’élargissement de l’autoroute. Cependant, certains des arguments utilisés dans le débat ne résistent pas à l’examen de preuves scientifiques bien établies. Nous publions cette chronique pour rétablir la vérité, afin que les citoyens puissent se forger une opinion et voter en toute connaissance de cause.

  1. Il est scientifiquement prouvé que la création d’une nouvelle offre de transport (via des routes élargies ou nouvelles) entraîne une augmentation de la demande. Ce phénomène de trafic induit, qui s’applique à tous les modes de transport, a été observé à de nombreuses reprises dans le monde ainsi qu’en Suisse. À court terme, de nouvelles infrastructures peuvent réduire la congestion. Cependant, les personnes adaptent leur mobilité aux infrastructures disponibles en modifiant leurs habitudes, en déménageant vers un autre lieu de résidence, en atteignant d’autres destinations, etc. Ces décisions peuvent être pertinentes au niveau individuel, mais lorsqu’elles sont agrégées, elles créent une demande supplémentaire.

  2. L’augmentation du trafic entraînera non seulement des congestions aux mêmes endroits au bout de quelques années, mais elle les déplacera également vers d’autres points du réseau. D’autres « goulots d’étranglement » ne tarderont pas à apparaître, notamment à l’entrée des villes.

  3. L’augmentation de la capacité routière, malgré l’intention de réduire les embouteillages, entraînera une augmentation du nombre de personnes voyageant en voiture.. L’élargissement des routes va donc à l’encontre du report modal fixé par la Confédération et les cantons (dans leurs stratégies climatiques, leurs modèles d’aménagement, leur politique d’agglomération, leurs investissements dans les transports publics et les infrastructures cyclables, etc.). Les impacts de l’ajout de voies sont importants – perte de terres agricoles, bruit, pollution atmosphérique et émissions de gaz à effet de serre – et vont à l’encontre d’autres politiques nationales et intérêts collectifs.

  4. Enfin, si l’automobile apporte de nombreux avantages en termes d’accessibilité, elle impose des coûts importants à la société.. Un récent rapport de la Confédération montre que les transports privés motorisés entraînent chaque année près de 19 milliards de francs de coûts externes (dus aux effets sur l’environnement, la santé, etc.). Cela correspond à environ 15 centimes par passager-kilomètre parcouru.

En tant que professeurs et chercheurs dans le domaine des transports et de la mobilité, nous croyons qu’il est de notre devoir de partager cette conclusion : l’élargissement d’une autoroute non seulement ne résout pas le problème de la congestion, mais il l’exacerbe à moyen et long terme. Il s’agit d’une question importante qui nécessite une planification et des réponses politiques plus approfondies.

Les signataires

Présent. Michel Bierlaire (EPFL), prof. Francesco Corman (EPFZ), prof. Yves Delacrétaz (HEIG-VD), prof. Alexandre Erath (FHNW), prof. Olivier Gallay (UNIL), prof. Eva Heinen (EPFZ), prof. Vincent Kaufmann (EPFL), D.r Anastasios Kouvelas (EPFZ), prof. Virginia Lurkin (UNIL), Dconcernant Lisa Moussaoui (UNIGE), prof. Timo Ohnmacht (HSLU), prof. Patrick Rérat (UNIL), Dconcernant Tiphaine Robert (UNIL), prof. Thomas Sauter-Servaes (ZHAW), prof. Dorothea Schaffner (FHNW), prof. Laurent Tissot (UNINE), prof. Kenan Zhang (EPFL).

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