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Le financement de campagne, comment ça marche ?

En résumé

Les deux principaux candidats, Donald Trump et Kamala Harris, ont récolté au moins 2,5 milliards de dollars tout au long de leur campagne présidentielle de 2024.

Plusieurs possibilités existent aux États-Unis pour que les citoyens envoient leur don aux candidats.

Le cadre de financement a connu un tournant historique en 2010 avec la création des « Super PAC », qui permettent aux particuliers de faire des dons illimités.

Outre-Atlantique, chaque citoyen peut donner autant qu’il le souhaite pour élire le président. A quelques jours du vote de l’élection présidentielle américaine, les candidats, la démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump, ont récolté à eux deux au moins 2,5 milliards de dollars, grâce au soutien des citoyens. Un chiffre révélé par OpenSecrets, une base de données entretenue par le Center for Responsible Politics, une organisation non partisane, basée à Washington, qui suit les mouvements monétaires dans les activités politiques.

Quelles sont les possibilités offertes aux citoyens pour envoyer des dons aux candidats ? Quelle est la limite ? Et qui supervise ces dons ? Éléments de réponse.

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Quelles sont les possibilités dont disposent les citoyens pour envoyer de l’argent aux candidats ?

Plusieurs possibilités existent. Tout d’abord, les citoyens américains peuvent faire des dons directement à la campagne du candidat de leur choix dans la limite de 3 300 dollars par élection. Au cours d’une année, ils peuvent également contribuer jusqu’à 41 300 dollars au comité national d’un parti ainsi que 10 000 dollars à ses sections locales, selon les règles fixées par la Commission électorale fédérale (FEC), qui est l’un des observateurs du financement électoral du pays. .

Autre possibilité pour les donateurs : contribuer 5 000 $ par an aux PAC (« comité d’action politique » en anglais), autrement dit les comités d’action politique, qui sont des organismes privés et classés par la loi comme étant officiellement liés à la campagne d’un candidat.

Ainsi, au total, les petits donateurs, qui couvrent presque tous les citoyens américains, peuvent donner environ 60 000 dollars par an pour une campagne électorale.

Cependant, les millionnaires ou milliardaires peuvent contourner ces limites par d’autres moyens, afin de donner davantage aux candidats.

Quels sont ces fameux « Super PAC » qui permettent de tout faire ?

Depuis 2010, une nouvelle structure a été ajoutée au jeu : les « Super PACs ». « Un Super PAC est un PAC, mais qui n’a aucun lien officiel avec la campagne du candidat, expliquer Romuald Sciora, directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis Iris. Ces organismes peuvent recevoir n’importe quelle somme d’argent et c’est grâce à ces « Super PAC » qu’on atteint aujourd’hui des sommes absolument astronomiques. »

En 2010, la Cour suprême des États-Unis a rendu un arrêt intitulé « Citizens United v. Federal Election Commission », une mesure historique qui a levé le plafond des dépenses de campagne électorale et donné lieu à la création de ces « Super PAC ».

Qu’est-ce qui a motivé une telle décision ? “Selon la Cour suprême, le fait qu’un citoyen américain ne puisse pas s’exprimer à travers des dons versés à un parti politique ou à un candidat, dans la mesure où il le souhaiterait, constitue une atteinte à la liberté d’expression des Américains”, ajoute Romuald Sciora. « Comme on le sait, aux États-Unis, la liberté d’expression est totale. En et en Europe, c’est plus réglementé. » continue-t-il.

Elon Musk, l’un des hommes les plus riches du monde et patron du réseau social Trump, entre janvier et 16 octobre, selon le site de la FEC.

Rien de comparable avec la France où, pour l’élection présidentielle, « Les dons des particuliers sont limités à 4 600 € par donateur ».

Combien d’argent a été collecté et dépensé ?

Au cours des dernières décennies, le financement des campagnes présidentielles américaines a explosé. Kamala Harris détient actuellement le record de collecte de fonds, avec 1,5 milliard de dollars récoltés auprès de ses partisans, un chiffre au 17 octobre selon la base de données OpenSecrets. Ce montant inclut celui enregistré pour Joe Biden, l’ancien candidat démocrate qui a jeté l’éponge en juillet.

Du côté de Donald Trump, le candidat républicain a reçu 1 milliard de dollars.

Si la culture du « fundraising » (« fundraising » collecte de fonds » en anglais) existent depuis des années aux Etats-Unis, leur montant a dépassé pour la première fois le seuil symbolique du milliard en 2020, pour Joe Biden.

“En termes de dynamique, du côté démocrate, le nombre de petits donateurs a diminué lors de la campagne 2020 et a repris cette année avec l’arrivée de Kamala Harris, décrypte Romuald Sciora. Mais nous sommes très loin du niveau de dons que nous avons connu à l’époque de Barack Obama ou de Bill Clinton, qui suscitaient un enthousiasme sans précédent depuis l’élection de John F. Kennedy en 1960.»

Pour les Républicains, l’engouement pour l’ancien président américain est « sans précédent dans l’histoire du parti », précise le spécialiste.

A noter qu’en termes de dépenses, une somme colossale de 5,7 milliards de dollars a été enregistrée pour la campagne de 2020, l’élection la plus coûteuse de l’histoire des Etats-Unis, selon les analyses d’OpenSecrets.

Toujours à titre de comparaison avec la France : le plafond des dépenses est fixé à 16 851 000 € pour les candidats du premier tour et à 22 509 000 € pour les deux candidats du second tour.

Pourquoi le système est-il critiqué ?

Pour Romuald Sciora, la décision de la Cour suprême de lancer des « Super PAC » en 2010 s’avère contradictoire avec son objectif premier car elle finit par « attaque contre la démocratie ».

Selon le directeur de l’Observatoire, Les « super PAC » sont aujourd’hui très souvent des facteurs de fausses nouvellesen produisant des publicités ou des articles trompeurs, car ils ne sont pas officiellement liés à la campagne.

Par ailleurs, ce système sans plafond a profondément affaibli les possibilités pour un tiers de se faire entendre dans le pays. “Il existe aux Etats-Unis de nombreux petits partis très sérieux, par exemple le Parti Vert ou le Parti Libertaire, qui sont ancrés dans le paysage politique américain mais qui sont quasiment inconnus de la majorité des citoyens”, a expliqué Romuald Sciora.

Quelles sont les conséquences ? « Comme il n’y a pas de réglementation et pas de droit de parole dans les médias, les candidats qui ont le plus d’argent sont ceux qui sont les plus présents dans les médias. Un cercle vicieux. »

Mais la situation n’est pas nouvelle dans ce pays libéral. « La volonté d’étendre à l’excès la liberté d’expression […] finit par tuer la liberté d’expression elle-même », conclut le spécialiste.

 
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