Par
Lucie Fraisse
Publié le
1 novembre 2024 à 14h03
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Un gisant aux traits de l’abbé Pierre, le corps caché sous un drap blanc, avec une protubérance évocatrice. C’est la nouvelle œuvre choc que l’artiste James Colomina a installée à Toulouse ce vendredi 1er novembre 2024, au sein de l’église de Gesu.
« Dénoncer les abus commis au sein de l’Église »
Silétisme – c’est le nom de cette œuvre qui restera en place pendant deux jours – est la première œuvre que James Colomina a installée en intérieur. Et pas n’importe où : pour mieux « dénoncer le silence autour des exactions commises au sein de l’Église », l’artiste a choisi d’installer sa création au cœur d’un édifice religieux.
Une église désacralisée
Un édifice qui a pourtant été profané : l’église de Gesu n’est plus un lieu de culte, plus aucun service n’y est célébré et les locaux appartiennent à la mairie de Toulouse depuis 2000.
« Je voulais une œuvre marquante : en l’installant dans une église, je l’amplifie. Le drap posé sur l’abbé Pierre symbolise le drap que l’Église a posé sur ses problèmes de maltraitance depuis des centaines d’années, sans trouver de solution. »
De nombreuses accusations contre l’abbé Pierre, connues du Vatican
Pour rappel, Abbé Pierre est accusé d’agression sexuelle par plusieurs femmes. Des accusations rendues publiques par Emmaüs et la fondation Abbé Pierre en juillet et septembre derniers.
Le pape François avait reconnu que le Vatican était au courant du comportement de l’abbé Pierre depuis plusieurs années.
“Ce qui est sérieux, c’est ce qu’a fait l’abbé Pierre, pas mon travail”
Quelques jours après le grand succès du spectacle Machine à Toulouse, qui a offensé une partie de l’Église catholique qui déplorait l’imagination satanique de l’opéra urbain, l’artiste a pris le risque d’en choquer certains.
« Premièrement, je fais cela dans une église désacralisée, donc je ne touche pas au culte », argumente James Colomina. Deuxièmement, mon œuvre est moins puissante que ce que les victimes ont subi : ce qui est grave, c’est ce qu’a fait l’abbé Pierre. Et troisièmement, Je suis un artiste engagéquand je vois des sujets comme celui-ci, j’ai envie de m’exprimer là-dessus. Je sais que cela peut être offensant, mais je ne vais pas ne rien faire de peur qu’un cinglé n’endommage l’œuvre. »
Depuis plusieurs années, James Colomina a choisi l’anonymat total : « c’est aussi parce que je veux être libre dans mes choix artistiques. »
Silence est visible à l’église du Gesu, 22 bis rue des Fleurs, à Toulouse, vendredi 1er novembre et samedi 2 novembre 2024, de 12h à 19h. L’entrée est gratuite.
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