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« L’EJMA résiste à l’ère du numérique »

« L’EJMA résiste à l’ère du numérique »

L’École de Jazz et de Musiques Contemporaines fête cette année ses 40 ans. Rencontre avec Julien Feltin, son directeur depuis 10 ans.

Publié aujourd’hui à 11h05

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Bref:
  • L’EJMA fête ses 40 ans.
  • La transition de compétences à l’HEMU a eu un impact sur le personnel en 2007.
  • Le département de théâtre musical compte actuellement 25 étudiants inscrits.
  • Les outils numériques et l’IA influencent l’éducation musicale actuelle.

Fini le temps où Christo Christov, son premier directeur, déchirait le courrier d’État ! L’École de jazz et de musiques actuelles de Lausanne (EJMA) fête cette année ses 40 ans avec une rigueur administrative qui n’est pas celle du fantasque fondateur, trompettiste et animateur bulgare qui fut très impliqué jusqu’en 1999, date de son éviction. La passion trépidante des débuts ne s’est pas éteinte avec les années, mais l’organisation s’est quelque peu rationalisée au fil des décennies, si l’on en croit Julien Feltin, directeur pendant dix ans après avoir été enseignant au sein de l’établissement.

« Esthétique économique »

Les étapes qui ont conduit à cette efficacité et à ce regain d’enthousiasme n’ont pas été sans difficultés. Président pendant plus de vingt ans du conseil de fondation, Jean-Claude Rochat, ami et soutien de Christov, se souvient avoir beaucoup recours à son « esthétique budgétaire » pour améliorer les salaires des enseignants lors de la construction du bâtiment du Flon. par Architectes Ferrari à la fin du siècle dernier. Le transfert des compétences de formation professionnelle vers l’HEMU n’a pas été un long fleuve tranquille et a peut-être laissé des traces dans le corps enseignant de cette annus horribilis de 2007.

Après avoir commencé à célébrer cet anniversaire en septembre avec « Don’t Worry Baby », un spectacle qui célébrait le nouveau département de théâtre musical, l’EJMA poursuit les festivités avec “Inclinaison!”une nouvelle création sous forme de jeu télévisé qui affiche déjà complet les 25 et 26 octobre. Et l’école continue de se projeter dans le futur d’une en constante évolution. Le point avec Julien Feltin.

Qu’est-ce qui a changé entre les débuts de l’EJMA et aujourd’hui ?

Beaucoup de choses ont changé. Le bâtiment n’est plus le même. Nous n’avons plus de section professionnelle – même si ce n’était pas très clair à l’époque puisque c’était avant les accords de Bologne. Mais en même temps, je dirais que l’ADN est resté le même et c’est super important.

Le transfert des classes professionnelles au Conservatoire, puis à l’HEMU, ne s’est pas fait sans grincer des dents…

Oui. D’ailleurs, je devais commencer à enseigner en 2007, l’année où Anne-Catherine Lyon a pris cette décision, j’ai abandonné quand j’ai vu le chaos qui régnait à la Conférence des Masters. Une année traumatisante, avec des enseignants licenciés du jour au lendemain. J’ai arrêté avant de revenir en 2008.

Comment cette crise a-t-elle été résolue ?

Cela a pris du temps et je pense qu’il y a des gens qui ne l’ont toujours pas digéré, même s’ils sont passés à autre chose. Mais encore une fois, l’EJMA a fait preuve de résilience, il a fallu reconstruire par rapport à une mission redéfinie. Et l’école a trouvé sa voie, profitant d’un bâtiment conçu pour une… école professionnelle. Un outil sublime !

Vous avez évoqué l’ADN de l’EJMA. Qu’est-ce que c’est, exactement ?

C’est d’abord être stylistiquement ouvert au jazz et aux musiques actuelles. C’est ensuite suivre l’évolution de cette musique sans rester dans une logique conservatrice. Entretenir l’audace et l’envie de créer de nouvelles choses.

Des exemples concrets et récents ?

L’ouverture de notre département de musique assistée par ordinateur. On aurait pu l’ouvrir il y a dix ans, mais on l’a fait en 2020. Ou, plus récemment, le département de théâtre musical.

Comment fonctionne un département de théâtre musical ?

J’y pense depuis un moment. Nous avions une de nos enseignantes, Amélie Dobler, qui avait une petite carrière dans la comédie musicale. J’en ai aussi beaucoup discuté avec les gens du théâtre Barnabé. Et puis un jour, j’ai rencontré Frédéric Brodard, qui est réalisateur et comédien. On y va. Nous sommes en deuxième année avec 25 inscrits, un maximum si l’on veut maintenir la qualité de l’enseignement.

Le monde numérique transforme-t-il la mentalité des apprentis musiciens ?

On me demande souvent si je ressens une concurrence avec les plateformes pédagogiques, les tutoriels en ligne… Mais ce qui est bien avec la musique, c’est qu’elle reste liée au contact humain. Les élèves et les professeurs sont heureux de se retrouver. Et la musique se joue principalement en groupe !

Malgré l’ordinateur, le rapport à l’instrument reste important ?

Aujourd’hui, dès qu’on a un Mac, on a des logiciels comme GarageBand et il y en a d’autres pour générer de la musique. Il y en a qui viennent prendre des cours sur GarageBand, Logic ou ProTools, etc. Mais il est assez rare que les étudiants n’utilisent que des logiciels. Très souvent, ils devront développer des compétences instrumentales supplémentaires.

Et la question de l’intelligence artificielle dans la musique ?

Pour nous, ce sont des outils plutôt pédagogiques, avec des possibilités vraiment très intéressantes. Mais nous sommes aussi très conscients des problèmes qu’ils soulèvent dans le monde de la musique professionnelle.

L’EJMA en chiffres

L’acte de naissance de l’Ecole de Jazz et de Musiques Contemporaines de Lausanne remonte à Novembre 1984date du premier procès-verbal de son conseil de fondation. Le budget annuel de l’EJMA est actuellement 4 millions de francs. Son financement provient 50% des frais de scolarité et 50% des subventions publiques (75% de la Fondation pour l’enseignement de la musique et 25% de la Ville de Lausanne, qui contribue également à la Fondation). L’école compte désormais quelques 1000 étudiantsparmi lesquels se trouvent un bon tiers d’adultes, soit environ 350 apprentis musiciens plus de 25 ans.

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Boris Senff travaille dans la section culturelle depuis 1995. Il écrit sur la musique, la photographie, le théâtre, le cinéma, la littérature, l’architecture, les beaux-arts.Plus d’informations @Sibernoff

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