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Les artistes veulent des déclarations générales sur la culture

Plus de 300 créateurs de toutes générations et de tous horizons pressent le gouvernement québécois d’organiser une conférence générale sur la culture alors qu’émerge «une grave crise de confiance dans les institutions». Ils déplorent que l’argent public glisse trop souvent entre les mains des artistes au profit de quelques privilégiés.


Publié à 3h14

Mis à jour à 7h00

De Michel Tremblay à Marie Brassard, en passant par Lorraine Pintal, Marc Labrèche et Yannick Nézet-Séguin, ces voix fortes de la culture québécoise constatent que « quelque chose ne va pas dans la façon dont l’argent s’infiltre, de la main de l’État jusqu’aux créateurs ».

“Je pense qu’il faut qu’on s’assoie ensemble”, explique au téléphone l’acteur et comédien Pierre-Luc Brillant, instigateur et auteur d’une lettre ouverte réclamant des états généraux. « Beaucoup d’argent a été investi par les libéraux et par la CAQ, il faut rendre à César ce qui est à César, mais on se demande pourquoi les revenus des artistes ne suivent même pas l’inflation. Il y a peut-être des inévitables, mais nous voulons savoir, nous voulons de la transparence. »

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PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre-Luc Brillant

En excluant les rares personnalités qui gagnent plus de 200 000 $ par année, le revenu moyen des artistes québécois est de 16 911 $, soit « 15 000 $ sous le seuil de pauvreté », explique la missive. Pour certains acteurs du secteur culturel, lit-on, « le financement de nos gouvernements dans la culture semble devenir une manne lucrative au détriment du bien-être de trop d’artistes sans lesquels ils ne pourraient exister ».

Des déclarations générales sur la culture permettraient, entre autres, de « comprendre les rouages ​​de l’attribution des subventions et de la gestion budgétaire », selon les signataires de la lettre.

Among them, artists from all disciplines: Isabelle, Blais, Olivier Aubin, Louis-Jean Cormier, France D’Amour, Michel Rivard, Ève Landry, Julie Le Breton, Christine Beaulieu, Antoine Bertrand, Guy A. Lepage, Marina Orsini , France Castel, François Létourneau, Brigitte Haentjens, René Richard Cyr, Dominic Champagne, François Avard, etc.

Pierre-Luc Brillant, qui porte également la casquette de vice-président du Syndicat des artistes, précise que la lettre se veut un « mouvement spontané » et non une action syndicale. “Je ne m’attendais à rien”, a-t-il déclaré. Si j’avais eu 10 noms, j’aurais été content, mais l’enthousiasme est extraordinaire, tant par le nombre de signatures que par leur qualité. »

Beaucoup de questions, peu de réponses

La lettre ouverte pose une série de questions « sur ce qui ressemble à des contradictions, voire à des apparences de conflits d’intérêts » dans l’industrie culturelle. Sans que les sociétés soient nommées, on parle voilé de l’acquisition de parts minoritaires de géants comme Quebecor et Bell dans des maisons de production indépendantes : « Comment les sociétés de production, qui survivent presque entièrement grâce à l’argent public, peuvent-elles devenir si lucratives que des consortiums dûment cotés rachètent eux? », demandons-nous.

La gouvernance des institutions et l’attribution des subventions font également l’objet d’interrogations : « Comment se fait-il que l’argent public soit monopolisé par une poignée d’entreprises culturelles, alors qu’une plus grande diversité d’entreprises pourrait prospérer et proposer des projets innovants avec le même argent ? »

C’est faute de réponses « que les créateurs se sentent de plus en plus floués et impuissants », selon les signataires. La vampirisation des revenus des artistes par les « GAFAM » – les géants du web dont Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft – et l’émergence de l’intelligence artificielle sont autant d’ingrédients pour « concocter une catastrophe fantastique qui ne pourra sérieusement affaiblir notre culture à long terme ». .

L’actrice Pascale Bussières, signataire de la lettre, ajoute à cette liste la question du droit de suite, à l’heure où l’écoute de contenus en dehors des horaires traditionnels prend de l’ampleur.

Au téléphone, elle dit constater que les conditions de travail sur les plateaux se dégradent, notamment parce qu’une partie du financement public est versée à la fin d’un projet.

On néglige tout ce qui touche à la préparation, à la pré-production, en pensant faire des économies. [Résultat]J’ai l’impression que l’engagement des acteurs a diminué.

Pascale Bussières

La précarité des artistes ainsi que la pression exercée sur les producteurs ne retombent pas sur des individus ou des entreprises, mais sur « un système qu’il faut mettre en avant », juge-t-elle. D’où l’importance des états généraux…

Un tel exercice prendrait la forme d’un « questionnement collectif » qui permettrait, entre autres, « de libérer la parole et [de] redonner un peu de dignité aux artistes qui constituent le socle brut » de l’écosystème culturel, précise la lettre. « Une question d’identité, de sauvegarde et de durabilité. »

Prises de vue groupées

L’appel à une assemblée générale sur la culture intervient au moment où 17 organisations doivent lancer officiellement ce mercredi le Front commun pour les arts. Celui-ci entend mobiliser les artistes et les travailleurs culturels « face à la réduction des investissements du gouvernement québécois dans le secteur culturel ». « Nous n’avons pas consulté, mais nous sommes heureux de cette mobilisation généralisée dans le domaine culturel », indique Pierre-Luc Brillant.

Des assemblées générales ont eu lieu dans le passé sur des secteurs culturels spécifiques : théâtres (1981), danse (2009) et musées (2011). La Réunion des opéras du Québec prépare ses opéras sur l’opéra, prévus pour l’année prochaine.

Il faut cependant remonter à 1973 pour retrouver un projet multidisciplinaire majeur, les États généraux de la culture québécoise. Celles-ci ont été organisées à Vaudreuil par le Front commun des créateurs québécois.

En 2022, le Parti libéral du Québec demandait au gouvernement Legault une assemblée générale sur les arts de la scène, durement touchés par la pandémie de COVID-19. La proposition est restée sans réponse.

Lire la lettre ouverte « Il est temps pour les artistes d’obtenir des réponses »

 
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