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Plongez pour la cause | La presse

« J’ai vu un bar, il est venu me dire bonjour ! »

Marie-Josée De Carufel surgit des profondeurs du fleuve Saint-Laurent, monte dans le bateau et enlève son masque. Ses lèvres sont légèrement bleues à cause du froid, mais elles affichent un large sourire.

Sous l’eau, dans des conditions de visibilité quasi nulle, elle vient de retirer avec son couteau des pneus attachés par des sangles en caoutchouc. Elle a ensuite attaché une corde munie d’une bouée à chacun des pneus ainsi largués.

Prochaine étape : hisser ces vieux pneus couverts de boue et de moules zébrées et les traîner en bateau jusqu’à la berge.

Nous sommes à Beauharnois, sur la Rive-Sud de Montréal. En 1990, la municipalité a installé ici un brise-lames composé de 40 000 pneus pour protéger sa marina des vagues. Ce qui semblait être une bonne idée s’est avéré être un désastre lorsque l’ensemble de l’installation a coulé. Des milliers de pneus n’ont jamais été retrouvés et gisent toujours au fond de la rivière. Pour ajouter au problème, les pneus sont remplis de mousse de polystyrène qui se désintègre et pollue l’eau.

Marie-Josée De Carufel (ou MJee, comme tout le monde l’appelle ici) est policière à la Ville de Laval. Elle avait prévu de prendre quatre jours de congé pour pêcher des pneus au fond de la rivière. Elle a fini par en prendre sept et y a consacré deux week-ends complets.

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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Marie-Josée De Carufel

Les gens me disent : « Quoi ? Est-ce que tu prends des semaines de congé pour faire ça ? Je leur dis : « Ben oui ! J’aime ça!”

Marie-Josée De Carufel

Ce qui l’amène ici, c’est un mélange de plaisir et d’engagement.

« Si je plonge dans la rivière comme ça, honnêtement, on ne voit pas grand-chose. Mais ici, je plonge avec un objectif. J’ai une mission », affirme celle qui a participé à plusieurs de ces nettoyages, notamment à Boucherville, Lachine et dans le cadre des « 24 Heures pour ma rivière ».

La mission Beauharnois était organisée par l’organisme Aqua Sub Terra Exploration, qui a loué une maison à Léry pour loger les plongeurs bénévoles. M.moi De Carufel y trouve également un « gang trip » qui lui plaît.

«On amène nos matelas et on se débrouille», dit-elle.

Contribuer au nettoyage de la rivière lui procure également une grande satisfaction.

« J’aime que l’on prenne soin de notre planète, je veux essayer de préserver autant que possible ce que nous avons. C’est bien de marcher et de manifester, mais je préfère l’action, cela m’apporte plus de gratification. Je vois directement le résultat», dit-elle en désignant une remorque pleine de pneus extraits de la rivière qui seront bientôt acheminés vers une usine de recyclage.

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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Marie-Josée De Carufel

L’équipe laisse les pneus enfouis trop profondément dans le fond de la rivière, car trop remuer les sédiments ferait plus de mal que de bien.

“MJee” est évidemment conscient que tout le monde ne peut pas aller sous l’eau et se battre au couteau avec des sangles étonnamment solides alors qu’on ne voit presque rien. Cela l’encourage encore plus à s’impliquer.

« J’ai le matériel pour le faire, j’ai les capacités. Je suis formée à la plongée technique, à la plongée souterraine, à la plongée en solo », énumère-t-elle, se disant prête à endommager un peu sa coûteuse combinaison de plongée pour la cause.

Ses missions de nettoyage ont même déteint sur sa façon de plonger pour le plaisir.

«Chaque fois que je voyage quelque part, je décroche», dit-elle. C’est comme un réflexe. Je transporte des sacs en toile de jute et ramasse les déchets pendant mes plongées. »

 
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