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Il y a 100 ans, le Québec accueillait d’autres stars

Cent ans presque jour pour jour avant d’accueillir les Kings de Los Angeles, les Panthers de la Floride et les Bruins de Boston, la ville de Québec a été l’hôte d’un autre événement sportif qui a fait parler d’elle. Une série de deux matchs entre des stars du baseball majeur.


Publié à 00h42

Mis à jour à 7h45

Nous sommes en octobre 1924. Les Giants de New York et les White Sox de Chicago viennent jouer dans la capitale sans que le gouvernement n’ait à débourser un centime. L’événement s’est terminé sur des résultats mitigés. La première partie a attiré une foule record. La seconde ? Seulement 200 personnes. Une fréquentation ridicule, étant donné que les Giants venaient tout juste de sortir d’une apparition légendaire aux World Series.

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Les World Series qui tombent ont opposé les Giants aux Sénateurs de Washington. Une affiche de rêve. Les deux clubs sont complets. Douze futurs membres du Temple de la renommée sont en lice – le deuxième total le plus élevé de l’histoire.

L’enthousiasme est phénoménal. A Washington, les supporters s’arrachent des billets à 100 dollars, l’équivalent de 2 000 dollars aujourd’hui. À Montréal, La presse invite ses lecteurs à se rendre dans ses bureaux, rue Saint-Jacques, pour suivre les matchs en direct grâce au fil de presse. Au Québec, Le Soleil distribue exceptionnellement une édition de début de soirée, 20 minutes après le dernier retrait.

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PHOTO DE LA BIBLIOTHÈQUE DU CONGRÈS

Les fans font la queue pour acheter un billet pour les World Series de 1924.

Les World Series tiennent leurs promesses. Le premier match nécessite des prolongations. La seconde s’est terminée par un doublé gagnant en fin de neuvième manche. Le jour du troisième match, les Giants ont confirmé aux dirigeants du club de baseball québécois qu’ils se déplaceraient au Stade Fontaine la semaine suivante pour y affronter les White Sox.

Cette annonce met la capitale en délire. « Les partisans québécois seront exceptionnellement chanceux de voir deux de ces équipes, dit-il. Le Soleil. Les organisateurs reçoivent des demandes de billets de Trois-Rivières, Thetford Mines, Beauceville, Plessisville et Rivière-du-Loup. Des travaux d’urgence sont entrepris pour agrandir le petit stade, qui ne compte que 2 134 places.

Pendant que ça bouge à Québec, à 1000 kilomètres au sud, les Géants et les Sénateurs échangent leurs victoires. Un septième match sera nécessaire.

Et quelle partie ultime ce sera !

Les deux clubs sont à égalité 3-3 en prolongation. Le grand Walter Johnson, qui avait lancé un match complet la veille, a blanchi les Giants pendant quatre manches en relève. A la fin du 12e manche, le pire frappeur des Sénateurs, Muddy Ruel, frappe un flyball derrière le marbre. Le receveur des Giants trébuche sur son masque et rate le ballon. Ruel profite de sa chance supplémentaire et inscrit un doublé. Earl McNeely lui a ensuite fait traverser le marbre avec un simple. Les Sénateurs sont des champions.

Regardez le succès gagnant d’Earl McNeely

Les Géants ne sèchent pas longtemps leurs larmes. Deux jours plus tard, ils sont à Montréal, pour le premier match de leur tournée automnale. Plus de 6 000 spectateurs ont assisté à la rencontre. Au Québec, les promoteurs attachent les dernières ficelles. « Nous allons probablement entreprendre des démarches auprès des commerçants locaux pour qu’ils accordent un demi-congé à leurs salariés. [leur] permettez-nous d’assister à cette joute », rapporte Le Soleil. En coulisses, le père du baseball québécois, Joe Page, convainc les Giants et les White Sox de reporter de quelques heures leur départ en paquebot vers l’Europe, afin de disputer un deuxième match dans la capitale.

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Le 14 octobre à 14 heures, Québec est prêt. Entre 3000 et 3500 personnes traversent le quartier Limoilou jusqu’au stade, situé à l’angle de la 3e Avenue et 2e Rue, près de la rivière Saint-Charles. Les tribunes sont pleines pour le match de baseball le plus attendu de l’histoire de la ville. ” [Toute] proportionnellement, Québec s’est montré plus empressé que Montréal d’aller voir les stars du baseball à l’œuvre », souligne Action Catholiquearguant que la capitale compte « sept à huit fois » moins d’habitants que la métropole.

Le long des barrières, les supporters courent après des autographes. Les stars ne manquent pas. Plusieurs stars des Giants sont du voyage, dont Frankie Frisch et Ross Youngs, immortalisés au Hall of Fame. Les White Sox ont invité des stars d’autres équipes des ligues majeures, comme Sam Rice, ainsi que l’arrêt-court du club québécois, Frank Wojack.

Malheureusement, le match s’est avéré décevant.

C’est parce que le terrain est dans un état lamentable. “Certains fans espéraient voir un match plus disputé, des succès plus brillants, des exploits comme on en a vu lors des dernières World Series”, écrit le journaliste de Soleil. Ils n’avaient peut-être pas pensé aux conditions du lieu et à la température locale. On comprend qu’avec le thermomètre à 45 [° F]les joueurs étaient à peine échauffés jusqu’au milieu du match. » Aussi, à la veille du grand départ pour l’Europe, personne ne voulait courir le risque de se casser une jambe dans l’un des nombreux trous du champ extérieur.

Dans les tribunes, les supporters expriment leur mécontentement. Le spectacle n’est pas à la hauteur de leurs attentes. Les White Sox ont fini par s’imposer 10-8, dans un festival offensif où tous les frappeurs ont réussi au moins un coup sûr.

Déçus, les Québécois ont boudé le match du lendemain. Seuls les plus fanatiques y assistent. Le Soleil évoque « une centaine de personnes ». Action Catholique200 spectateurs. Tout un retour sur terre pour les Giants qui, lors des World Series, jouaient devant en moyenne 40 000 personnes par match.

Cependant, cette partie est de bien meilleure qualité que la première. «Les témoins ont pu constater par eux-mêmes ce que valent réellement les étoiles», écrit Action Catholique. Casey Stengel, qui deviendra plus tard l’un des managers les plus populaires du baseball, s’est illustré avec trois coups sûrs en tant que joueur invité des White Sox, lui qui jouait habituellement pour les Braves de Boston. Les deux équipes ont bouclé les neuf tours rapidement, en une heure et demie. En début de soirée, les joueurs sont déjà à bord du Mont Royalen direction de l’Europe, laissant derrière eux un souvenir pas si mémorable que ça.

 
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